Le 25 novembre dernier, le collectif chilien Las Tesis a rassemblé des dizaines de femmes dans un puissant flash mob dénonçant les violences faites aux femmes, les agressions sexuelles et l’impunité de ces crimes, notamment en marge des manifestations contre le président Piñera. Les vidéos de leurs performances sont devenues virales. La chanson et la chorégraphie ont été reprises, entre autres, par l’Allemagne, la France, l’Espagne, le Mexique, le Brésil, et récemment, Montréal. Depuis, le collectif invite les femmes à travers le monde à reprendre la chanson et à l’adapter selon leurs réalités. « Maintenant, c’est à nous de se montrer solidaires et dénoncer les violences machistes, avec notre propre couleur ! », affirme Lorena Suelves Ezquerro.
Alors que le Chili connaît sa plus grande mobilisation sociale depuis la fin de la dictature de Pinochet. Comme trop souvent, les femmes font les frais de la répression policière et politique : agressions, viols, tortures, assassinats. Malgré cela, elles se mobilisent : le 8 mars dernier, elles étaient plus de 350 000 femmes à manifester dans les rues de Santiago pour défendre leurs droits.
Leur mobilisation résonne pour les femmes de partout dans le monde. Au Canada, on ne peut plus passer sous silence le cas des femmes autochtones qui subissent la violence systémique, où racisme, colonialisme et sexisme se conjuguent. « Alors qu’elles représentent 4 % de la population canadienne, les femmes autochtones sont près de 25 % des victimes féminines d’homicides », rappelle Annie-Pierre Bélanger, du Regroupement des groupes de femmes de la région de la Capitale-Nationale, une statistique issue de la récente Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées (ENFFADA). « Elles sont plus de 4 000 à manquer à l’appel selon des estimations documentées par les groupes de femmes autochtones », indique Lorena Suelves Ezquerro, « et la situation des femmes immigrantes violentées sans statut ou en attente de statut n’est pas réjouissante, car elles sont en situation d’extrême vulnérabilité ». La situation des femmes dans l’industrie du sexe n’est pas plus enviable : elles ont un taux de mortalité 40 fois plus élevé que la moyenne nationale et sont surexposées aux violences sexuelles et à la stigmatisation.
Les femmes peuvent être victimes d’agression à toutes les périodes de leur vie (statistiques pour le Québec) : durant l’enfance et adolescence (3 fois et demi plus d’infractions sexuelles enregistrées par les corps policiers chez les filles que chez les garçons), en couple (1/7 femme agressée sexuellement par son conjoint au cours de sa vie), durant la grossesse et la période périnatale, lors de la vieillesse. « Ces violences sexuelles et sexistes sont décuplées en cas de crise politique ou climatique, comme on le constate avec les femmes chiliennes ou avec les migrations des réfugié.e.s », remarque Annie-Pierre Bélanger.
Au Québec, les femmes représentent la quasi-totalité des victimes d’homicides, d’enlèvements, d’agressions sexuelles commises par un conjoint ou un ex-conjoint. Le système de justice ne soutient pas les femmes : elles sont seulement 5 % à porter plainte et la quasi-totalité des agresseurs demeurent impunis avec une seule condamnation pour 1000 plaintes. La vague du mouvement #Metoo a démontré l’ampleur du phénomène de la culture du viol. Malgré tout, des mythes tenaces persistent, tant au niveau de l’intervention policière, que du processus judiciaire, qu’au niveau de la société. Ces mythes protègent les agresseurs en plus de blâmer les victimes.
Afin de réagir et dénoncer les violences faites aux femmes lors de crises politiques, les violences ordinaires en passant par le féminicide autochtone, des femmes et des filles de Québec ont dansé et scandé « Le violeur, c’est toi / El violador eres tu / Tshin a ne ka metshe teshikuat auenu », en français, en espagnol, en innu et en langue des signes du Québec. Elles réclament des actions immédiates et structurelles afin de contrer et prévenir les violences envers les femmes.
L’événement se voulait accessible, ouvert et inclusif pour permettre la participation de toutes les femmes, personnes trans, non binaires et queers. La vidéo a été diffusée sur les réseaux sociaux via youtube et facebook.
Le RGF-CN est composé d’une quarantaine de groupes de femmes de la région de la Capitale-Nationale qui travaillent solidairement à la défense collective des droits et intérêts des femmes et l’amélioration de leurs conditions de vie.
Lien vers la vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=_94lVboeceo&feature=youtu.be
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