À la télé, on est hystérique et les conseils pleuvent. Mais bizarrement, on ne nous conseille pas de mieux réfléchir avant de voter à l’avenir, de soutenir l’écologie pour que le climat puisse un jour se stabiliser, non ... on nous conseille de boire de l’eau, d’acheter un ventilateur, un brumisateur, de la crème solaire ... de ne pas sortir en plein après midi (il ne faudrait pas voir ou ressentir le constat de nos erreurs). Certains JT nous pondent même de jolis reportages sur des entreprises fabricant des climatisations ...
Pendant ce temps, dans la cour de l’Assemblée Nationale, François Ruffin filme les dizaines de voitures ministérielles, moteur en marche, alors que les élus sont à l’intérieur de l’hémicycle, bien au frais. Pourquoi faire tourner les moteurs à vide ? Pour que les chauffeurs puissent supporter l’attente de leurs maitres sous le soleil, la clim à fond. Les débats terminés, les voitures viennent chercher les élites à la porte ... comment pourraient-ils prendre conscience de l’urgence climatique s’ils n’en subissent pas les conséquences ?
La plupart se rendent au sénat (30 minutes à pied, 20 minutes en transport, 15 en voiture- selon le traffic), d’autres n’ont que quelques centaines de mètres à faire pour rejoindre leur permanence. Quand Ruffin leur demande pourquoi ils ne font pas le trajet en transports en commun, en vélo, comme ils exhortent les citoyens à le faire, ils répondent “Nous sommes pressés, nous avons beaucoup de travail” (contrairement aux autres citoyens qui, eux, ne foutent rien !). L’un d’eux lui demande d’un air méprisant de cesser de faire de la démagogie ... cherchez l’erreur !
La moralité de la légalité
Et puisqu’on parle d’écologie et de ministres déconnectés de la réalité, laissez moi vous conter le feuilleton de l’été que les médias ont appelé “L’affaire De Rugy” ou le “homard gate”. Notre ministre de la transition écologique, qui a tant milité pour la transparence et baissé ses frais de réception de 13% quand il était président de l’Assemblée Nationale, est pris dans le viseur de Mediapart. Le journal révèle que François De Rugy a utilisé les fonds publics pour organiser de luxueuses soirées privées. Il publie des photos des fameuses soirées où on peut voir d’immenses plateaux de homards ou Mme De Rugy brandissant fièrement une bouteille de vin à 500€ que les contribuables lui ont offerte malgré eux. Mediapart révèle également qu’il a bénéficié d’un appartement à loyer bas (selon ses dires une résidence secondaire utilisée pour rendre visite à ses enfants). Le journal évoque aussi les sommes dépensées pour rénover l’appartement de fonction de De Rugy à l’époque où il était président de l’assemblée (17 000€ pour un dressing, entre autres fastueuses dépenses...) Il aurait également utilisé ses frais de mandat pour régler ses cotisations à son parti ... bénéficiant par là d’une déduction fiscale, mais il a remboursé avant de se faire prendre alors ... c’est pas grave. Personnellement je trouve qu’un ministre qui s’octroie des prêts sur des fonds publics à volonté, c’est inquiétant. Surtout quand une grande partie des citoyens crève de faim et qu’on leur refuse des crédits sous prétexte de surendettement.
L’affaire est épineuse, largement contestée par les médias en place, alors je préfère vous laisser vous faire votre propre avis en lisant les articles en question (l-affaire-francois-de-rugy) et l’un de ses contradictoires qui a été beaucoup partagé sur le net par les détracteurs de Mediapart (non-francois-de-rugy-na-pas-fraude-le-fisc-avec-son-irfm-1346604). Je n’ai pas assez de connaissances en droit pour juger du niveau légal de l’affaire, mais je peux vous dire ce, qu’en tant que citoyenne, j’ai constaté et ressenti.
