De violentes manifestations de rue d’étudiants privilégiés des classes moyennes et supérieures ont conduit à d’importantes batailles de rue dans le centre et les environs de Caracas. Plus sérieusement, l’ancien ministre de la Défense, le général Raúl Isaias Baduel, qui a démissionné en juillet, a fait des appels explicites à un coup militaire dans une conférence de presse le 5 novembre à laquelle il a invité exclusivement les médias et partis politiques de droite et d’extrême-droite, tout en adoptant la posture d’un dissident « individuel ».
Baduel
L’ensemble des médias privés internationaux et locaux se sont fait l’écho des discours de Baduel, des conférences de presse et de fausses descriptions des tapages provoqués par les étudiants d’opposition, les présentant comme de pacifistes protestations en défense des droits démocratiques contre le référendum gouvernemental prévu le 2 décembre prochain.
Le New York Times, le Wall Street Journal, BBC News et le Washington Post ont tous abreuvé leurs lecteurs depuis des années avec des histoires sur l’ « autoritarisme » du président Chávez. Confrontés aux réformes constitutionnelles qui renforcent les perspectives d’une démocratisation politique et sociale de grande envergure, les médias US, européens et latino-américains se consacrent maintenant à présenter les ex-officiers militaires favorables à un coup d’État comme des « dissidents démocratiques », d’anciens partisans de Chávez désillusionnés par la recherche de pouvoirs « dictatoriaux » de celui-ci durant et après la période préalable au référendum du 2 décembre sur la réforme constitutionnelle. Aucun journal important n’a mentionné le caractère démocratique des réformes proposées, la dévolution du contrôle de la dépense publique et des pouvoirs de décision à des populations locales et à des conseils communautaires. À nouveau, comme au Chili en 1973, les médias US sont complices d’une tentative de détruire une démocratie latino-américaine.
Même des secteurs de la presse et des partis de centre-gauche ont reproduit la propagande de droite. En novembre le quotidien mexicain soi-disant de gauche La Jornada titrait que des « Administrateurs et étudiants de l’Université Centrale du Venezuela (UCV) accusent Chávez de promouvoir la violence ». L’article reprenait les fabrications de la droite sur les sondages électoraux, censés annoncer une défaite pour les amendements constitutionnels proposés au référendum.
Le gouvernement des USA, tant la Maison Blanche républicaine que le Congrès contrôlé par les Démocrates, appuient la nouvelle tentative de renverser le populaire et nationaliste président Chávez et de rejeter les amendements constitutionnels hautement progressistes.
Le référendum : définition et approfondissement des transformations sociales
Le point de confrontation est le prochain référendum sur les réformes constitutionnelles initiées par le président Chavez, amendées et démocratiquement votées par le Congrès vénézuélien au cours des 6 derniers mois. Il y a eu un vaste débat ouvert et des critiques de sections spécifiques de la Constitution. Les médias privés, massivement viscéralement anti-Chávez et pro-Maison Blanche, ont condamné tous les amendements constitutionnels. Un secteur de la direction de l’une des composantes de la coalition pro-Chávez (PODEMOS), s’est joint à la hiérarchie de l’ église catholique, à l’association des entrepreneurs et des éleveurs, aux banquiers et à des secteurs de l’université et de l ’élite étudiante pour attaquer les réformes constitutionnelles proposées. Exploitant à fonds toutes les libertés démocratiques vénézuéliennes (liberté d’expression, de réunion et de presse), l’opposition a dénigré le référendum comme « autoritaire » tandis que la plupart des secteurs de la coalition d’opposition tentaient d’inciter les militaires à intervenir.
La coalition de l’opposition des riches et des privilégiés craint la réforme constitutionnelle parce qu’ils auront à accorder une plus grande part de leurs profits à la classe ouvrière, qu’ils perdront leur monopole sur les transactions du marché, au profit d’entreprises publiques, et qu’ils verront le pouvoir politique se déplacer vers les conseils communautaires locaux et vers le pouvoir exécutif. Alors que les médias droitiers et libéraux au Venezuela, en Europe et aux USA ont fabriqué des accusations sordides contre les réformes « autoritaires », en fait les amendements proposent d’approfondir et d’étendre la démocratie sociale.
