Sous le titre « Parce que la rue a plusieurs visages » ce plan cadre bien l’approche globale de la lutte à l’itinérance, soit la nécessité de soutenir une diversité d’actions auprès des multiples populations vivant l’itinérance et ce, dans les différents quartiers touchés par le phénomène. Le Plan reconnaît la nécessité d’agir à partir d’une analyse différenciée selon les sexes (ADS+) pour mieux répondre aux besoins des femmes, de même qu’à ceux de populations spécifiques, dont les Autochtones et les personnes à statut précaire.
Tout comme le fait la Politique nationale de lutte à l’itinérance adoptée au Québec, et auquel il se réfère, le plan de la Ville reconnaît l’importance pour lutter contre l’itinérance d’agir aussi en prévention du phénomène.
Forces, défis et écueils
Ce plan pourrait permettre d’aller plus loin que celui qui avait été adopté par l’administration Coderre, mais dont tous les objectifs n’ont pas été atteints. « L’administration Plante place la barre haute avec ce plan, qui pourra se réaliser si elle fait preuve de leadership pour accomplir ce qui est de son ressort et parvient à obtenir les moyens nécessaires à la réalisation de ses action auprès des gouvernements du Québec et d’Ottawa » a affirmé le directeur du RAPSIM, Pierre Gaudreau.
Ainsi, le gouvernement fédéral a annoncé un financement doublé pour 10 ans dans le cadre de sa Stratégie des partenariats de lutte contre l’itinérance (SPLI), ce qui représente au moins 100 millions $ pour Montréal. Il sera crucial de s’assurer qu’Ottawa accorde une part adéquate de ces fonds pour soutenir la diversité des actions prévues dans le Plan d’action de la Ville.
Aussi, l’objectif de mettre en chantier 950 unités de logement social avec soutien communautaire est des plus pertinents, tout comme celui d’accroître l’action pour la sauvegarde des maisons de chambres. Pour cela, la Ville devra obtenir des budgets accrus de Québec et d’Ottawa et mettre à contribution, comme elle s’y engage dans son plan, la Société d’habitation et de développement de Montréal (SHDM). Alors que celle-ci soutient l’accès à la propriété avec AccèsCondos depuis des années, son investissement dans l’accès à un toit pour les personnes à très faible revenu est plus que justifié.
Le plan a aussi des objectifs importants en matière de cohabitation et de profilage social. Il reprend une recommandation clé de la consultation tenue l’été dernier, soit de procéder à l’analyse de la règlementation municipale et de son application qui mènent à un trop grand nombre de contraventions à l’endroit des sans-abri. Le RAPSIM demande que cet exercice, auquel il souhaite être associé, soit entrepris dès 2018.
Menant à terme un engagement pris par l’administration Coderre, la Ville réalisera en avril un nouveau dénombrement. Néanmoins, le RAPSIM souhaite que la Ville tire le bilan des exercices tenus en 2015 et 2018 avant de prévoir de futurs exercices. Les dénombrements ne donnent qu’un portrait partiel des situations d’itinérance, notamment celles des femmes et des jeunes. En mettant l’accent sur l’itinérance visible, il contribue à une affectation des ressources vers la réduction de l’itinérance chronique, au détriment d’une réponse à des besoins multiples et d’une approche préventive.
Une approche par quartiers
La reconnaissance des réalités de l’itinérance au-delà du centre-ville est une des forces du plan. Il restera à voir quels moyens seront mis en place pour soutenir des réponses dans les différents quartiers. Il sera aussi important que la ville centrale conserve une vision globale sur les actions des différents arrondissements afin que ceux-ci s’inscrivent dans l’esprit du plan, soit la défense du droit de cité pour les personnes itinérantes, en matière de logement, d’aménagement de l’espace public et de services.
« Sans faire table rase de celui du maire Coderre, l’administration Plante a su se doter d’objectifs et d’actions fortes, notamment en logement social et contre le profilage, qui pourront faire une différence » a conclu le porte-parole du RAPSIM, Pierre Gaudreau.
Le RAPSIM est fier d’avoir participé aux travaux menant à l’adoption de plan et il continuera à collaborer avec la Ville pour la réalisation de nombre de ses actions. Il demande aussi à la Ville de mettre en place un mécanisme pour assurer le suivi de ses actions en itinérance avec le milieu.
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