Alors que l’on nous parle d’austérité, d’argent qui ne tombe pas du ciel, alors que l’on augmente les prix du carburant, de l’électricité, les taxes et qu’on en créé de nouvelles pour boucher les trous dans le manteau de la république, Mme De Rugy pose fièrement avec sa bouteille à 500€ ... Quelle image puissante ! Le journaliste Jean Michel Apathie, qui était présent lors de ces soirées car sa “femme est amie avec Mme De Rugy”, exprime ses regrets et assure qu’il s’agissait bien de soirées privées auxquelles il n’aurait pas dû se rendre. Aïe ! La défense du ministre était justement de dire qu’il s’agissait de soirées de travail ... C’est mal parti ! Sa nouvelle tactique sera de dire qu’il est allergique aux crustacées et que le champagne lui donne mal à la tête ... quelle misère !
Pendant quelques jours c’est l’hystérie autour de cette affaire, les médias dominants attaquent Mediapart sous tous les angles possibles : qui sont les sources ? est-ce une attaque personnelle contre le ministre ? On les accuse de fake news car l’appartement secondaire dont il est question n’est pas un logement social, mais un logement à loyer modéré en loi Cellier, donc c’est légal, et puis d’abord il était pas au courant le pauvre, il affirme même avoir été “manipulé” par le propriétaire ... Comme toujours, on joue sur les mots, sur les détails, sur la forme pour faire oublier le fond.
Tandis que cette pauvre victime est conspuée par les citoyens, le premier ministre se dit à ses cotés et assure que son poste de ministre n’est pas remis en question. Encore une promesse que ce gouvernement ne tiendra pas ... quelques jours plus tard, De Rugy démissionne, contraint et forcé.
Mais ce n’est pas fini, deux jours après sa démission, l’Assemblée Nationale rend son rapport sur l’affaire (Deux jours c’est étonnant quand on sait que des enquêtes sur les vols d’oeuvres d’art à l’Élysées ou des utilisations frauduleuses de frais de mandat courent depuis des années sans jamais se conclure). Ce rapport nous dit qu’aucune irrégularité n’a été commise ... mais ce rapport a été écrit par l’institution dont De Rugy était président à l’époque, le chargé d’enquête étant un de ses anciens subordonnés, un homme qui, lui aussi, bénéficie de nombreux avantages liés à sa fonction. Alors que penser de ce rapport ?
Pour les médias et l’équipe de la majorité, De Rugy est blanchi, comme ça, d’un coup de baguette magique. De toute sa rancoeur, il se jette sur les réseaux sociaux pour crier à la diffamation et attaque Mediapart en justice.
Personnellement, en tant que citoyenne, l’entendre se plaindre du “traitement violent” qu’il a subi et déplorer que ses enfants soient les victimes indirectes de l’acharnement de Mediapart, ça m’a mise en colère. Parce qu’au même moment où l’on nous demande de pleurer sur le sort de gosses de riche qui vont devoir vivre avec le fait que papa est un voleur, 3 millions d’enfants vivent sous le seuil de pauvreté en France sans qu’aucun ministre n’ait jamais de mot ni de pensée pour eux.
Pour juger de l’affaire, les médias jouent sur les mots, sur la stricte légalité ... mais qu’en est-il de la moralité ? Oui, en France, c’est légal quand un élu pique dans la caisse pour palier à ses dépenses personnelles, c’est légal de dépenser 3 ans de salaire minimum pour faire rénover son appartement, légal d’employer ses enfants aux frais de l’état. Mais est-ce moral pour autant ? Il est ici le vrai sujet qui mérite de débattre ! Est-il normal qu’en ayant réduit son budget de 13%, De Rugy nage encore dans le champagne et le homard ? Est-il normal que des élus qui gagnent un salaire faramineux bénéficient également de plusieurs appartements de fonction, de voitures avec chauffeurs, de cuisiniers, en plus de leurs retraites dorées et de ces fameux frais “de représentation” ? Et surtout est-il normal que toute la sphère politique trouve ça normal ???
