Tiré du blogue de l’auteure.
Les résultats des élections locales sonnent la fin du parti hégémonique, l’ANC, qui a chèrement payé la corruption qui ravage ses rangs. Aucun des grands partis ne réussit à faire une percée significative, ni l’ANC, ni les partis d’opposition, DA ou EFF. Place aux tractations pour former des coalitions capables de gérer les municipalités. Selon le code électoral les partis ont quatorze jours pour trouver la solution.
L’ANC avec 45,6% des voix perd des voix partout, en zone rurale comme en zone urbaine. Le revers le plus important est la perte de Durban, mais le parti au pouvoir n’a la majorité ni à Pretoria (Tshwane), Johannesburg ou la municipalité de Nelson Mandela Bay (Port Elizabeth), un gros centre industriel. L’ANC n’obtient pas non plus la majorité dans de nombreuses villes industrielles minières.
Le parti DA, l’Alliance démocratique, remporte la municipalité du Cap, qu’il dirige déjà, mais avec 22,5 % des voix il régresse et perd des municipalités dans la province du Cap occidental. Le parti de Julius Malema, EFF, ne fait pas non plus de percée, mais jouera un rôle non négligeable dans les tractations à venir.
Outre l’abstention massive et l’augmentation des bulletins nuls, ce sont les nouveaux partis qui caractérisent cette élection. Deux nouveaux partis émergent du lot : Action SA de Herman Mashaba, l’ancien maire DA de Johannesburg et Patriotic Alliance de Gayton Mc Kenzie. Ils ont en commun d’être dirigés par des hommes d’affaires qui croient dans la toute puissance du marché et qui partagent la même haine de l’étranger pauvre. Pour eux, il est exclu de travailler avec l’ANC, du moins avant que les tractations sérieuses commencent. McKenzie ou Pa pour les métis qu’il veut représenter, est l’un des plus connus rois de la nuit, propriétaire de boites de nuit et compagnon de route de Jacob Zuma. La débâcle des grands partis a aussi profité au Freedom Front Plus, un parti blanc traditionnel qui remporte 178 sièges de conseillers municipaux, soit trois plus qu’en 2016 et à l’Inkhata-Freedom Party, le rival zoulou qui a chassé l’ANC de Durban et de nombreuses autres villes de la province de Jacob Zuma. Inquiétant retour de l’ancien temps que l’on croyait banni à jamais au pays de Mandela ?
Ce qui frappe aussi dans ces élections, c’est l’absence de véritables forces de gauche qui pourraient offrir aux électeurs déçus un vrai changement dans leur vie quotidienne. Ni le SACP, ni le COSATU pourtant alliés du parti au pouvoir dans une triple alliance qui semble avoir fait long feu, n’ont pas fait entendre une voix d’espoir. Dans son commentaire sur les élections, le COSATU écrit « Si l’ANC veut revenir au gouvernement avec une majorité en 2024, il doit remettre Eskom en marche et s’assurer que la compagnie fournit de l’électricité de manière constante et à un prix abordable. Il doit définitivement en finir avec la corruption et faire en sorte que les voleurs aillent en prison. L’économie a besoin de sortir du marécage et le chômage réduit massivement. Le message est clair, les électeurs sont à bout de patience et l’ANC n’a plus de temps à perdre ».
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