Très peu de personnes, en dehors du Chiapas, connaissaient le secret de l’incubation d’un mouvement guerilléro dans la Jungle Lacandone. Il fallut dix ans d’organisation clandestine pour que les peuples mayas et les insurgés qui composent l’Armée Zapatiste de Libération Nationale décident de déclarer la guerre au gouvernement du Mexique et à son armée. Et depuis ce réveil 15 autres années se sont écoulées.
Dix années de croissance dans l’obscurité, dans le silence de ceux qui n’ont plus rien à perdre. Entre 1983 et 1993 les zapatistes étaient seuls. Une période de leur histoire qui a été révélée par morceaux et qui n’a pas encore acquis toute sa dimension. Une décennie quasi invraisemblable et inimaginable, si l’on n’avait les témoignages de ceux qui participèrent à la croissance et à la consolidation d’une armée formée de milliers de combattants et de dizaines de milliers de bases d’appui. Ce sont eux et elles qui fêtent leurs noces d’argent.
Comme chaque année, il y aura des fêtes dans les campements et villages zapatistes, tout comme s’engagent des célébrations dans beaucoup de parties du Mexique et du monde. Dans le 10e arrondissement de Paris il y aura une fête avec un couscous berbère organisé par le Comité de solidarité avec les peuples du Chiapas en lutte, tandis qu’un bal aura lieu le 20 novembre à Münster en Allemagne, dans un acte au cours d’une soirée où sera projeté le documentaire La Rebelión de la Dignidad.
Tout le mois de novembre a été choisi par divers collectifs en Grèce pour célébrer les peuples zapatistes. À Athènes, Salonique, Patras, Ioannina et en Crète il y aura des rencontres et des débats sur le chemin de l’autonomie zapatiste. Et dans la ville de Göteborg, en Suède, est organisé le 29 novembre un festival latino-américain avec des rythmes “X-tremadamente latinos”, en appui aux peuples originaires du sud-est mexicain et du Salvador.
En Autriche se prépare la fête “Toutes les couleurs de Vienne” ce 15 novembre et le 17 il y aura une nuit culturelle avec musique, photos et documentaires. A Saragosse, en Espagne, il y a eu une fête zapatiste le 14 novembre et toute une journée d’activités pour dénoncer la répression à San Salvador Atenco et faire connaître l’autonomie des peuples du Chiapas. C’est un quart de siècle, mais, comme dirait le lieutenant-colonel Moisés, “c’est très peu, y’a encore du boulot.” Félicitations et remerciements à tous les peuples qui fêtent cet anniversaire.
Source : Cumpleaños de plata (La Jornada)
Article original publié le 15/11/2008
Traduit par Gérard Jugant, révisé par Fausto Giudice
Gérard Jugant et Fausto Giudice sont membres de Tlaxcala, le réseau de traducteurs pour la diversité linguistique. Cette traduction est libre de reproduction, à condition d’en respecter l’intégrité et d’en mentionner l’auteur, le traducteur, le réviseur et la source.
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Image : Erica Chappuis, Denver, Colorado, USA