Lundi, 13 juin 2011,
L’électoralisme imposé par la ligne de parti du PQ nous amène à questionner sincèrement le futur de la question indépendantiste. Notre vieille voiture a fait beaucoup de chemin, mais depuis maintenant seize années, nous n’avançons plus. Il faut se rendre à l’évidence : peut-être est-il temps de changer de vaisseau. Or, le seul véhicule doté d’une charpente assez robuste pour franchir la distance qui nous sépare de l’objectif à l’horizon, c’est Québec Solidaire.
Les panelistes du colloque des Intellectuels pour la souveraineté de samedi dernier se sont appliqués, sans trop s’en rendre compte, à approuver coup après coup chacun des points du programme de Québec Solidaire. Gérald Larose s’est prononcé en faveur d’une plus grande solidarité sociale comme objectif du projet national, tout en dénonçant à mots couverts le cul-de-sac du « Plan Marois ». Daniel Breton s’est empressé de réaffirmer l’urgence environnementale, tout comme Jean-Martin Aussant qui insistait sur la valeur économique à long terme des énergies vertes. Daniel Turp est venu défendre sa stratégie d’accession à l’indépendance, telle que récupérée par les solidaires, dans laquelle une assemblée constituante précéderait la tenue d’un référendum. Gilbert Paquette a pour sa part approuvé la nécessité de faire front commun avec les autochtones, à l’instar du seul parti défendant le droit à l’autodétermination des premières nations. Nous pourrions également parler des questions d’intégration de la diversité culturelle, de transparence des élus et de gestion des ressources naturelles qui ont aussi fait l’objet d’un consensus tacite pointant dans la même direction que les propositions solidaires.
Pourquoi donc fermer les yeux sur le « gros bon sens » ?
J’invite les militants péquistes, membres ou sympathisants, députés ou candidats, à considérer sérieusement l’option solidaire en tant que véhicule potentiel au renouveau du projet de pays. Il faudra certes s’investir massivement au sein du parti et travailler ensemble à construire sa crédibilité formelle. Sur le fond cependant, l’évidence du consensus saute aux yeux, pour peu que l’on se permette de questionner certains vieux dogmes partisans.
J’invite également les irrécupérables de la grande famille péquiste à cesser la campagne de salissage démagogique qui fait rage à l’endroit de Québec Solidaire depuis l’explosion de la visibilité d’Amir Khadir. La critique et le dialogue sont bien sûr les bienvenus : ce sont les raccourcis médisants et populistes, ceux qui revêtent l’apparence d’un maccarthysme larvé, ceux qui nous font confondre la plume d’Archambault avec celle de Duhaime, qui apparaissent fort inappropriés, tout spécialement dans pareille crise d’intérêt populaire pour la classe politique. Ce faisant, vous causer bien plus de tort que de bien au mouvement séparatiste à un moment décisif où de nouveaux acteurs fédéralistes menacent de sauter dans l’arène. Nous, péquistes et solidaires, sommes alliés : il est simplement contre-productif de faire la guerre au jeune électorat progressiste, celui qui voit dans le projet souverainiste, au-delà des simples arguments identitaires, l’incontournable opportunité de bâtir une société plus juste, plus écologique, plus saine et pleinement souveraine devant les diktats économiques internes et mondiaux.
La semaine dernière, les jeunes péquistes demandaient à Parizeau de céder la place. Aujourd’hui, les jeunes progressistes tendent la main aux péquistes : le temps est venu, après des années d’immobilisme, de se réengager à nouveau dans la voie du progrès.
Pier-Philippe Chevigny,
membre de Québec Solidaire
Université de Montréal