Une étude rapide des principaux amendements constitutionnels ouvertement débattus et approuvés par une majorité des membres librement élus du Congrès vénézuélien permet de réfuter les accusations d’ « autoritarisme » que lancent ses critiques.
Les amendements peuvent être regroupés en trois catégories : changement politique, économique et social.
Le changement politique le plus important est la création de la nouvelle forme de représentation politique démocratique dans laquelle la communauté élue et les institutions communales disposeraient de financements étatiques à la place des gouvernements municipaux et des États, infestés de corruption et de trafic d’influences. Ce changement vers la décentralisation favorisera une plus grande pratique de la démocratie directe en contraste avec les tendances oligarchiques du système représentatif actuel centralisé.
En second lieu, contrairement aux inventions de l’ex-général Baduel, les amendements ne « détruisent pas la Constitution existante », mais modifient plus à des degrés divers seulement 20% des articles de la Constitution (69 sur 350).
Les amendements qui établissent la non-limitation du nombre de mandats sont conformes à la pratique de nombreux systèmes parlementaires comme le démontrent entre autres les cinq réélections du Premier ministre australien Howard, le demi-siècle de pouvoir exécutif du Parti Libéral Japonais, les quatre législatures du président Franklin Roosevelt, les multiples élections de Margaret Thatcher et Tony Blair au Royaume-Uni, entre autres. Personne n’a mis en question leurs qualifications démocratiques pour avoir détenu le pouvoir à travers plusieurs élections successives et il est inacceptable qu’on étiquette sélectivement Chavez d’ « autoritaire » pour en faire de même.
Le changement politique qui fait passer la durée du mandat présidentiel de 6 à 7 ans n’augmentera ni ne réduira les pouvoirs présidentiels, comme le dit l’opposition, car la séparation des pouvoirs législatif, judiciaire et exécutif se poursuivra et des élections libres soumettront le président au contrôle périodique des citoyens.
Le point-clé des élections indéfinies est qu’elles sont des élections libres, sujettes à la préférence des votants, dans lesquelles, pour le cas du Venezuela, la plupart des médias, la hiérarchie catholique, les ONG financées par les USA et les associations de grandes entreprises continueront d’apporter d’énormes ressources financières à l’activité de l’opposition, ce qui est loin d’être un contexte « autoritaire ».
L’amendement autorisant l’exécutif à déclarer un état d’urgence et à intervenir dans les médias en cas d’activité violente pour suspendre la Constitution est essentiel pour la sauvegarde des institutions démocratiques. Si on prend en considération les tentatives violentes et autoritaires de la part de l’opposition actuelle pour prendre le pouvoir récemment, l’amendement permet le désaccord mais permet aussi que la démocratie se défende contre les ennemis de la liberté.
Dans le contexte du coup d’État du 11 avril 2002 appuyé par les USA et de la grève pétrolière patronale par ses cadres dirigeants qui a dévasté l’économie (une chute de 30% du PIB en 2002/2003), si le gouvernement avait eu et utilisé les pouvoirs d’exception, le Congrès et le Judiciaire, le processus électoral et les conditions de vie du peuple vénézuélien auraient été mieux protégés. Et notamment, le gouvernement aurait pu intervenir contre les médias coopérant au renversement violent du processus démocratique, tout comme tout autre gouvernement démocratique.
Il devrait être clair que l’amendement autorisant les « pouvoirs d’exception » a un contexte spécifique et reflète des expériences concrètes : les actuels partis de l’opposition, les fédérations d’employeurs et les hiérarchies de l’église ont une histoire violente, anti-démocratique. La campagne de déstabilisation contre l’actuel référendum et les appels à une intervention militaire, si explicitement formulés par le général en retraite Baduel (défendu par son conseiller et apologiste notoire, l’universitaire aventurier Heinz Dieterich) constituent une claire indication que les pouvoirs d’exception sont absolument nécessaires pour envoyer un message clair que la violence réactionnaire trouvera en face d’elle toute la force de la loi.
