Édition du 17 décembre 2024

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Politique québécoise

Déficit chronique pour les petites centrales hydroélectriques :

Une facture annuelle de plus de 33,6 M$ pour les consommateurs

La Fondation Rivières estime qu’Hydro-Québec subira des pertes financières scandaleuses si les huit projets de petites centrales hydroélectriques actuellement en préparation sont mises en exploitation au cours des prochaines années. Ces pertes représenteront un montant de 33,6 M$/an en 2013, augmentant de 2,5 % par année, soit 860 M$ pendant les 20 ans que dureront les contrats. Ce sont les consommateurs d’électricité qui paieront la note.

« Le calcul est basé sur un prix de vente de l’électricité moyen aux États-Unis de 6 ¢/kWh alors qu’elle nous en coûtera 12 ¢/kWh pour la produire et la livrer au client ultime » explique l’ingénieur Réal Reid, signalant que l’ensemble des coûts est passé sous silence par le gouvernement et Hydro-Québec. Le coût de 12 ¢/kWh et son explication se répartit comme suit :

• Achat d’électricité au producteur de 8,0 ¢/kWh : selon le contrat d’achat avec Hydro-Québec ;

• Support en puissance de 1,16 ¢/kWh : les petites centrales n’ayant pas de réservoir de retenue, leur garantie de puissance en période de pointe d’hiver est faible. En supposant une présence à la pointe de 10 % et un coût de 64,38 $/kW : 64,38 $/kW x (1 – 0,1) kW ÷ 5000 kWh/kW ;

• Frais de transport de 1,30 ¢/kWh : identique à celui chargé aux producteurs privés d’éolien ;

• Frais de distribution de 1,55 ¢/kWh : identique à ceux de l’ensemble des approvisionnements énergétiques du secteur électrique intérieur ;

• Frais d’équilibrage de 0,05 ¢/kWh ; alors que le coût facturé est de 0,5 ¢/kWh pour l’éolien.

Une autre méthode de calcul permet d’arriver à un résultat similaire : Le coût du transport et de la distribution correspond à la différence entre le coût de vente d’Hydro-Québec payé par les consommateurs (7,51 ¢/kWh avant taxes pour une consommation supérieure à 30 kWh) et le prix payé par Hydro-Québec Distribution à Hydro-Québec Production (2,79 ¢/kWh pour l’électricité patrimoniale), donc 7,51 - 2,79 = 4,73 ¢/kWh. En ajoutant les 8,0 ¢/kWh payé au producteur, on obtient 12,73 ¢/kWh.

« Il est donc faux d’espérer s’enrichir en exportant de l’électricité aux États-Unis à un si bas prix. Au contraire, on s’appauvrit, car rien n’indique que les prix monteront selon les résultats financiers d’Hydro-Québec et les contrats d’achat à long terme signés avec le Vermont et les alumineries » indique monsieur Reid.

Il souligne aussi qu’il faut se référer à l’organisme américain « The Energy Information Administration (EIA) » responsable d’établir des statistiques sur les prix de l’énergie et qui a prévu en janvier 2011 que le prix de l’électricité aux États-Unis baisserait de 6 % d’ici 2035. L’information est disponible au site http://www.energy.gov/organization/energyinformationadmin.htm

« Si Hydro-Québec, le ministère des Ressources naturelles et de la Faune ou le ministère des Finances ont d’autres prévisions, qu’ils les rendent publiques avec tous les calculs pertinents » demande-t-il, car autrement Hydro-Québec Distribution n’aura pas le choix que de demander une augmentation de tarifs à la Régie de l’énergie. Ce système semble servir à financer une poignée d’entrepreneurs, de consultants, de municipalités ou de communautés qui ont le privilège d’avoir une chute sur leur territoire, et ce au détriment de l’ensemble des Québécois et de l’environnement.

Rappelons que les conditions du marché de l’énergie se sont considérablement modifiées depuis la publication le 4 mai 2006 de la Stratégie énergétique du Québec 2006-2015 par le gouvernement libéral, et la décision du 13 juillet 2009 de la Régie de l’énergie qui établissait le prix de vente à 7,5 ¢/kWh au 1er janvier 2010 avec indexations automatiques, soit 8,08 ¢/kWh en 2013. La Régie confirmait dans sa décision que les coûts de transport et de distribution étaient assumés par Hydro-Québec. De fait, l’émergence de surplus de gaz naturel et notamment de gaz de schiste contribue à la baisse des coûts en énergie aux États-Unis.

A ce prix de 12 ç/kWh et considérant les coûts supplémentaires pour les dommages environnementaux inhérents aux barrages sur des sites naturels vierges (ce coût est estimé à 1,6 ¢/kWh, soit 0,80 ¢/kWh pour les dommages irréversibles à la biodiversité, un coût similaire à la grande hydraulique, et de 0,80 ¢/kWh pour les pertes d’écosystèmes, valeur de la perte de service, similaire à la grande hydraulique), il vaut mieux annuler les contrats et rembourser les dépenses qu’ont engagé les promoteurs, recommande la Fondation Rivières.

À l’aube d’un prochain budget, le Ministre des finances devra justifier un tel gaspillage. L’ex-premier ministre Bernard Landry avait eu le courage politique d’annuler un tel programme en 2002.

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