La porte parole du gouvernement (Sibeth N’Diaye, jamais prénom ne fut si bien porté !) nous dit qu’elle comprend la colère des français (comme d’habitude) car, elle l’a constaté, la plupart des gens “ne mangent pas souvent de homard mais plutôt des kebabs”. Pour pondre ce genre de phrase il faut évidemment avoir fait 10 ans d’études de communication ... Elle nous explique surtout que tout ça est une question d’image, que les soirées des ministres doivent être fastueuses car le luxe est l’image de la France, que la culture française c’est le homard et le vin hors de prix. Moi, j’ai envie de lui répondre que non, que la culture française c’est la révolution et qu’il est temps que quelqu’un vienne le leur rappeler.
La cours des comptes
Il n’est plus acceptable, dans un monde aussi cruel que l’est le notre, que des hommes censés représenter les citoyens s’octroient autant de privilèges. Pour alimenter mes insomnies, le rapport annuel de la cours des comptes tombe quelques jours plus tard. Ce rapport recense et détaille les budgets de l’état sur l’année écoulée, il est scandaleux !
C’est à coup de 5000€ de coiffure par mois pour Brigitte Macron, des dîners, des rénovations, des frais de déplacement hors de prix, et pour un nombre incalculable d’élus dont une grande partie ne se présentent jamais à l’Assemblée pour faire leur travail. Le premier ministre Edouard Phillippe a pris un vol Tokyo-Paris à 350 000€ ... 350 000€ !!! c’est deux fois le prix de ma maison, 24 années de salaire minimum !!! Le pire étant qu’il avait un vol de l’armée de l’air réservé pour lui et son équipe, mais Monsieur a préféré prendre un vol privé première classe pour arriver deux heures avant le timing prévu ...(le vol initialement prévu pour lui, est rentré à vide, on n’est pas à ça près ...) Il assume, nous rassure-t-il, car c’était pour être à l’heure à une réunion très importante avec le président, réunion dont il ne reste aucune trace.
À coté de cela, des écoles délabrées, des bâtiments sociaux qui s’écroulent sur leurs habitants, des hôpitaux vétustes qui tournent avec un personnel minimum et des taxes qui augmentent ... encore et toujours. Alors que le président, il y a 3 mois, nous promettait qu’aucune école ne fermerait, on apprend la disparition de 400 d’entre elles à la rentrée. Comment, après cela, peut-on supporter de lire le rapport de la cours des comptes et tous ces zéros alignés en face de termes comme “frais de représentation”.
Je tombe sur un article improbable de France Info TV où l’on dit qu’Emmanuel Macron a dépassé son budget annuel de 5 millions, mais que ces dépenses sont loin d’être inutiles puisqu’elles ont servi à la mise en place d’un meilleur système de gestion des dépenses ... On marche sur la tête !
En parallèle, au JT du soir, les gros titres sont “Combien nous on coûté les gilets jaunes ?”, “Les gilets jaunes vont-ils couler la France ?” et on nous abreuve de chiffres invérifiables sur l’impact économique des manifestations, attribuant au peuple tous les déficits du pays.
Où est Steve ?
Dans l’ombre de ces polémiques matérielles, un sujet humain semble occulté : Où est Steve ???
Steve Maia Caniço est un jeune homme de 24 ans qui a eu le malheur de sortir à Nantes le soir de la fête de la musique pour écouter de la techno sur les bords de Loire. En France, on a toujours aimé faire durer la fête le 21 juin et il n’est pas rare que des groupes continuent de faire danser les passants jusqu’au lendemain matin. Mais cette année, c’est différent ... à 4h30 une charge de police vient stopper net l’ambiance festive. Un arrêté municipal à déclaré l’arrêt de la musique pour 4h et il y a des retardataires. Cela justifie-t-il la charge violente qui s’en suivra ? L’utilisation de LBD et de grenades lacrymogènes sur des fêtards, au milieu de la nuit et au bord d’un fleuve est-elle raisonnable ? Ce sont les questions que se posent les français ... Une vidéo glaçante (et de nombreux témoignages) montre des gens qui courent au milieu des gaz en hurlant à l’adresse des policiers imperturbables : “Arrêtez ! S’il vous plaît ! Faites attention, il y a la Loire derrière nous, on ne peut plus reculer ! Au secours, des gens sont à l’eau !”
