Édition du 17 décembre 2024

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Afrique

Sahara occidental : Résister au colonialisme marocain

Face à l’oppresseur et aux multiples formes de soutien dont il dispose de la part des occidentaux et de l’Union européenne, en particulier de la France, de l’Espagne, des États-Unis et d’Israël, s’engager comme le fait le Front Polisario dans la résistance armée comme l’un des moyens à opposer à l’occupant marocain est conforme à la Charte des Nations unies et du Droit international.

Tiré du site du CADTM. Photo Dakhla, Western Sahara - cc

Car il est évident que le problème n’est pas la résistance armée du peuple sahraoui contre le colonisateur marocain mais bien l’occupation et le projet annexionniste de ce dernier.

Le peuple sahraoui est un peuple éminemment pacifiste qui a toujours témoigné de son souhait de coexistence et de coopération avec les autres nations de la région du Maghreb et de l’Union africaine. Il l’a démontré en faisant confiance, ces 25 dernières années, aux Nations unies et sa promesse de réaliser en 1990 un référendum d’autodétermination tel que prévu par la Résolution XV 14 de l’AGNU, réaffirmé chaque année par la 4e Commission de l’AG des Nations unies. C’est ainsi que fut signé par le Front Polisario et le Royaume du Maroc, sous les auspices du Secrétaire général des Nations unies à New York, l’accord de cessez-le-feu devant permettre l’identification des votants au référendum sous les auspices de la Mission des Nations unies pour l’organisation du référendum au Sahara occidental, la MINURSO.

Après dix ans de travail d’identification, malgré les nombreux obstacles voulus par le Maroc, lorsque la MINURSO remis les listes des votants, et le Maroc constatant qu’il risquait de perdre le référendum, en rejeta la mise en œuvre. Il avança alors l’alternative suggérée par l’Élysée (à l’époque de Jacques Chirac) d’un plan de large autonomie au sein de l’entité marocaine. Depuis ce temps, le Maroc, tout en revendiquant le Sahara marocain, ne cesse de s’abriter derrière ce dit plan d’autonomie. Il oublie que cette autonomie fut offerte par la plupart des ex-puissances coloniales mais fut rejetée par tous les mouvements de libération africains en lutte pour leur indépendance.

Il y a quatre ans, le président américain Donald Trump, tel un seigneur féodal, offrit le Sahara occidental au Roi du Maroc en échange de l’acceptation par ce dernier des accords d’Abraham, assujettissant le Maroc à une alliance avec Israël dans le cadre de la vision des USA du Great Middle East.

Le Maroc poursuit aujourd’hui ses tentatives d’accaparement du Sahara occidental, avec l’aide militaire et l’assistance technique d’Israël, en utilisant la répression comme la violence meurtrière. Dans le même temps, et comme Israël dans les Territoires palestiniens occupés (TPO), le Maroc colonise, prélève et exploite à son profit les ressources naturelles des Sahraouis, et ce en violation du Droit international et des arrêts tant de la Cour européenne de Justice, s’agissant des accords de partenariat U.E./ Maroc, que de la Cour africaine des Droits humains et des droits des peuples.

Depuis 1975, les Sahraouis ont connu le même sort que les Palestiniens en étant chassés de leur territoire. Les deux peuples ont été déplacés de force et survivent, pour la plupart, grâce à l’accueil qui leur est réservé par des pays frères, telle l’Algérie en ce qui concerne les Sahraouis. Dans les territoires occupés par le Maroc, les Sahraouis, parmi lesquels d’héroïques résistants et résistantes sont violemment réprimés et privés de leurs libertés les plus fondamentales.

Le drame que vivent tant les Sahraouis que les Palestiniens s’appelle le colonialisme ,dans sa forme la plus brutale et barbare. Ce colonialisme n’existe en outre que grâce à la complicité des occidentaux, en particulier de la France, de l’Espagne et des États-Unis. C’est ainsi que le Maroc, comme Israël, se croit au-dessus des lois, du droit et des grandes conventions internationales.

Aujourd’hui, dans leurs luttes de résistance contre l’envahisseur colonialiste, les Palestiniens comme les Sahraouis ne sont pas les avatars d’un colonialisme historiquement condamné et dépassé, ils sont l’avant-garde d’un monde où se produit la deuxième grande étape de l’émancipation des peuples du Grand Sud, confrontés à la domination impériale des multinationales et des grands groupes financiers.

Nombre de grands médiateurs internationaux, tels l’ambassadeur De Mistura, Francesca Albanésé ou encore Jean Ziegler, nombre de mouvements de solidarité pour le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, d’associations citoyennes, de syndicats et de jeunes, perçoivent cette nouvelle aspiration émancipatrice des peuples cherchant un nouveau modèle de coopération et de sécurité pour leur assurer les garanties nécessaires à la paix dans le respect de leur indépendance et la gestion de leurs ressources pour leur bien-être. L’attente des opprimés et des affamés n’a que trop duré. Il est temps de leur donner raison et de revenir aux tables de négociations pour initier un renouveau de l’Organisation des Nations unies et de leur rôle central.

Les massacres génocidaires commis par Israël à Gaza, mais aussi en Cisjordanie et à Jérusalem, ont suscité un éveil mondial et de nouvelles mobilisations qui s’inscrivent dans les grandes étapes des soutiens aux luttes d’émancipation des peuples conduites en Algérie par le FLN et Ben Bella, au Vietnam par Hô Chimin, en Afrique par A. Neto, Mondlane, GA.Nasser, Nyerere, Lumumba, Th. Sankara, S. Nujoma, Sekou Tourré, Nkummah, J. Nyerere et N. Mandela, sans oublier Gandhi, Soekarno, Moa et Gusmao en Asie ou encore F. Castro et S. Allende en Amérique latine et tant d’autres encore.

Palestiniens et Sahraouis sont aujourd’hui des maillons solides de l’histoire qui pousse les peuples à décider souverainement de la conduite de leur lutte pour imposer à la communauté des Nations ce qui est juste. Les formes multiples de rébellion légitime qu’ils adoptent pour faire respecter leurs droits les plus fondamentaux au regard du Droit international qu’ils ont contribué à créer, se fondent sur leur droit à être respectés, ce qui n’est en fait qu’une nécessité existentielle face à l’aliénation qui leur est imposée par la force brutale des armes et des marchands.

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Pierre Galand

Se définit comme humaniste, tiers-mondiste, pacifiste, altermondialiste, militant des droits de l’Homme et du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.
Membre de nombreuses associations.
Ancien sénateur (Belgique)
De 1967 à 1996 : secrétaire général d’OXFAM Belgique
Depuis 1986 : président de l’Association belgo-palestinienne
De 1994 à 2002 : président du Centre national de coopération au développement (CNCD)
Depuis 1998 : président de l’Organisation mondiale contre la Torture - Europe
Depuis 1999 : président de l’association belge des Amis du Monde diplomatique
Depuis 2007 : président du Centre d’Action Laïque

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