Hector De la Cueva, porte-parole du Réseau mexicain contre le libre échange, considère que le pays n’a rien à fêter en ce Bicentenaire face à la misère absolue que connaît le peuple mexicain à cause des gouvernements "entreguistas" (qui remettent le pays aux étrangers) qui ont remis l’État entre les mains des grandes corporations étrangères.
De la Cueva a déclaré ce mercredi lors d’une entrevue accordée à TeleSUR qu’à 200 ans de son indépendance, le pays a perdu sa souveraineté et son indépendance face au contrôle qu’exercent les grandes corporations étatsuniennes par le biais d’outils tels que le Traité de libre échange. « Nous ne fêtons rien parce qu’il n’y a rien à fêter (...) depuis 200 ans le pays a perdu sa souveraineté, a perdu son indépendance. Nous avons un pays qui a été soumis aux grandes métropoles, aux grandes corporations, principalement des États-Unis, par le biais d’instruments tels que le Traité de libre échange. »
Pour lui, cette situation est due aux gouvernements néolibéraux qui ont été à la tête de la nation et qui l’ont mené « à un véritable désastre ». Il indique en outre, que la présence des multinationales augmente de jour en jour alors que « le peuple du Mexique se trouve dans la misère ». « C’est une balance des choses très défavorable pour le peuple mexicain, car il est train de tomber aux niveaux qui existaient au moment où a été déclenchée la Révolution mexicaine ».
Il souligne que la paysannerie et le peuple indigène mexicain, soit ceux « qui ont déposé les morts » lors de la geste indépendantiste et pendant la révolution au pays, font face présentement à un panorama qui leur est totalement défavorable du fait que ce sont ces secteurs qui voient partir leurs fils vers d’autres pays comme les États-Unis pour chercher un supposé meilleur avenir. « Aujourd’hui nous voyons la campagne dans un état d’absolue destruction et ses fils émigrer aux États-Unis parce qu’il n’y a pas de travail. » signale-t-il.
Il ajoute que le pays a également perdu sa souveraineté alimentaire du fait que certains aliments qui font partie du panier de base et que le pays produisait, doivent aujourd’hui être importés à cause de l’état d’abandon qui submerge l’agriculture nationale. « Nous voyons au pays une perte de sa souveraineté alimentaire alors qu’auparavant nous produisions au pays ce qu’aujourd’hui nous devons importer » di-t-il.
Selon le quatrième rapport du Gouvernement fédéral récemment publié, le Mexique, depuis 20 ans, importe du maïs, sa céréale la plus emblématique, dû à une production insuffisante. Le volume des achats atteint 27,4 % de ce qui se consomme au Mexique, signale le texte.
Devant cette situation, De la Cueva affirme qu’ « il est nécessaire de sauver la souveraineté des mains de gouvernements « entreguistas » qui ont sacrifié à la fois le pays et son peuple ».
Le politologue Luis Javier Garrido confirme son accord avec De la Cueva lorsqu’il affirme, lors d’une entrevue avec TeleSUR, que le Mexique, en plein 21e siècle, est complètement dépendant de pays étrangers à cause des gouvernements « entreguistas » qui ont dirigé le pays et ont achevé son indépendance économique, culturelle et politique. « Le Mexique du 21e siècle est un Mexique extraordinairement dépendant des étrangers, en vertu des derniers gouvernements qui ont contribué à générer une dépendance absolue de notre pays et réduit notre indépendance politique, sociale et économique à une lettre morte » dit-t-il.
Garrido affirme que l’administration de Felipe Calderon a augmenté la dépendance des États-Unis. « Au fil de ces trois années, il (Felipe Calderon) n’a eu d’autres politiques que celles qui visaient à accroître la dépendance du Mexique envers les États-Unis » faisant allusion aux politiques économiques et sociales mises en vigueur au pays, lesquelles ont été conçues par le Fond monétaire international (FMI), en plus de la guerre au narcotrafic qui se livre au pays et à laquelle se sont mêlés des organismes étatsuniens tel les Forces armées et l’Administration des lois sur les drogues (DEA étant son sigle en anglais). « Nous avons aujourd’hui une politique économique et sociale conçue par le FMI et la Banque mondiale, mais plus grave encore est cette supposée guerre au narcotrafic qui a non seulement entraîné quelque 30 000 morts au pays, mais aussi l’ingérence du gouvernement étatsunien qui contrôle à toutes fins utiles, la Marine, la flotte nationale et l’Armée mexicaine au nom de ce combat contre les drogues ».
Au sujet des célébrations du Bicentenaire au pays, le politologue soutient que malgré les 100 millions de dollars qu’a investis l’État pour l’événement, au pays l’âme n’est pas à la fête en ce moment compte tenu de l’augmentation du chômage et de l’insécurité qui règnent sur le territoire. « Cette année il n’y a pas l’âme malgré la dépense démesurée, 100 millions de dollars. Il n’y aura pas de célébrations festives. Il y l’augmentation du chômage (...) les conditions ne sont pas réunies pour festoyer » affirme-t-il.
À compter de mercredi soir, commenceront les festivités liées aux 200 ans d’indépendance du Mexique. Avec la mise ne place d’une importante opération de sécurité, les autorités fédérales cherchent à protéger les participants aux divers événements prévus à travers le pays. En ce sens, elles ont planifier des moyens de collaboration et d’échange d’information qui permettront de compter sur les groupes spéciaux et de réaction immédiate ainsi que d’autres stratégies de surveillance dans au moins onze entités fédératives. On prévoit que les événements se termineront après minuit pour ensuite débuter un défilé jeudi en matinée.