Les pays africains se seraient mis d’accord pour remplacer Michaëlle Jean à la tête de l’OIF.
Des changements pourraient survenir lors du prochain sommet de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) prévu pour se tenir à Erevan, la capitale de l’Arménie, du 11 au 12 octobre prochain. Le mandat de la présente secrétaire générale de cet organisme arrive à terme et si on en croit plusieurs médias africains, la ministre rwandaise des Affaires étrangères, Louise Mushikiwabo, songe sérieusement à être candidate à la tête de l’OIF. Après plusieurs mois de négociations, elle serait le choix porté par tous les pays africains. Même la France verrait favorablement sa candidature selon ces médias africains. Emmanuel Macron aurait d’ailleurs récemment fait la remarque que le centre de gravité de la Francophonie se situait en Afrique du côté du bassin du Congo. Rappelons que selon le rapport de 2014 de l’OIF, plus de 85 % des 700 millions de locuteurs du français qu’il y aurait en 2050 vivraient en Afrique. En fait, l’augmentation prévue de 155 % du nombre de francophones dans le monde de 2014 à 2050 serait principalement due à la jeunesse de la population africaine. Les forces de la francophonie semblent se déchainer dans ce continent depuis le début du 21e siècle. Il est donc normal que ce soit une personne qui en est issue qui gère les destinées de la langue dont il sera le lieu principal.
Louise Mushikiwabo est déjà une personne très connue en Afrique. Originaire de Kigali, elle est revenue dans son pays natal en 2008 après vingt-deux années passées aux États-Unis. Très active, cette femme qui s’occupe depuis neuf ans des relations extérieures du Rwanda est actuellement considérée comme la cinquième personne la plus influente d’Afrique. Son élection à la tête de l’OIF aurait aussi l’avantage de rappeler au président du Rwanda, Paul Kagamé, l’esprit francophone et les bénéfices de la francophonie. Ce chef d’État aurait dans les années passées délaissé l’héritage culturel de son pays pour se tourner vers l’anglais.
La ministre rwandaise des Affaires étrangères aurait de plus de bonnes relations avec le présent gouvernement français. Louise Mushikiwabo a déjà fait savoir publiquement qu’elle applaudissait la nouvelle direction que prend Emmanuel Macron au niveau de ses relations avec l’Afrique. Elle y voit d’ailleurs une amélioration tangible au niveau de la restauration des relations avec son pays. Son élection à la tête de l’OIF pourrait aider le président français à prouver sa volonté de continuer le rétablissement de ces relations. Elle est aussi déjà très impliquée dans les dossiers prioritaires en Afrique. La ministre rwandaise dénonçait le 19 avril, le fait que la lutte contre le paludisme était actuellement retardée en Afrique, ce qui mettait en danger l’objectif de l’Union africaine de se débarrasser de cette terrible maladie avant 2030. Elle travaille aussi très activement dans ses présentes fonctions à créer une Afrique intégrée qui pourrait rehausser les conditions de vie des plus pauvres et des générations montantes. Selon elle, la signature du Marché Commun africain permettrait des échanges accrus et l’accès à beaucoup de capitaux. Vu ses compétences acquises dans ses précédentes fonctions, l’apport de Louise Mushikiwabo pourrait être important dans des pays francophones d’Afrique. Elle pourrait jouer un rôle particulièrement significatif dans des pays comme la Centrafrique, la République démocratique du Congo (RDC) et au Mali où ses connaissances pourraient améliorer les opérations de maintien de la paix qui y ont actuellement lieu.
Même si la secrétaire générale sortante, Michaëlle Jean, désirerait conserver son poste, ses actions ont amené des commentaires peu élogieux dans ce premier mandat. Il n’y a qu’à penser au demi-million de dollars investi dans les rénovations de son appartement de fonction, ou à la croisière de jeunes issus de pays francophones sur un bateau d’époque. Le Mouvement Martin Luther King du Pasteur togolais Edoh Komi voudrait d’ailleurs ne plus la voir à ce poste. Ce dernier dénonce que l’OIF publie beaucoup de communiqués qui ne sont pas suivis d’actes concrets. Il considère de plus qu’elle n’a pas pu s’imposer dans toutes les situations auxquelles étaient confrontés les pays membres de l’OIF. L’arrivée en avril de l’ancien Secrétaire général adjoint des Nations Unies aux opérations de maintien de la paix, Hervé Ladsous, en tant que conseiller à la Francophonie ne fait que montrer avec plus d’acuité la faiblesse fondamentale qu’il existe actuellement à la direction de l’OIF.
Il faut dire à sa décharge que la lectrice de nouvelle qui a été choisie en tant que gouverneure générale par le gouvernement canadien n’est possiblement pas totalement responsable de cette situation. Rappelons qu’au sommet de la Francophonie à Dakar en 2014, c’était face à la désunion de l’Afrique sur ses candidatures, que François Hollande, Sassou-Nguesso et Stephen Harper ont finalement décidé à l’issue d’un huis clos de placer Michaëlle Jean à la tête de cet organisme. Dans ses fonctions de ministre rwandaise des Affaires étrangères, Louise Mushikiwabo avait d’ailleurs en 2014 jugé anormal que ce soit le président français, François Hollande, qui décide ce qui va se passer dans les pays africains. Mise à la tête de l’OIF par des manœuvres de ses grands bailleurs de fonds en dépit de son manque de connaissance des enjeux politiques de l’Afrique, Michaëlle Jean pourrait bien n’avoir fait que garder le siège de secrétaire générale au chaud pour son prochain occupant africain. Louise Mushikiwabo aurait actuellement de fortes chances d’être la personne qui retournera la direction de l’OIF à l’Afrique.
Michel Gourd
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