Présidente de la Fédération du personnel de soutien de l’enseignement supérieur (FPSES-CSQ), affiliée à la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), Anne Dionne qualifie d’irreponsables les abolitions de postes actuellement imposées dans les cégeps et qui frappent particulièrement le personnel de soutien.
« Nous comptons une cinquantaine de membres qui perdent leur emploi dans les 13 cégeps où nous sommes présents. Ce sont des gens de tous âges qui sont touchés, des jeunes et même des salariés comptant jusqu’à 30 ans d’ancienneté. Ça n’a absolument aucun sens, d’autant plus que cela causera une pression supplémentaire sur les épaules du personnel qui demeure en poste. Ce n’est pas parce qu’on abolit des postes que les besoins diminuent », dénonce Anne Dionne.
L’appauvrissement en guise de retraite
La présidente de la FPSES-CSQ précise que l’on incite les plus anciens à prendre leur retraite, malheureusement, plusieurs ne sont pas prêts ou n’en ont pas les moyens financièrement.
« Les gens sont loin de pouvoir se payer une retraite dorée, bien au contraire. Un employé de soutien qui perd son emploi après 28 ans d’ancienneté, mais qui n’a pas encore atteint 60 ans, va toucher un fond de retraite de 13 000 $ par année. Voilà le sort que leur réserve l’austérité gouvernementale. Nous sommes à des années-lumière de la retraite réservée au PDG d’Hydro-Québec pour avoir occupé son poste bien moins longtemps », commente Anne Dionne.
Des effets néfastes pour les étudiantes et étudiants
Cette dernière déplore d’autant plus les compressions gouvernementales qu’outre les conséquences directes sur ses membres, il y aura également des effets néfastes dans les cégeps.
« On ne peut pas abolir autant de postes en pensant que tout va continuer comme avant. C’est de la pensée magique et ça ne marche pas. En fait, les services aux étudiants sont sérieusement mis en péril. Il est loin d’être assuré que les étudiants souffrant d’un handicap recevront l’aide dont ils ont besoin. Que ce soit à la bibliothèque, au service d’aide financière, à la réception, dans les laboratoires, à l’imprimerie, voilà autant de secteurs où il va manquer de personnel pour répondre aux demandes de services. »
Un gouvernement qui creuse les inégalités
Et comme si ce n’était pas suffisant, aux abolitions de postes s’ajoutent des demandes de récupérations majeures dans le cadre de la négociation nationale.
« Le gouvernement est en demande sur les clauses touchant la sécurité d’emploi, l’assurance salaire, le mouvement de personnel, le régime de retraite et ainsi de suite. Tout est fait pour nous affaiblir et nous appauvrir. On dirait que le gouvernement Couillard s’est donné comme mission de creuser les inégalités dans la société et fait en sorte d’y arriver le plus rapidement possible », de dire Anne Dionne.
Pessimisme et inquiétude pour l’avenir
En terminant, la présidente de la FPSES-CSQ exprime de graves inquiétudes pour ce qui est des prochains mois.
« Tout se passe comme si le gouvernement du Québec avait décidé de se livrer à une opération de démolition sociale et, malheureusement, nos membres se trouvent aux premiers rangs pour écoper. C’est facile de prôner l’atteinte du déficit zéro à tout prix quand on ignore volontairement les visages des personnes touchées par nos propres mesures, des victimes dont on a fait disparaître l’emploi mais qui doivent continuer à rencontrer leurs obligations financières, des personnes qui perdent tout espoir grâce à leur propre gouvernement. Et plusieurs font partie du personnel de soutien des cégeps », conclut Anne Dionne.