« Le travail accompli par les directeur·trice·s de la protection de la jeunesse (DPJ) et les intervenant·e·s est phénoménal, produisant quotidiennement de véritables miracles. Force est de constater que la situation évolue beaucoup trop lentement, quand elle change. Certains endroits ont atteint leur point de rupture. Nous sommes encore dans la tempête et trop de personnes sont tombées à l’eau. Le but de ce bilan n’est pas de trouver des coupables mais des solutions. Le gouvernement doit donner ce fameux coup de barre, que nous demandons depuis plus de trois ans, afin de redresser la situation et de retrouver des eaux plus calmes », a lancé le président de l’APTS, Robert Comeau.
La situation est particulièrement inquiétante à Montréal, en Mauricie-Centre-du-Québec, en Montérégie, en Estrie et au Saguenay-Lac-Saint-Jean, où le manque de personnel est chronique et le nombre de signalements a explosé au cours des derniers mois. C’est d’ailleurs un véritable cri du cœur qu’a lancé Mylène Deraspe, intervenante au centre jeunesse de Drummondville, qui voit ses collègues tomber comme des mouches faute de relève.
« Le travail en protection de la jeunesse est à double tranchant. Tenir les centres jeunesse à bout de bras est extrêmement éprouvant mais nous ne pouvons pas abandonner les enfants. Nous allons faire du temps supplémentaire, la nuit s’il le faut, allant même jusqu’à négliger notre propre famille, c’est déchirant. À un moment donné, nous sommes obligé·e·s de mettre un genou à terre, quand ce ne sont pas les deux », a poursuivi l’intervenante, qui a travaillé en Montérégie et dans Chaudière-Appalaches avant de se retrouver à Drummondville.
« La situation en Mauricie-Centre-du-Québec est préoccupante car dans certains endroits les équipes sont décimées à près de 60 %. Mais c’est catastrophique à Montréal. L’équipe "évaluation-orientation" des centres de la jeunesse et de la famille Batshaw - du CIUSSS de l’Ouest-de-l’île-de-Montréal - fonctionne avec 12 personnes alors qu’elle devrait en compter 26. Au Centre jeunesse de Montréal, il y avait plus de 300 postes vacants en février. Au Saguenay-Lac-Saint-Jean, la DPJ va ouvrir une 5e unité de débordement à cause du manque de familles d’accueil et prévoit déjà en créer une 6e étant donné le nombre sans précédent de signalements en attente (250). En Estrie, la situation est aussi catastrophique : il y a plus de 700 personnes sur la liste d’attente et 50 intervenant·e·s ont démissionné depuis janvier. En Montérégie, les besoins sont tellement criants que le CISSS devrait ouvrir un nouveau centre de réadaptation pour y répondre. Des enfants mangent des plats congelés et des soupes instantanées faute de cuisine dans leur unité », a ajouté Sébastien Pitre, responsable du dossier de la protection de la jeunesse.
Des solutions, il y en a !
Pour l’APTS, il ne faut pas cacher le problème mais plutôt le prendre à bras le corps. Il faut mettre en place des structures paritaires avec les DPJ pour que gestionnaires et intervenant·e·s travaillent ensemble afin d’éviter les écueils. Il faut mettre en place des lieux de concertation paritaires au niveau gouvernemental pour que représentant·e·s syndicaux·ales et fonctionnaires puissent trouver des mesures souples, respectant le contrat de travail des employé·e·s. On évitera ainsi de nombreux irritants en amont et on accélérera le déploiement des mesures en question partout au Québec.
« Des solutions, il y en a ! J’en veux pour preuve les nombreux projets déposés par les DPJ - conjointement avec des équipes locales - dans le cadre d’une lettre d’entente que nous avons négociée avec le gouvernement. Il y en a tellement que les montants alloués dans l’entente en couvrent à peine la moitié. C’est le temps d’innover, d’essayer de nouvelles idées. Soyons ambitieux·ses, voyons grand pour nos enfants ! Nous n’avons plus le choix », a conclu le président Robert Comeau.
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