Tiré de Ma CSQ cette semaine.
Qui dit paradis fiscal dit nécessairement manque à gagner pour l’État et, inévitablement, dit compressions budgétaires. Dans cette fiction, l’austérité se répercute en des choix moralement douteux qui ébranleront notre personnage principal, architecte de l’ombre du plan d’indépendance, qui deviendra lanceuse d’alerte.
À travers ce récit original qui n’étourdira pas trop le lectorat attentif à l’actualité, l’autrice nous emmène dans les dédales des stratagèmes obscurs d’évasion fiscale des riches et puissants.
En entrevue avec Ma CSQ cette semaine, Brigitte Alepin confiera que, « contrairement à mes autres ouvrages où la rigueur était de mise, L’Alerte m’a permis d’enfin raconter toutes sortes de situations dont j’avais connaissance, mais qui ne trouvaient pas de place dans une analyse plus scientifique ».
Sortir de la bulle de filtre
« Les convaincus sont déjà au courant de cette réalité, je n’ai pas besoin de leur en faire la démonstration. Par contre, si je peux intéresser des gens à la question de l’évasion fiscale et les sensibiliser à l’enjeu à travers la fiction, ce sera mission accomplie », explique l’autrice.
Se défaisant des codes propres à l’essai, celle que l’on connait plus comme comptable souhaite montrer de façon plus claire les ramifications et les impacts bien réels de l’injustice fiscale.
Le défi de la fiction
« J’ai déjà beaucoup écrit, mais la fiction, c’est une autre paire de manches !, explique Brigitte Alepin. J’ai énormément de faits, mais il faut construire une histoire autour, il faut que ça contribue à la trame narrative sans alourdir le récit. »
« Ce que j’ai appris de cette expérience, c’est comment structurer ma pensée pour bien parler de sujets complexes à une grande variété de gens pour les pousser à l’action. »
Une indignation qui tarde
Interrogée à savoir si elle avait encore l’espoir d’une société où règnerait une plus grande justice fiscale, l’autrice de Ces riches qui ne paient pas d’impôts répond par l’affirmative.
« Entre le moment où j’ai commencé à parler d’injustice fiscale et aujourd’hui, le progrès est incroyable ! On a quand même une législation autour du secret bancaire, et l’idée d’un impôt minimum mondial fait du chemin. Ça aurait été impensable il y a quelques années ! »
Il reste tout de même plusieurs chantiers à mener à terme : l’impôt des milliardaires, les écarts de richesse, l’enrichissement des grandes fortunes par rapport au reste de la population et les « fausses charités ».
« Je ne comprends pas pourquoi les gens ne sont pas plus fâchés, se désole Brigitte Alepin. Au Canada, les avoirs des fondations représentent quand même 150 milliards de dollars. Là-dedans, il y a beaucoup de fondations privées non charitables qui ne remettent pas d’argent dans la société », explique-t-elle.
L’État dans l’État
Ces fondations sont devenues le nouveau cheval de bataille de Brigitte Alepin. « C’est incroyable comment ces fondations sont devenues un outil d’épargne pour les plus nantis. Et avec les congés d’impôts que cela permet, les travailleuses et les travailleurs financent ce système à même leurs impôts. »
« Ces fondations ont un pouvoir d’influence énorme sur les politiques publiques, explique la fiscaliste. Elles sont devenues un État dans l’État. »
Pour une véritable justice fiscale
Contrer les écarts de richesse, lutter contre les paradis fiscaux, surveiller les fondations, ce sont là de gros chantiers, mais nous devons nous y attaquer, nous dit Brigitte Alepin.
« Les travailleuses et les travailleurs ont beaucoup plus de pouvoir qu’ils ne le pensent. Quand on informe les gens et qu’on demande du changement collectivement, par la mobilisation ou à travers les syndicats, c’est possible de faire de grandes choses. »
Pour ne pas que le scénario de L’Alerte ne devienne réalité, il ne nous reste qu’à demeurer éveillés et mobilisés !
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