Lors de cette charge, 14 personnes tombent dans le fleuve. Steve ne remontera pas.
Suite à sa disparition, tout le monde s’interroge et le message devient viral sur le net “Où est Steve ?”. Du coté du gouvernement, c’est le silence. On le cherche nous dit-on ... On ne le retrouvera que le 29 juillet, plus d’un mois plus tard, à peine à 1km du lieu où il est tombé. Certains s’interrogent sur ce délai, qui va à coup sûr rendre plus laborieux les examens toxicologiques ainsi que les éventuelles traces de coups (difficile d’isoler des ecchymoses sur un corps qui a passé plus de 30 jours dans l’eau). Mais ceux là sont des complotistes à la solde des bolchéviques, assurément !
Le lendemain de ce funeste jour où le corps de Steve est sorti des eaux, Edouard Phillippe et Christophe Castaner nous rassurent, le rapport de l’IGPN (police des polices) est tombé : Aucun lien n’a été prouvé entre la chute de Steve dans la Loire et la charge de police. Ouf ! Nous sommes rassurés ! Mais est-ce étonnant qu’un rapport fait uniquement par des membres de la police disculpe la police de toute responsabilité ? Qui plus est avant même l’examen du corps ? Pourquoi ce rapport ne tient pas compte des témoignages des gens présents et en vient même à déclarer qu’aucun témoin n’a été trouvé quand ces derniers se plaignent dans la presse que leur témoignage a été écarté ? Qu’en est-il des témoignages des secouristes qui disent que la charge de police était extrêmement violente et totalement disproportionnée ? Dans ce rapport, on peut notamment lire que “aucun élément ne permettait d’établir que les forces de police avaient procédé à un quelconque bond offensif ou une manœuvre s’assimilant à une charge qui aurait eu pour conséquence de repousser les participants à la fête vers la Loire”, bien que “33 grenades lacrymogènes, 12 tirs de LBD et 10 grenades de désencerclement” aient été tirés ... malgré les vidéos de la charge qui circulent partout sur le net. On a soudain l’impression d’être dans un roman d’Orwell !
Les avocats du diable ne savent pas trop sur quel pied danser, certains soutiennent que le jeune homme était probablement saoul (les amateurs de musique sont tous des alcooliques, c’est bien connu !) et a pu tomber tout seul ... d’autres arguent qu’il n’avait qu’à pas être là, l’IGPN tente de rabattre la faute sur la mairie de Nantes en signalant l’absence de barrière devant le fleuve. Et oui, il serait pertinent que les mairies commencent à prendre des dispositions pour sécuriser les citoyens au cas où une troupe de police enragée sillonne la ville en coursant les passants !!!
Malheureusement, les vautours se jettent sans honte sur le cadavre de Steve ... les uns accusent les autres de récupération politique, ce à quoi les accusés répondent “vous de même !”, ça se chamaille comme des gosses sur un sac de bonbons, le chroniqueur Johnny Blanc sur RMC en vient même à dire à l’antenne au sujet de la mort de Steve : “Aujourd’hui, un chien écrasé ça devient une affaire d’état.”
La marche blanche prévue à Nantes pour rendre hommage au jeune homme est interdite par la préfecture qui craint “des violences”. C’est évidemment ce qui se produit alors, parce que les seuls qui ont le courage de braver cette interdiction sont aussi les plus radicaux, les plus fatigués, les plus déterminés.
Mais au delà de ça, nous sommes nombreux à souhaiter que la famille et les proches de Steve puisse trouver le repos, à espérer que sa mort n’aura pas été vaine puisqu’elle aura permis de révéler l’urgence qu’il y a à revoir les techniques de maintien de l’ordre françaises. L’enquête de l’IGPN n’étant qu’une enquête administrative, nous attendons patiemment les suites législatives de l’affaire, tout en sachant, par habitude, que la vérité qu’on nous donnera ne sera pas crédible.
