Édition du 15 octobre 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Le mouvement des femmes dans le monde

Trahies de tous les côtés

Les talibans ont interdit aux filles et aux femmes d’aller à l’école au-delà de la sixième

Tiré de Entre les lignes et les mots
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/10/14/trahies-de-tous-les-cotes/

Nous avonsdéjà abordé la répression brutale des femmes par les talibans en Afghanistan dans le Brief du Jour. Nos lecteurs réguliers connaissent donc les grandes lignes de la crise des droits des femmes la plus grave au monde.
Les talibans ont interdit aux filles et aux femmes d’aller à l’école au-delà de la sixième, les ont empêchées d’accéder à de nombreuses formes d’emploi et ont limité leurs déplacements en public. Une femme ne peut quitter sa maison sans être chaperonnée par un membre masculin de sa famille. Les talibans ont également déclaré que les femmes ne devaient pas être entendues en train de parler ou chanter en public.

Mais en plus de ces restrictions générales, certaines catégories de femmes ont été particulièrement ciblées par les talibans. Un nouveau rapport de HRW montre comment les autorités talibanes ont menacé d’anciennes policières, c’est-à-dire des femmes qui avaient servi dans la police sous le gouvernement précédent. Face à ces menaces, nombre d’entre elles ont dû se cacher.

Il convient toutefois de rappeler que de nombreuses policières afghanes ont également souffert sous l’ancien gouvernement. Des centaines d’entre elles ont été victimes de harcèlement sexuel et d’agressions, y compris de viols, de la part de collègues et de supérieurs masculins. Les auteurs de ces actes n’ont jamais eu à répondre de leurs actes, ni par les anciennes autorités, ni par les talibans.

Les femmes qui ont survécu à ces abus continuent de subir des traumatismes psychologiques et n’ont que peu ou pas accès à une aide psychosociale appropriée. Elles vivent également dans la crainte de représailles non seulement de la part des talibans, mais aussi de la part de leurs propres proches, dont certains pensent que leur travail a fait « honte » à la famille.

Pour ne rien arranger, les gouvernements étrangers qui, par le passé, ont soutenu des programmes de formation et d’embauche de femmes dans les forces de police afghanes tentent aujourd’hui, semble-t-il, de s’en laver les mains. Ils ont ignoré les abus lorsqu’ils se sont produits et n’ont généralement pas accordé l’asile à ces femmes qui ont besoin de sécurité et de soutien.

Les gouvernements des États-Unis, du Canada, du Japon et de l’Allemagne, ainsi que d’autres pays de l’Union européenne, devraient soutenir les femmes afghanes qui demandent l’asile et accorder la priorité à la réinstallation de ces femmes.

L’espoir réside dans le fait que ces gouvernements étrangers reconnaissent leur part de responsabilité et prennent les mesures qui s’imposent.

Andrew Stroehlein
Directeur des relations médias en Europe
https://www.hrw.org/fr/news/2024/10/10/trahies-de-tous-les-cotes
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Les autorités talibanes ont menacé des femmes afghanes ayant servi dans la police

Tiré de Entre les lignes et les mots

Les autorités talibanes ont menacé des femmes afghanes ayant servi dans la police sous le gouvernement précédent, les exposant à un risque supplémentaire, celles-ci étant déjà sous la menace de leurs familles opposées à leur travail.

Les policières ont été doublement trahies : une première fois par l’ancien gouvernement, dont certains agents étaient responsables d’abus sexuels généralisés, ensuite par les pays qui ont ignoré ces abus lorsqu’ils étaient commis et refusé l’asile à ces femmes.

Les pays qui ont soutenu les programmes de formation et d’embauche des femmes dans la police afghane, à savoir, les États-Unis, le Canada, l’Allemagne, le Japon et les pays de l’UE, devraient apporter leur soutien aux Afghanes qui demandent l’asile et donner la priorité à leur réinstallation.

(New York) – Les autorités talibanes ont menacé des femmesafghanes qui avaient servi dans la police sous le gouvernement précédent, les exposant à des risques, a déclaré Human Rights Watch dans un rapport publié aujourd’hui.

Ce rapport de 26 pages, intitulé « Double Betrayal : Abuses against Afghan Policewomen Past and Present » (« Double trahison : Abus présents et passés contre les policières afghanes ») documente les menaces que les autorités talibanes font peser sur d’anciennes policières depuis août 2021, contraignant nombre d’entre elles à se cacher de peur d’être identifiées.

Alors qu’elles étaient employées par l’ancien gouvernement, des centaines de policières afghanes ont précédemment été victimes de harcèlement et d’agressions sexuelles, notamment de viols, commis par leurs collègues et superviseurs masculins, qui n’ont jamais eu à répondre de leurs actes. D’anciennes et d’actuelles policières vivant en Afghanistan, ou dans la clandestinité dans d’autres pays où elles ont demandé l’asile, ont décrit la détresse psychologique et le traumatisme permanents découlant de ces abus commis par le passé, ainsi que leur crainte de représailles de la part des talibans ou même de leurs propres familles.

«  Les policières afghanes ont été doublement trahies, une première fois par le gouvernement afghan précédent, qui a permis que de graves abus sexuels se poursuivent sans être réprimés, et ensuite par les pays qui ont ignoré ces abus et ont refusé de réinstaller ou d’accorder l’asile à ces femmes qui demandaient leur protection », a déclaré Fereshta Abbasi, chercheuse sur l’Afghanistan à Human Rights Watch. « Depuis le retour au pouvoir des talibans, d’anciennes policières ont dû fuir, ayant été la cible de menaces de la part des autorités et de violences accrues de la part de leurs familles, qui s’opposaient à leur travail dans la police. »

Le rapport s’appuie principalement sur 24 entretiens avec des femmes qui étaient policières sous le gouvernement précédent : dix entretiens en personne et neuf à distance avec des femmes vivant dans cinq provinces d’Afghanistan, et cinq entretiens à distance avec des femmes vivant aux États-Unis, en Suède, en Italie, en Iran et au Pakistan. Human Rights Watch a également interrogé d’anciens et d’actuels représentants des Nations Unies et des activistes de la société civile au fait de ces questions.

