Marie-Ève Maillé et Pierre Batellier déconstruisent dix idées-reçues autour de l’acceptabilité sociale
L’acceptabilité sociale existait bien avant qu’on en parle, mais elle portait simplement d’autres noms : conflit, controverse, opposition, crise, débat, appui populaire... Depuis une dizaine d’années, cet enjeu est au cœur des débats sociaux et politiques entourant les grands projets de développement, du Plan Nord à Énergie Est, en passant par l’éolien et le gaz de schiste. Mais qu’est-ce que l’acceptabilité sociale, au juste ? S’agit-il d’une nouvelle stratégie pour « fracturer le social afin de mieux l’exploiter » ? Que recouvre cette notion un peu fourre-tout ? Inscrit dans aucune loi, l’utilisation de cette ce terme dans la sphère publique évacue les nuances et tend à réduire les éléments du débat à des caricatures, ce qui mine la capacité d’agir des citoyen.ne.s et renforce le pouvoir des élites économiques et politiques.
Avec beaucoup de rigueur et une bonne dose d’humour, Pierre Batellier et Marie-Ève Maillé nous invitent à un exercice de déconstruction des dichotomies présentes dans le discours entourant l’acceptabilité sociale : les promoteurs et les opposants ; les « pour » et les « contre » ; les gens concernés et les opportunistes (ou la représentativité à géométrie variable) ; l’égoïste et le bon citoyen (ou le syndrome du « pas dans ma cour ») ; les faits et les opinions ; la rigueur et les émotions ; la majorité et la minorité ; le conflit et la paix sociale ; ce qui compte et ce qui se compte… sans oublier un angle mort important dans le débat : les femmes. Il est grand temps de penser l’acceptabilité sociale des grands projets de développement autour du dialogue, de la confiance et du consentement collectif. Parce que, même en ce qui concerne le territoire, sans oui, c’est non...
À propos des auteur.e.s :
Doctorant en sciences de l’environnement à l’Université du Québec à Montréal (UQAM), Pierre Batellier est chargé de cours en « Responsabilité sociale de l’entreprise » à HEC Montréal.
Spécialisée dans l’évaluation des impacts sociaux des grands projets, Marie-Ève Maillé est professeure associée au CINBIOSE (Centre de recherche interdisciplinaire sur le bien-être, la santé, la société et l’environnement) de l’UQAM.
L’automne dernier, ses recherches doctorales faisaient l’objet d’une certaine attention médiatique sur la question de la protection de la confidentialité des sources scientifiques. L’entreprise Éoliennes de l’Érable voulait obtenir l’identité des 93 participant.e.s que la chercheuse avait interrogé.e.s pour savoir s’ils sont « pour ou contre son projet » éolien. L’étude portait sur la détérioration du climat social dans les communautés où son parc éolien a été construit. Marie-Ève Maillé revient d’ailleurs sur l’affaire à la fin du livre dans l’annexe « Projet éolien de l’Érable : récit d’un gâchis ».