Pourtant, on n’en est pas à la première bavure ... souvenez vous de Zineb Redouane, cette dame âgée tuée début décembre par un tir de grenade qui était arrivé malencontreusement dans son salon, au 4eme étage. On ne sait toujours pas exactement ce qui lui est arrivé, et d’ailleurs aucun média dominant n’en parle. Pourquoi ? parce que c’est un sacré bazar, une histoire pleine de trous et de questions gênantes ... Une autopsie algérienne qui vient contredire le parquet de Marseille, des CRS qui ne se souviennent de rien, un capitaine qui refuse de laisser l’IGPN examiner ses armes, une caméra de surveillance qui dysfonctionne… La Macronie dans toute sa splendeur !
Car en Macronie, on ne pose pas ce genre de question, en Macronie les policiers responsables de bavures ne sont pas inquiétés mais félicités, comme le témoigne cette farce macabre de remises de médailles par Christophe Castaner en personne, une « promotion exceptionnelle médaille de la sécurité intérieure “gilets jaunes” ».
Sont ainsi décorés pour “faits exceptionnels” :
– Grégoire Chassaing, commissaire divisionnaire à Nantes, chargé des opérations de sécurité le 21 juin, lors de la Fête de la musique, le soir de la mort de Steve.
– Le capitaine Bruno Félix, qui a refusé de donner son arme à l’IGPN dans l’enquête sur la mort de Zineb.
– Le commissaire Rabah Souchi (Responsable des opérations de maintien de l’ordre, lors desquelles Geneviève Legay, une militante de 73 ans, a été gravement blessées à Nice) et sa compagne, également commissaire, présente sur place le jour des opérations, et chargée des investigations sur les causes des blessures de la manifestante pacifiste.
– Un commandant divisionnaire, membre de la brigade de policiers venue déloger à coups de matraques et à coups de pieds des manifestants retranchés dans un Burger King, lors de l’acte III des « gilets jaunes ».
Que du beau monde ...
Je veux bien accepter que certains aient des réserves quand aux techniques parfois violentes des manifestants, je suis évidemment d’accord avec le fait que les réponses policières doivent être mises dans leur contexte, mais franchement, quand on en vient à décorer en urgence une promotion exceptionnelle d’agents responsables de violences policières ayant entraîné la mort ou des blessures graves, est-on encore en démocratie ? La France ne vient elle pas de basculer, en douceur et sous le soleil de l’été, dans un régime policier et autoritaire où la violence contre l’opposition est non seulement tolérée mais encouragée et récompensée ?
Les malheurs qui nous lient
Enfin, j’en arrive au sujet qui nous préoccupe autant nous (français) que vous (canadiens). Le CETA ou, chez vous le AÈCG ...
En me renseignant, je vois que vous n’êtes pas épargnés non plus par le foutage de gueule des hommes politiques qui semblent du même acabit dans nos deux pays ! Je vois que chez vous aussi on essaie d’accuser les détracteurs de ce traité de libre échange de tous les maux, même les plus illogiques.
Je ne m’étendrai pas sur les détails du traité, que vous devez connaître, son immoralité, que ce soit vis à vis des petits producteurs broyés dans cette machine mondialisée, ou de l’écologie trahie par ce besoin insatiable de transporter des produits à travers le monde.
Ici, nous nous sommes battus pendant longtemps et avons obtenu très peu ... quelques lois interdisant les farines animales, certains pesticides et antibiotiques ... nous ne voulons pas perdre ce peu durement gagné. Et pourtant, plutôt que de pousser le Canada a évoluer plus rapidement dans sa politique écologique, ce traité rend les avancées européennes quasi inefficaces car, grâce à l’AÈCG, nous auront de nouveau le bonheur de faire goûter à nos enfants le boeuf aux hormones ! Il aurait pourtant été tout à fait possible pour une force telle que l’Europe d’imposer au Canada certaines règles dans ce traité et d’aider ainsi nos voisins à avancer sur le terrain écologique où toute victoire est mondiale. Mais non...
Je ne parlerai pas “du détail” qui autorise les entreprises privées à traîner les états en justice quand ils tentent de modifier leur politique écologique au détriment de ce traité, ... je vais encore m’énerver !