D’anciennes policières ont déclaré avoir reçu des appels téléphoniques intimidants de responsables talibans leur intimant de se présenter pour un interrogatoire et les avertissant qu’elles auraient à subir des conséquences liées à leur ancien emploi, sans autre précision. Plusieurs anciennes policières et femmes fonctionnaires de l’administration pénitentiaire ont été tuées, apparemment par des proches qui estimaient que leur travail « faisait honte » à la famille. Les talibans n’ont pas mené d’enquêtes crédibles sur ces meurtres. Des femmes ont décrit les perquisitions abusives de leur domicile par les forces talibanes qui ont parfois agressé leurs proches et endommagé leurs biens personnels.

Les femmes interrogées ont déclaré que sous le gouvernement précédent, elles avaient été fréquemment victimes de harcèlement et d’agressions sexuelles, notamment des viols et d’autres formes de violence sexuelle, et que leurs supérieurs leur demandaient des relations sexuelles en échange d’une promotion ou de la garantie de ne pas être licenciées. La nature généralisée de ces abus était connue depuis au moins 2013, notamment par les pays qui soutenaient le gouvernement précédent, mais les policiers responsables de ces abus n’ont pas eu à répondre de leurs actes.

Les femmes employées comme fonctionnaires par l’ancien gouvernement, notamment dans la police, ont perdu leur emploi lorsque les talibans ont repris le pouvoir. Alors que ceux-ci ont ordonné à certaines policières de reprendre leur travail pour exécuter certaines tâches, notamment la fouille des femmes aux points de contrôle et la garde des prisonnières, la majorité a eu du mal à trouver une autre source de revenus. L’effondrement économique de l’Afghanistan a frappé particulièrement durement les anciennes policières.

Beaucoup ont fui vers l’Iran ou le Pakistan voisins ou ont essayé de se rendre dans d’autres pays pour obtenir l’asile. La plupart des femmes interrogées ont relaté une détresse psychologique et un traumatisme persistants dus aux abus subis, mais n’ont pas pu trouver de soutien psychosocial adapté ou n’avaient pas les moyens d’y recourir.

Les talibans devraient mettre fin à tout harcèlement et aux menaces contre les anciennes policières et les autres femmes qui ont travaillé pour le gouvernement précédent et mener des enquêtes crédibles sur les incidents de violence. Les pays qui ont soutenu par le passé les programmes de formation et d’embauche des femmes dans la police afghane, notamment les États-Unis, devraient apporter maintenant leur soutien aux Afghanes qui demandent l’asile et donner la priorité à leur réinstallation.

Les États-Unis devraient veiller à ce que les policières restées en Afghanistan ou se trouvant temporairement dans des pays tiers en quête d’une protection américaine puissent bénéficier d’une réinstallation d’un niveau au moins égal à celui des autres catégories vulnérables. Le Royaume-Uni, l’Union européenne et ses États membres, le Canada et le Japon devraient augmenter le nombre de places de réinstallation destinées aux réfugiées afghanes, en accordant la priorité aux femmes en danger.

«  L’oppression des femmes et des jeunes filles par les talibans frappe doublement les anciennes policières », a conclu Fereshta Abbasi. « Les gouvernements qui ont financé et assuré la formation des femmes dans les forces de police devraient également faire pression sur les talibans pour qu’ils mettent fin à tous les abus contre ces femmes. »

Quelques citations d’ex-policières afghanes

Sous le gouvernement précédent
«  Le chef de police du district est venu chez elle la nuit et l’a violée. Son mari était absent ce jour-là. Elle a pleuré devant moi. Elle a dit qu’elle ne pouvait pas porter plainte, parce qu’elle craignait que son mari ne demande le divorce et qu’elle ne perde la garde de ses enfants. »
– Une ancienne policière décrivant un incident survenu sous le gouvernement précédent

«  Tout semblait correct, vu de l’extérieur. Mais pour celles qui ont travaillé à l’intérieur, c’était différent. J’ai vu des gardes du corps harceler des femmes, les arrêter et même les toucher… Le chef des renseignements de ma station m’a vraiment harcelée. Il m’a dit qu’il pouvait me faire ce qu’il voulait.  »
– Une ancienne policière de Khost décrivant une situation sous l’ancien gouvernement

Depuis la prise de pouvoir par les talibans
«  J’ai reçu un appel des talibans me disant de revenir travailler. Je leur ai donné un faux nom, mais ils m’ont accusée de mentir et m’ont dit que je devais me présenter à tout prix à mon travail. J’ai eu peur et j’ai raccroché. J’ai de nouveau reçu un appel et cette fois, ils m’ont dit : “Vas-tu venir par toi-même, ou faut-il que nous venions te tirer par les cheveux pour t’emmener ?”  »
– Une ancienne policière alors en fuite

«  Au téléphone, on m’a menacée et chaque seconde est une menace… Quand je vais au bazar, je porte un masque et des lunettes pour que personne ne puisse me reconnaître. Si les gens l’apprennent, ils risquent de me dénoncer aux talibans en disant que j’ai travaillé pour la police ».
– Une ancienne policière alors en fuite

https://www.hrw.org/fr/news/2024/10/10/afghanistan-des-policieres-font-etat-dabus-subis-par-le-passe-et-de-menaces-de-la

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Andrew Stroehlein

Directeur des relations médias en Europe de Human Rights Watch.

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