« Les ententes de libre-échange de ce genre présentent des avantages pour certaines industries et soulèvent des craintes pour d’autres », a affirmé M. Dias dans le cadre des audiences du CIIT sur l’Accord économique et commercial global (AECG).
« La principale question selon nous est de savoir comment l’AECG met en balance ces deux aspects. Il faut ensuite déterminer si ce qui constitue le bilan de cette entente est dans le meilleur intérêt des Canadiens. »
M. Dias a parlé d’un certain nombre d’industries, toutes représentées par Unifor, pour exposer les raisons pour lesquelles les renseignements qui ont filtré jusqu’ici sur l’entente représentent une source de préoccupation.
Dans le secteur automobile, par exemple, il existe déjà un important déficit commercial avec l’Europe, qui vend pour 5,6 milliards de dollars de voitures au Canada, tandis que celui-ci n’en exporte que pour 269 millions de dollars. Il s’agit donc d’un déficit commercial de plus de 5,3 milliards de dollars. Cette situation continue de s’aggraver, les importations en provenance de l’Europe ayant plus que doublé depuis 1999.
« L’AECG ne fera qu’empirer la relation commerciale avec l’Europe qui est déjà désavantageuse », a souligné M. Dias au cours de son exposé.
« Parmi toutes les personnes à qui j’ai parlé dans ce secteur, aucune ne croit que l’industrie automobile canadienne sortira gagnante de cette entente », a précisé M. Dias.
« La situation est sensiblement la même dans l’industrie forestière. Les principales exportations du Canada, soit le bois d’œuvre et le papier journal, sont déjà admissibles à la franchise de droits, et il n’y a qu’un nombre limité de marchés pour le contreplaqué et les panneaux à copeaux orientés qui profiteront d’une réduction des tarifs. Cependant, nous importons dix fois plus de meubles de l’Europe que ce que nous y vendons. »
« Nous vendons surtout des matières premières à l’Europe. L’Europe quant à elle nous vend principalement des produits manufacturés de grande valeur. Dans le secteur manufacturier, nous avons un déficit commercial de près de 30 milliards de dollars avec l’Europe. Ce déficit risque d’ailleurs de s’accroître, plutôt que de diminuer, avec une entente de libre-échange », a expliqué M. Dias aux membres du comité.
M. Dias a également servi une mise en garde concernant la hausse des prix des médicaments, qui grèvera les services de santé publique du Canada déjà aux prises avec des difficultés, et averti que les règles interdisant les politiques en matière d’achat de produits locaux freineront la croissance et la création d’emplois dans notre importante industrie du transport en commun.
M. Dias a déclaré que les gouvernements du Canada doivent être en mesure de maintenir un juste équilibre concernant les politiques relatives au développement industriel afin de renforcer la capacité de notre pays à fabriquer des produits à valeur ajoutée et à créer des emplois bien rémunérés pour les jeunes.
Au contraire, l’AECG accorderait aux entreprises le droit de contester de telles décisions démocratiques si celles-ci empiètent sur leur droit de faire du profit.
« Qu’en est-il du droit des travailleurs d’avoir un emploi décent ? Qu’en est-il du droit des citoyens à un processus décisionnel démocratique ? »
M. Dias a présenté les trois recommandations suivantes aux membres du comité :
– que le gouvernement fédéral rende public le texte intégral de l’entente dès que possible ;
– que l’AECG ne soit ratifiée qu’après avoir été approuvée par un vote de la Chambre des communes et de chaque parlement provincial et territorial ;
– que soient éliminées toutes les dispositions concernant le règlement des différends entre un investisseur et le renforcement des lois sur les brevets concernant les médicaments.