Selon une enquête de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), 57 % du personnel scolaire présente de la détresse psychologique, dont 14 % à un niveau très élevé. C’est chez les personnes enseignantes que la détresse est la plus importante, à 62 %. De plus, depuis 2018, le nombre de réclamations acceptées par la CNESST a triplé (hausse de 64 %) pour des gestes violents commis à l’endroit des personnes enseignantes au primaire. Au Québec, les travailleuses sont surreprésentées quant aux lésions attribuables à la violence. En 2022, les femmes représentaient près de la moitié des travailleuses et travailleurs en équivalents temps complet (ETC) couverts par le régime (47,4 %), alors qu’elles ont subi 73,8 % des lésions de violence physique et 65,7 % des lésions de violence psychique. C’est sans compter les cas non rapportés qui sont nombreux, puisque la violence est trop souvent banalisée lorsqu’elle est dénoncée.
« Nous, les enseignantes, sommes aujourd’hui debout, fières et fortes devant le bureau de François Legault pour lui dire que les violences physiques, psychologiques et organisationnelles que nous subissons depuis trop longtemps, ça suffit ! Ce n’est pas normal qu’en 2023, autant d’entre nous se rendent malades et tombent au combat pour offrir des services de qualité dans les établissements scolaires du Québec. Plutôt que de nous culpabiliser, le premier ministre, tout comme Sonia LeBel, présidente du Conseil du trésor, et Bernard Drainville, ministre de l’Éducation, doivent nous soutenir et nous offrir les moyens d’enseigner, mais aussi faire en sorte que nous puissions le faire durant toute notre carrière », a déclaré Annie-Christine Tardif, vice-présidente à la vie professionnelle à la FAE.
La violence organisationnelle que subissent les enseignantes se manifeste de toutes sortes de façons au quotidien dans les classes : violences physiques et manque de ressources et de volonté de les prévenir dans les établissements scolaires, directions qui ne soutiennent pas adéquatement le personnel scolaire et qui le culpabilisent, expertise non reconnue, charge de travail de plus en plus lourde, heures travaillées non rémunérées, nombreux élèves avec des plans d’intervention ou des besoins particuliers et qui ne sont pas adéquatement soutenus, etc.
« Les solutions que nous proposons aux tables de négociation visent, entre autres, à assainir nos milieux de travail et à mettre en place des mécanismes pour prévenir et gérer ces violences, mais aussi à s’assurer que nos employeurs aient l’obligation d’offrir des services à nos élèves, sans devoir toujours se battre pour les obtenir. Nous sommes prêtes à tenir le temps qu’il faudra pour parvenir à une entente satisfaite, qui doit refléter notamment les enjeux de violence organisationnelle que nous subissons », a conclu Madame Tardif.
C’est pourquoi la FAE demande, dans le cadre de la négociation, d’alléger la tâche des personnes enseignantes, de revoir la composition de la classe, d’offrir une meilleure conciliation famille-travail, de diminuer la précarité et d’ouvrir davantage de classes spécialisées afin d’offrir aux élèves, jeunes et adultes, les services auxquels ils ont droit.
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