L’abaissement de l’âge pour voter de 18 à 16 ans va élargir l’électorat, augmenter le nombre de participants au processus électoral et donner aux jeunes une plus grande voix dans les politiques nationales à travers les canaux institutionnels. Étant donné que beaucoup de travailleurs s’intègrent très jeunes au marché du travail et dans certains cas créent des familles très précocement, cet amendement permet que les jeunes travailleurs puissent présenter leurs demandes spécifiques sur l’emploi et les conventions collectives.
L’amendement réduisant la journée de travail à 6 heures est violemment combattu par l’opposition conduite par la fédération des grandes entreprises, Fedecamaras, mais a l’écrasant soutien des syndicats et travailleurs de tous les secteurs. Il va permettre de consacrer plus de temps à la vie de famille, au sport, à l’éducation, à la formation politique et à la participation sociale, ainsi qu’aux conseils communautaires de création récente. La législation relative au travail et les changements dans les droits de propriété, qui prévoient un plus grand rôle de la propriété collective, renforceront le pouvoir de négociation du monde du travail face au capital, et étendront la démocratie jusqu’au lieu de travail.
Enfin l’amendement qui éliminera la fameuse « autonomie de la Banque Centrale » prévoit que les fonctionnaires élus et responsables devant l’électorat remplaceront les banquiers centraux (qui fréquemment sont réceptifs aux banquiers privés, aux investisseurs étrangers et aux fonctionnaires financiers internationaux) dans les décisions sur la dépense publique et la politique monétaire. Une des principales conséquences sera la réduction de l’excès de réserves de fonds libellés en dollars dévalués et l’augmentation du financement de l’activité sociale et productive, la diversification des devises, la réduction des prêts étrangers irrationnels et de l’endettement. La réalité est que l’actuelle Banque Centrale n’est pas « autonome », mais qu’elle dépend des exigences des marchés financiers sans être affectée par les priorités des fonctionnaires élus, lesquels doivent, eux, répondre aux besoins populaires.
Tandis que le gouvernement de Chávez avance vers le socialisme démocratique, les centristes désertent et cherchent des solutions militaires
Comme le Venezuela avance de la transformation politique à la transformation sociale, d’un État-providence capitaliste vers le socialisme démocratique, des défections et des ralliements prévisibles ont lieu. Comme dans la plupart des autres expériences de transformation sociale, des secteurs de la coalition gouvernementale d’origine impliqués dans les changements politiques institutionnels formels font défection quand le processus politique avance vers un plus grand égalitarisme dans la propriété et vers une transmission du pouvoir au peuple. Les idéologues du « centre » déplorent la « violation » du consensus établi entre les oligarques et le peuple (stigmatisant les nouveaux alignements sociaux comme « autoritaires »), y compris quand le « centre » se lie à la droite profondément anti-démocratique et appelle à l’intervention militaire.
Un processus similaire de défection des élites et d’accroissement du soutien des masses a lieu au Venezuela quand le référendum avec ses choix clairs de classe, est à l’ordre du jour. Manquant de confiance dans leur aptitude à faire échouer les amendements constitutionnels par le vote, craignant la majorité démocratique, irrités par l’immense popularité d’un Chávez démocratiquement élu, le « centre » s’est uni à la droite dans un ultime effort pour unifier les forces extra-parlementaires et vaincre la volonté de l’électorat.
Une figure emblématique de la nouvelle droite et des désertions « centristes » est l’ex-ministre de la Défense, Raul Baduel, dont les attaques virulentes contre le président, le Congrès, les procédures électorales et le référendum font de lui un aspirant pour prendre la tête d’une prise de pouvoir de l’extrême-droite appuyée par les USA.
