De quel crime le peuple syrien, la jeunesse de ce pays, la population d’Alep-Est se sont-ils rendus coupables pour subir un tel châtiment ? Des centaines de milliers de morts, d’autres dizaines de milliers emprisonnés, mutilés, des millions d’exilés, condamnés au déracinement et à l’errance, des villes de haute civilisation, tel Alep, assiégées, affamées, rasées…
Quel est-il ce régime qui pour préserver son pouvoir mène une guerre à outrance contre son peuple ? Une guerre qu’il s’acharne à gagner à tout prix, grâce à l’appui massif que lui apporte la Russie de Poutine, avec son aviation et ses armes de terreur, et le régime iranien, avec ses régiments d’élite, ses milices du Hezbollah. Le prix ? La destruction du pays, la multiplication des crimes de guerre et de crimes contre l’humanité.
Le peuple syrien s’est soulevé au nom de son droit à la justice à la liberté. La démocratie donc ! À l’exemple d’autres peuples du monde arabe, il a voulu se débarrasser de la féroce dictature qui l’étouffe et le parasite depuis des décennies. Mais ce régime s’est révélé plus féroce que tous ses confrères du Moyen-Orient. Et aussi plus pervers. Maître en manipulation il a su se présenter hier comme anti-impérialiste, et aujourd’hui en rempart face à une menace djihadiste qu’il alimente, frappant ainsi de sidération les opinions occidentales.
Depuis cinq ans le peuple syrien résiste aux bombardements de toute sortes. À Alep, il est victime de la destruction systématique par l’aviation russe des hôpitaux, des écoles, de boulangeries, des ressources en eau, et il subit un siège de l’armée de Bachar visant à l’asphyxier et à l’affamer, pour l’obliger à capituler et à livrer les combattants qui s’opposent à Bachar al-Assad et à Daech.
Pourquoi les gouvernements qui se disent amis du peuple syrien et attachés à la démocratie s’autorisent-ils à l’abandonner à cet épouvantable destin ?
Par obsession du danger que représente Daech ? C’est ne pas voir que la tragédie qu’on laisse se dérouler est grosse de nouvelles pulsions de mort encore plus violentes.
Par refus de s’affronter à Poutine ? Lequel, pour leur prouver que la Russie sous sa coupe est redevenue une grande puissance sans laquelle aucun problème international ne saurait trouver de solution, fait la démonstration de la puissance destructrice de son arsenal militaire.
Et aussi, sans doute, parce qu’à leurs yeux l’aspiration d’un peuple à la démocratie est suspecte lorsqu’elle est portée par une mobilisation révolutionnaire.
Toute choses qui font que, malgré quelques belles paroles et de grandes indignations devant tant de sauvagerie, et d’inquiétude quant à l’arrivée de vagues de réfugiés en Europe, on préfère détourner les yeux. Et regarder du côté de la prochaine élection présidentielle américaine, qui va se jouer entre Hillary Clinton, qui à la suite d’Obama considère qu’il ne faut rien faire, et un Trump qui proclame son admiration pour Poutine.
L’avenir de la démocratie se joue moins dans les élections américaines et européennes, que dans les combats qui déchirent Alep.