Édition du 12 novembre 2024

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États-Unis

Soulèvement populaire aux Etats-Unis d'Amérique

N’ayons pas peur des mots : le 8 novembre 2016 a été marqué, chez nos voisins du sud, par un soulèvement populaire de grande envergure. Défiant la presque totalité des sondages, le candidat Donald Trump a raflé à peu près tous les États, à l’exception des États de la Nouvelle-Angleterre et de la Côte ouest. Ce résultat ne tient pas du tout à la personnalité de Trump. Comme disait un électeur interviewé le 9 novembre, un lapin aurait fait l’affaire, s’il s’était avisé d’être candidat et de donner l’impression qu’il s’intéressait aux laissés pour compte.

La démocratie occidentale, il ne faut pas se le cacher, consiste souvent à matraquer le population pendant des semaines, des mois, parfois plus, pour obtenir qu’elle entérine tout simplement ce qu’on lui propose. D’où des candidats de partis différents, mais dont les politiques diffèrent peu. Financés par les milieux d’affaires dominants, candidats et partis sont à peu près interchangeables et leur succession s’apparente souvent à de simples tours de prestidigitation pour faire apparaître une (fausse) nouvelle figure pour en remplacer une autre qui paraît un peu trop usée.

Mais les milieux d’affaires, c’est bien connu, n’ont à peu près pas de sens politique. Comment comprendre autrement qu’ils aient déplacé massivement la production vers la Chine, fabriquant ainsi un monstre qui n’a pas fini de faire des frasques, et des grosses ? Comment comprendre autrement qu’ils aient procédé à la désindustrialisation systématique de pays comme les États-Unis, la Grande-Bretagne ou la France, pour ne nommer que ceux-là ? Pensaient-ils vraiment que les victimes de ces délocalisations sauvages se soumettraient toujours au sous-emploi, au chômage, à la pauvreté, pour ne rien dire de la perte de leur dignité ?

Certes le Brexit en Grande-Bretagne, l’élection de Trump aux États-Unis, l’élection possible de Marine LePen du Front national en France, ne sont pas des hauts-faits de la classe ouvrière classique au même titre que la journée de 8 heures et la fin du travail des jeunes enfants. Mais les ouvriers font ce qu’ils peuvent avec les instruments qu’ils ont sous la main. Ce n’est pas tous les jours qu’ils peuvent s’exprimer par le biais d’un parti bolchévik...

Il n’est pas du tout sûr que l’équipe qui va bientôt diriger les États-Unis réalise le rêve de ses supporteurs : recréer les millions d’emplois disparus sous le couvert de la mondialisation des échanges et des traités internationaux. En effet, il s’agit là de la politique de la très grande entreprise, dont les intérêts à court terme visent à produire dans les pays pauvres et à vendre dans les pays « riches ». Et il n’échappe à personne que cette même très grande entreprise finance campagnes électorales et partis politiques, et s’attend à une certaine « reconnaissance ».

Mais s’il n’y avait pas même le début d’une politique de plein emploi aux États-Unis, on peut imaginer sans peine que le peuple, tout réactionnaire et arriéré qu’il soit, fasse encore irruption dans le décor faussement bucolique de la société respectable. Le problème, c’est qu’on peut alors s’attendre à beaucoup de dommages collatéraux.

Maurice Tremblay

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