Les médias libéraux et de droite et des propagandistes « centristes » sans scrupules ont faussement fait le portrait d’un Raúl Baduel « sauveur » de Chavez suite au coup militaire d’avril 2002. La vérité est que Baduel est intervenu seulement après que des centaines de milliers de Vénézuéliens pauvres furent descendus des « ranchos », entourèrent le Palais Présidentiel et provoquèrent la division dans les forces armées. Baduel rejeta la minorité d’officiers de droite qui étaient disposés à un bain de sang et s’aligna avec d’autres qui s’opposaient à des mesures extrêmes contre le peuple et à la destruction de l’ordre politique établi. Ce dernier groupe incluait des officiers qui soutenaient les politiques nationalistes et populistes de Chávez et d’autres, comme Baduel, s’opposèrent aux putschistes parce que le coup polarisait la société et pouvait se terminer dans une guerre civile aux résultats incertains. Baduel était favorable à la restauration d’un Chávez « corrigé » qui maintiendrait le statu quo économique existant.
Au sein du gouvernement Chávez, Baduel a représenté la tendance anti-communiste, qui a fait pression sur le président pour se « réconcilier » avec la droite « démocratique modérée » et le monde des affaires. Sur le plan intérieur Baduel s’est opposé à l’extension du secteur public et sur le plan international, il a favorisé la collaboration avec l’ultra-droitier ministère de la Défense colombien.
La période où Baduel était ministre de la Défense reflète sa prédisposition conservatrice et son manque de compétence en matière de sécurité, en particulier en ce qui concerne la sécurité intérieure. Il ne sut pas protéger les frontières du Venezuela des incursions militaires des forces armées de Colombie. Pire il ne s’opposa pas à la violation flagrante des normes internationales à l’égard des réfugiés politiques. Alors que Baduel était ministre de la Défense, les groupes armés paramilitaires de propriétaires assassinèrent plus de 150 paysans actifs dans la réforme agraire pendant que la Garde Nationale regardait ailleurs.
Supervisés par Baduel, plus de 120 paramilitaires colombiens se sont infiltrés dans le pays. L’armée colombienne a franchi fréquemment la frontière vénézuélienne pour attaquer des réfugiés colombiens. Sous Baduel des officiers vénézuéliens ont collaboré au rapt de Rodrigo Granda (un émissaire des affaires extérieures des FARC) en plein jour dans le centre de Caracas. Baduel ne fit aucun effort pour enquêter ou protester contre cette atteinte grave à la souveraineté vénézuélienne, jusqu’à ce que le président Chavez soit informé et intervienne. Durant toute sa période comme ministre de la Défense, Baduel a développé de forts liens avec le service de renseignement militaire de Colombie (étroitement supervisé par l’Agence de renseignement de la Défense des USA et la CIA) et a extradé plusieurs guérilleros de l’ELN et des FARC, livrés aux sanguinaires tortionnaires colombiens.
Au moment de son départ du ministère de la Défense, Baduel prononça un discours en juilllet 2007, clairement dirigé contre les courants de gauche et marxistes du syndicat UNT et du PSUV (Parti Socialiste Unifié du Venezuela), alors récemment annoncé par Chavez. Son discours, au nom du « socialisme chrétien », fut en réalité une méchante diatribe anti-communiste, qui a plu au pape Benoît (Ratzinger).
Néanmoins, le discours de Baduel du 5 novembre constitue son adhésion publique à l’opposition de ligne dure, à sa rhétorique et à ses positions de révocation autoritaire du programme de socialisme démocratique de Chávez. En premier lieu, dans le sillage de la Maison Blanche et de la « droite dure » vénézuélienne, il a dénoncé comme « un coup d’État » la totalité du débat au Congrès sur les amendements constitutionnels et la campagne électorale relative au référendum. Tous les experts et observateurs extérieurs l’ont désapprouvé, y compris ceux qui sont contre le référendum. Cependant l’intention de Baduel était de contester la légitimité du processus politique dans son ensemble afin de justifier son appel à l’intervention militaire. Sa rhétorique, qui qualifie de « fraude » et de « procédés frauduleux » le débat du Congrès et le vote, rend manifeste l’effort de Baduel pour dénigrer les institutions représentatives existantes afin de justifier un coup militaire qui les démantèlerait.
