Le dix avril 2018 Adrià Carrasco (25 ans) sort de chez sa mère par la fenêtre lorsque la police espagnole vient l’arrêter pour “terrorisme”. Depuis, il s’est réfugié en Belgique jusqu’à aujourd’hui.
Il est certes un activiste du mouvement CDR (Comités de Défense de la République). Mais c’est un mouvement qui s’est toujours montré pacifiste et non violent, comme le sont d’ailleurs toutes les organisations populaires catalanes qui luttent pour le droit à l’autodétermination des peuples (ANC, Omnium Cultural et Tsunami Democràtic). Peu importe.
La police et l’appareil judiciaire espagnols (en connivence avec le gouvernement et la couronne) n’ont cessé, depuis le référendum pour l’indépendance de la Catalogne le 1er octobre 2017, de persécuter toute forme de dissidence, si pacifique et démocratique soit elle.
Avec des matraques (vous en avez vu les images lors du référendum) ou par la voie judiciaire, quitte à monter des dossier de toutes pièces sans aucun fondement. C’est le cas d’Adrià Carrasco, de Tamara, de Lluís Puig… et de tant d’autres. En Catalogne, en moins de trois ans, il y a eu jusqu’à 2800 cas de personnes victimes de représailles d’état et en attente de jugement.
Aujourd’hui, le tribunal de Granollers (Barcelone) a classé le cas d’Adrià Carrasco devant le vide du dossier policier. Et c’est ainsi qu’il a pu rentrer chez lui après deux ans et demi d’exil.
S’il était resté en Catalogne, c’est le temps qu’il aurait passé en prison « préventive » !
« Leur seul objectif a été de démobiliser la classe ouvrière », a t-il dit à son arrivée à Barcelone. « Une fois de plus, le seul terroriste, c’est l’état capitaliste, c’est celui qui nous accuse. Mais nous continuerons notre lutte par la désobéissance »
La semaine passée, c’est la Cour d’Appel de Bruxelles qui a refusé définitivement l’extradition du Ministre catalan de la Culture, Lluís Puig. L’ordre européen d’extradition avait été introduit par le juge espagnol Pablo Llarena, qui a instruit les affaires contre tout le gouvernement catalan de l’époque du referendum.
Le tribunal belge a suivi l’avis du tribunal de première instance, qui considérait déjà que le tribunal « supremo » espagnol n’était pas compétent pour juger cette affaire.
Celle-ci aurait du rester en Catalogne pour garantir les droits fondamentaux des accusés.
De plus, le juge belge est allé un peu plus loin en ajoutant qu’il n’y avait pas de garanties pour un procès équitable en cas d’extradition, « compte tenu des déclarations publiques de juges, procureurs et autorités politiques en général contre les dirigeants catalans ». Un coup dur pour la « justice » et l’establishment espagnols.
Si le tribunal « supremo » n’est pas compétent pour juger le Ministre Lluís Puig, comment le serait-il pour juger tous les autres membres du gouvernement catalan condamnés eux à plus de 100 ans de réclusion pour avoir organisé le même referendum ?!
En Conclusion, Adrià, Tamarà, et tant d’autres accusés « de terrorisme » pour avoir participé à des manifestations pacifiques… commencent à voir leurs cas classés, les uns après les autres, par manque de consistance du dossier policier. Valtònyc, rappeur de Mallorca, a été condamné à 3 ans et demi de prison pour les paroles d’une chanson.
Accusé lui aussi de terrorisme, poursuit son exil en Belgique d’où les juges belges ne comptent pas l’extrader.
Le Président Catalan Puigdemont ainsi que deux autres Ministres, Comín et Ponsatí, convertis en eurodéputés, citoyens de droit en UE et dans le reste du monde, restent poursuivis par la « justice » espagnole pour rébellion.
Meritxell Serret, autre Ministre catalane exilée et poursuivie aussi en Espagne est aujourd’hui déléguée du gouvernement catalan à Bruxelles devant l’Union Européenne.
Et on peut ainsi continuer la liste jusqu’à 2800 personnes, toutes pacifiques, et dont le seul crime à été de penser quelque peu autrement que les autorités espagnoles.
Parmi elles, Carme Forcadell, présidente du parlement catalan, en prison pour une dizaine d’années.
Et une demi douzaine d’autres membres du gouvernement légitime et de dirigeants d’associations tant politiques que culturelles, des chanteurs, des marionnettistes…
Oui, par douzaines et par centaines, on compte aujourd’hui les prisonniers politiques en Espagne.
Accusés, persécutés, condamnés ou exilés, ils attendent patiemment que leurs cas arrivent devant les Tribunaux Européens de Justice et des Droits Humains qui eux, jusqu’ici, leur donnent raison et annulent les sentences espagnoles les unes après les autres.
Patience donc.
C’est à se demander si nous ne ferions pas mieux, nous autres européens, de nous soucier un peu plus des dérives autoritaires des nos chers voisins, au lieu de nous contenter cyniquement de voir leurs victimes patienter.
Ivan Fox
Membre du bureau de coordination de la CUP Exterior en Belgique
CUP, Candidatura d’Unitat Popular
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