Bien sûr, on peut s’interroger sur l’absurdité qui fait la base du traité : inciter, par le libre échange, des consommateurs canadiens à manger du miel français pendant que les français mangent du miel canadien ... ce qui fait bien des voyages inutiles dont la pollution est directement responsable de l’extinction progressive de cette espèce vitale, ce qui fait que bientôt, plus personne n’aura de miel à échanger librement !
Je constate que chez vous, comme chez nous, les hommes et femmes politiques s’obstinent à prétendre que ce traité est un bienfait pour l’écologie ... et que personne ne semble pressé de les contredire dans les médias !
Certains de vos élus (seulement 7 !) tendent une main à la France dans une tribune qui demande à leurs homologues français de ne pas ratifier cet accord, se faisant écho de notre opposition de gauche (l’opposition de droite étant totalement désintéressée par les questions d’écologie) et surtout de l’avis populaire, notamment celui des agriculteurs alarmés par ce traité qui ne leur laissera que les yeux pour pleurer. Mais tout comme chez vous, ce cri d’alarme reste sourd et l’AÈCG est accepté.
J’ai trouvé assez peu d’informations me permettant de savoir qu’elle est la réaction du peuple canadien et du peuple québécois face à ce vote. De toute évidence, vous restez plus “polis” que nous ! Car ici, la trahison du CETA a entraîné une vague de vengeance que notre ministre de l’intérieur a qualifié “d’attentats”. En réalité il s’agit plutôt d’attentags puisque plus d’une quinzaine de permanences LREM (parti d’Emmanuel Macron) ont été agressées à coups de bombe de peinture et de tas de fumier. Sur les murs on lit des tags qui ne sont pas toujours gracieux mais ont le mérite d’être clairs : “CETA vomir”, “Député pro vache folle”, “Ce député a voté le CETA”, “LREMerde”, “menteurs”, “vendus” ...
En retour, nous avons droit à une véritable farce que je vous invite à partager avec nous, car c’est pas si souvent que ça qu’on rigole ! Sur twitter les élus déclarent la république brisée en même temps que les vitres de leur bureau, parlent de grande criminalité, de fascistes haineux, de menaces de mort, de violences et d’irresponsabilité ... j’en passe et des meilleures, allez jeter un oeil, vous verrez c’est bien drôle ! Ceux là même qui n’ont pas levé un sourcil à la mort de Zineb, à celle de Steve, lorsqu’une fillette de 11 ans qui rentrait chez elle a pris deux tris de LBD dans le dos, ceux là même qui oeuvrent à la destruction de nos services publics, à la privatisation de nos écoles et de nos hôpitaux, nous jouent les tragédiens quand il est question de quelques vitres cassées et de murs tagués ... c’est qu’il s’agit de LEURS murs, de LEUR personne, et là, tout d’un coup, la violence, même matérielle, leur est intolérable !
Malheureusement il semble qu’aucun d’entre eux n’ait très envie de s’interroger sur le pourquoi de ces agressions, sur leur éventuel manque de dialogue avec les électeurs qui finissent par s’exprimer avec les moyens du bord.
Mais je vais vous avouer une chose ; efficace ou non, ça défoule ! Et, peut-être même irais-je jusqu’à vous conseiller de tester ce nouveau mode d’expression qu’est le tas de fumier pour s’adresser aux fumiers qui nous dirigent. Si on s’y met tous ensemble, peut-être pourrions nous les enterrer définitivement sous la merde qu’ils engendrent.
Au moins cela montre que les citoyens ne sont pas prêts à laisser leurs dirigeants vendre leur pays et ses habitants au plus offrant et prouve que, quelque soit l’ampleur de la répression, il restera toujours des moyens alternatifs pour faire entendre notre voix, même s’ils ne sont pas ceux que nous aurions idéalement choisis.
J’espère que la honte de ce traité servira au moins à nous unir encore plus pour défendre non pas nos pays mais notre planète, cet intérêt commun, humain, qui nous lie tous.
B. personne correspondante PTAG en France
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