Baduel est ridicule quand il nie toute prétention politique personnelle, étant donné qu’il a seulement invité les médias d’opposition et politiques à sa « conférence de presse »et qu’il est apparu accompagné de quelques officiers. Baduel ressemble au dictateur qui accuse la victime des crimes qu’il est sur le point de commettre. Accuser de « coup d’État » le référendum sur la réforme constitutionnelle, c’est inciter l’armée à faire un coup d’État. Dans un appel ouvert à l’action militaire il en appelle aux militaires qui « réfléchissent sur le contexte de la réforme constitutionnelle ». Il demande aux officiers d’ « évaluer soigneusement » les changements que le gouvernement élu propose « de manière hâtive et moyennant des procédés frauduleux ». En même temps qu’il dénigre les institutions démocratiquement élues, Baduel a recours à la flatterie vulgaire et à la fausse modestie pour amener à la rébellion militaire. Pendant qu’il nie présomptueusement agir comme porte-parole de l’armée, il prévient les reporters de droite présents et la cohorte militaire potentielle qu’on « ne peut mépriser la capacité d’analyse et de raisonnement des Forces Armées ».
Les déclarations de Baduel sont pleines de duplicité, d’hypocrisie et de faux désintérêt. Sa prétention à être un critique « apolitique » est contredite par son intention d’initier une tournée nationale de discours pour attaquer les réformes constitutionnelles, dans des réunions organisées par l’opposition de droite. Il n’existe pas le moindre doute qu’il ne s’adressera pas uniquement à un public civil, mais qu’il fera les efforts nécessaires pour se réunir avec les officiers d’active de l’armée, qu’il cherchera à les convaincre pour qu’ils « réfléchissent »...et trament le renversement du gouvernement dans le but d’inverser les résultats du référendum. Le président Chávez a absolument raison quand il dit que Baduel est un traître, et étant donné l’hostilité de longue date de celui-ci à la transformation sociale égalitaire, il serait plus pertinent de dire que maintenant il révèle son véritable visage.
Le danger pour la démocratie vénézuélienne n’est pas dans Baduel comme individu, car il n’est ni membre du gouvernement ni militaire en activité. Le véritable danger est l’effort qu’il fait pour haranguer les officiers avec des troupes sous leur commandement pour qu’ils répondent à son appel à l’action ou quand il demande ingénieusement « que les militaires réfléchissent sur le contexte des réformes constitutionnelles ». Les analyses et le programme d’action de Baduel mettent l’armée au centre de la politique, par-dessus 16 millions d’électeurs.
Sa défense véhémente de la « propriété privée », en lien avec son appel à l’action militaire, est une tactique ingénieuse pour unir généraux, banquiers et classe moyenne dans le sillage infâme d’Augusto Pinochet, le sanguinaire tyran chilien.
La polarisation des classes dans la période précédant le référendum a atteint son point le plus aigu : les restes de la coalition multiclassiste qui incluait une minorité de la classe moyenne et la grande majorité des travailleurs sont en train de se désintégrer. Des millions de jeunes travailleurs jusqu’ici apathiques ou apolitiques, de pauvres sans emploi et de femmes aux bas salaires (travailleuses domestiques, lavandières, mères célibataires) s’unissent aux immenses manifestations populaires qui débordent des rues principales et des places en faveur des amendements constitutionnels. En même temps, les désertions politiques ont augmenté au sein de la minorité centriste-libérale de la coalition de Chavez. Quatorze députés de l’assemblée nationale, moins de 10%, la majorité de PODEMOS, sont passés à l’opposition. Des sources fiables à l’intérieur du Venezuela (voir http://axisoflogic.com/artman/publish/article_25479.shtml) informent que le procureur général Isaias Rodriguez, un défenseur de la loi particulièrement inepte, et le contrôleur général Clodobaldo Russian, vont démissionner pour passer à l’opposition. Ces mêmes informations signalent quelque chose de plus grave encore : que la IVe Division de Maracay est loyale au « putschiste » Raúl Baduel. On soupçonne ce dernier d’utiliser ses liens personnels de longue date avec Gustavo Rangel Briceño, l’actuel ministre de la Défense, pour le convaincre de déserter et de participer aux préparatifs du coup d’État. De grandes sommes d’argent yankee arrivent en abondance pour financer en liquide des fonctionnaires des États et locaux avec des promesses de répartir le butin pétrolier si Chavez est destitué. La subornation politique la plus récente aux USA est celle de Luis Felipe Acosta Carles, gouverneur de l’État de Carabobo. Les médias ont repris en boucle, d’heure en heure dans leurs nouvelles, l’annonce de ces nouvelles désertions en faveur de la droite, soulignant leur rupture avec le « coup d’État » de Chavez.
