Édition du 17 décembre 2024

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Santé

Santé et services sociaux dans la région de Montréal - Le réseau est dans un état critique (CSN)

MONTRÉAL, le 13 juin 2013 - Environ 500 délégué-es des syndicats CSN du Grand Montréal ont profité du 35e congrès du Conseil central du Montréal métropolitain (CCMM-CSN) pour alerter la population quant à l’état critique dans lequel se trouve maintenant le réseau de la santé et des services sociaux dans la région. Le cocktail composé de compressions budgétaires draconiennes, de privatisation et de marchandisation des services et de l’imposition de méthodes de travail contre-productives dans le réseau met en péril la qualité et la pérennité des services à la population.

« Dans sa course à l’équilibre budgétaire, le gouvernement du PQ exige des compressions de plus de 100 millions de dollars dans la région de Montréal et de Laval. Contrairement au discours exagérément optimiste de certains dirigeants du réseau, nous voyons bien, sur le terrain, que les services à la population et l’accès à ces services, s’en trouvent directement touchés, explique le président du CCMM-CSN, Gaétan Châteauneuf. Le gouvernement fait trois erreurs : il accélère le retour à l’équilibre budgétaire alors que nos finances publiques sont en meilleur état que celles de la plupart de nos voisins. Il refuse d’envisager sérieusement une contribution plus équitable en revoyant la fiscalité. Enfin, il donne des consignes de compressions aux administrations régionales en leur laissant le soin de couper là où elles le veulent : par conséquent le plus grand effort demandé l’est auprès des salarié-es du réseau à qui on peut difficilement en demander encore plus. »

Privatisation

Le CCMM-CSN est par ailleurs extrêmement préoccupé par la poursuite de la privatisation du réseau. Le secteur privé prend en effet de plus en plus de place, particulièrement dans la région de Montréal. Or, on sait déjà que le privé coûte beaucoup plus cher. Cela explique en partie pourquoi le système canadien, où le secteur privé représente près de 40 % des dépenses, coûte globalement plus cher à la population que dans de nombreux autres États où le secteur privé est mieux encadré. De plus, le rôle accru du secteur privé entraine des questionnements quant à la transparence et la gouvernance des établissements ainsi que la qualité des services.

« Si on avait besoin d’exemples montrant que le choix de recourir au privé en santé et services sociaux est hasardeux, nous en avons deux à Montréal qui en sont devenus des caricatures. L’UPAC enquête depuis plusieurs mois au CUSM et des accusations de corruption, notamment, sont portées. Du côté du CHUM, la CSN, d’autres syndicats et Québec solidaire ont tous réclamé qu’on enquête également. Le dossier monté par la CSN dans ce dernier cas soulève de nombreuses questions d’intégrité et d’éthique. Pour aller au fond des choses sur ces deux contrats en PPP, il faudrait des moyens d’enquête. Il est désolant que le gouvernement n’ait toujours pas jugé bon d’intervenir. Que lui faudra-t-il de plus ? », demande le président du CCMM-CSN.

La CSN note également que le mode de gestion opaque des conseils d’administration de ces deux établissements amène des décisions fort discutables comme celle de mettre en vente l’Hôtel-Dieu de Montréal, et ce, alors que la région manque cruellement de lits et que des dizaines de millions ont été investis ces dernières années pour moderniser divers départements de l’Hôtel-Dieu.

La CSN dénonce également l’ouverture faite au secteur privé dans la dispensation des soins et des services à domicile aux personnes âgées contenue au projet d’assurance-autonomie dont le gouvernement souhaite discuter cet automne.

Réorganisation du travail

En plus des compressions et de la privatisation, les problèmes liés à la mauvaise organisation du travail perdurent. Rappelons que lors des dernières négociations du secteur public, les fédérations de la CSN dans la santé et les services sociaux et le gouvernement se sont entendus pour faire de l’organisation du travail dans les établissements en y associant de près les salarié-es et leurs syndicats. Toutefois, nombreux sont les établissements montréalais qui ont choisi d’ignorer cette entente, voire de la bafouer. Par exemple, plusieurs établissements ont fait appel récemment à des firmes privées pour revoir la façon dont sont organisés les soins à domicile. Ces firmes font fi de l’expertise locale et des préoccupations des salarié-es et des syndicats. Elles y imposent, contre la volonté des travailleuses et des travailleurs, un modèle d’interventions minutées qui dénature complètement la mission de ces professionnel-les. La démarche ne prévoit pas que les salarié-es aient un mot à dire dans la définition des cibles d’amélioration ni sur les moyens de les atteindre.

« Le recours à Proaction, ou à d’autres firmes du genre, par les établissements est inadmissible. D’abord, cela coûte cher. En outre, n’est-ce pas le mandat des gestionnaires et des cadres dans ce réseau que de gérer de tels changements ? Pourtant, poursuit Gaétan Châteauneuf, nous avons plein d’exemples ici, à Montréal où des démarches d’organisation du travail respectueuses et paritaires ont donné d’excellents résultats. Cette mode de sous-traiter ainsi à l’externe la mission de réorganiser le travail est vraiment néfaste. Nous ne comprenons pas pourquoi le gouvernement n’a pas encore sonné la fin de la récréation dans ce dossier… »

Bref, l’état du patient « réseau montréalais de la santé et des services sociaux » se détériore à vue d’œil et le CCMM-CSN se demande si on attendra qu’il en soit aux soins intensifs avant de réagir.

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