Édition du 19 novembre 2024

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Économie

62 personnes possèdent autant que la moitié des habitants de la planète

L’inégalité continue à croître dans le monde, révèle le nouveau rapport d’Oxfam. Les 1 % les plus riches accumulent toujours plus de richesses. Outil essentiel : l’évasion fiscale et les paradis fiscaux.

Tiré de Reporterre.

Selon un rapport publié lundi 18 janvier par Oxfam, en amont de la rencontre annuelle des "élites" mondiales de la finance et de la politique à Davos, des inégalités galopantes créent un monde où 62 personnes possèdent autant que la moitié la plus pauvre de la population mondiale. Ce chiffre était de 388 il y a cinq ans.

Intitulé Une économie au service des 1 %, ce rapport montre que le patrimoine de la moitié la plus pauvre de la population mondiale s’est réduit de mille milliards de dollars depuis 2010. Cette baisse de 41 % s’est produite alors même que la population mondiale augmentait de 400 millions de personnes. Dans le même temps, la fortune des 62 premières fortunes mondiales – dont 53 sont des hommes pour seulement 9 femmes -, a augmenté de plus de 500 milliards de dollars pour atteindre un total de 1 760 milliards.

Ces chiffres confirment une tendance observée par Oxfam : depuis le début du XXIe siècle, la moitié la plus pauvre de l‘humanité a bénéficié de moins d’1 % de l’augmentation totale des richesses mondiales, alors que les 1 % les plus riches se sont partagés la moitié de cette hausse. La France n’échappe pas à cette tendance puisque les 10 % les plus riches ont accaparé 54 % de l’augmentation des richesses entre 2000 et 2015.

À la veille de la rencontre de Davos de l’an dernier, Oxfam avait prédit que les 1 % posséderaient plus que le reste du monde en 2016. Cette prédiction s’est en fait réalisée dès 2015 : un an plus tôt.

« Les dirigeant-e-s du monde s’inquiètent de l’aggravation de la crise des inégalités sans pour autant prendre des mesures concrètes. Le monde est devenu beaucoup plus inégalitaire et la tendance s’accélère. Nous ne pouvons pas continuer à laisser des centaines de millions de personnes souffrir de la faim, alors que les ressources qui pourraient les aider sont amassées par quelques personnes en haut de l’échelle » explique Manon Aubry, responsable plaidoyer Justice fiscale et inégalités d’Oxfam France.

Si les inégalités ne s’étaient pas aggravées au sein des pays entre 1990 et 2010, 200 millions de personnes supplémentaires auraient pu sortir de la pauvreté. Oxfam réclame des mesures urgentes pour faire face à la crise des inégalités extrêmes, qui menace de faire reculer les progrès accomplis dans la lutte contre la pauvreté au cours de ce dernier quart de siècle. En particulier, l’ONG pointe du doigt le rôle que jouent l’évasion fiscale et les paradis fiscaux qui privent les Etats des recettes fiscales nécessaires pour investir dans des services publics de qualité tels que la santé et l’éducation. Oxfam appelle à mettre fin à l’ère des paradis fiscaux, qui a vu de plus en plus d’entreprises et de particuliers recourir aux centres offshore afin d’éviter de verser leur juste contribution à la société.

Selon l’ONG, sur 200 entreprises démontrent que 9 entreprises sur 10 parmi les partenaires stratégiques du Forum économique mondial de Davos sont présentes dans au moins un paradis fiscal. Le montant des investissements dans ces mêmes paradis fiscaux a pratiquement quadruplé entre 2000 et 2014. De même, si l’on regarde les 10 premiers pays d’investissement en France, 44 % de ces investissements sont réalisés dans des paradis fiscaux.

« Les multinationales et les grandes fortunes ne suivent pas les mêmes règles que l’ensemble de la population, refusant de payer les impôts dont la société a besoin pour fonctionner. Le fait que 188 sur 201 grandes entreprises soient présentes dans au moins un paradis fiscal montre qu’il est temps d’agir », ajoute Manon Aubry.

La montée des inégalités s’explique également par une autre des grandes tendances mises en lumière dans le rapport d’Oxfam : la réduction de la part du revenu national revenant aux travailleuses et travailleurs dans quasiment tous les pays développés et la plupart des pays en développement et le fossé grandissant entre les hauts et les bas salaires.

Bien que le nombre de personnes vivant dans l’extrême pauvreté ait diminué de moitié entre 1990 et 2010, le revenu annuel moyen des 10 % les plus pauvres a augmenté de moins de 3 dollars par an au cours de ce dernier quart de siècle. Pour chacune de ces personnes, cela revient à une augmentation de son revenu quotidien de moins d’un centime par an. En revanche, les personnes déjà fortunées ont bénéficié d’un taux de rendement du capital (intérêts, dividendes, etc.) constamment plus élevé que le taux de croissance économique. Cet avantage a été accentué par le recours aux paradis fiscaux.

C’est là probablement l’exemple le plus frappant que donne le rapport de la façon dont les règles du jeu économique ont été remaniées pour excessivement développer la capacité des riches et des puissant-e-s à asseoir leur richesse. A l’échelle internationale, on estime que 7.600 milliards de dollars de capitaux privés sont détenus sur des comptes offshore, ce qui représente un douzième de la richesse mondiale. Si des impôts étaient payés sur les revenus générés par ces avoirs, les États disposeraient de 190 milliards de dollars de plus par an.

Télécharger le résumé du rapport : Une économie au service des 1 % (12 p.)

Télécharger le rapport complet : Une économie au service des 1 % (54 p.)

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