Le référendum est en train de se transformer en une affaire d’une violence peu habituelle de « guerre de classes contre classes », dans laquelle le futur de toute la gauche latino-américaine est en jeu en même temps que le contrôle de Washington sur son principal fournisseur de pétrole.
Conclusion
La démocratie vénézuélienne, la présidence d’Hugo Chávez et la majorité des classes populaires du pays sont confrontés à une menace mortelle. Les USA ont essuyé des défaites électorales successives, et sont incapables d’initier une intervention externe à grande échelle en raison de l’excessive implication de leurs unités militaires au Moyen Orient ; de nouveau ils sont engagés dans un renversement violent de Chávez. Au moyen des réformes constitutionnelles, le Venezuela élargira et approfondira le contrôle démocratique populaire sur la politique socio-économique. De nouveaux secteurs économiques seront nationalisés. Des programmes sociaux et des investissements publics de plus grande envergure seront mis en oeuvre. Le Venezuela se dirige inexorablement vers une diversification de ses marchés pétroliers, de ses réserves de devises et de ses alliances politiques. Le temps est compté pour la Maison Blanche : les leviers d’influence politique de Washington s’affaiblissent.
Baduel est considéré comme la meilleure chance pour provoquer une attaque militaire qui remettrait les oligarques au pouvoir et décimerait le mouvement populaire des masses.
Le président Chavez « évalue le haut commandement » de manière correcte et dit « avoir pleine confiance dans les forces armées nationales et leurs membres ». Mais la meilleure garantie est d’attaquer avec dureté et célérité, précisément ceux qui suivent ou sont associés à Baduel. Faire une rafle de quelques dizaines ou centaines de conspirateurs militaires est un prix très bas si cela permet de sauver la vie de milliers de travailleurs et militants qui seraient massacrés en cas d’assaut sanglant contre le pouvoir.
L’histoire a enseigné de manière répétée que quand un leader met la démocratie sociale, l’égalitarisme et le pouvoir populaire au sommet du programme politique, comme l’a fait Chávez et quand la majorité du peuple répond avec enthousiasme, la droite, les militaires réactionnaires, les déserteurs et les idéologues du « centre » politique, la Maison Blanche, les classes moyennes hystériques et les cardinaux de l’Église sacrifient toutes et chacune des libertés démocratiques pour défendre leurs propriétés, leurs privilèges et le pouvoir par tout moyen et à n’importe quel prix. Dans l’actuelle confrontation entre les classes populaires du Venezuela et leurs ennemis oligarques et militaires, ce n’est que si le peuple s’arme moralement, politiquement et organisationnellement, qu’il pourra garantir la continuité du processus démocratique de transformation sociale.
Il y aura du changement, la question étant de savoir s’il se fera par les urnes ou par les balles.
Source :
Tlaxcala : http://www.tlaxcala.es/pp.asp?reference=4172&lg=fr
Article original publié le 12 novembre 2007
http://axisoflogic.com/artman/publish/article_25494.shtml
Traduit par Gérard Jugant, révisé par Fausto Giudice membres de Tlaxcala, le réseau de traducteurs pour la diversité linguistique.