Pré-congrès : présentation de la démarche from la CSN on Vimeo.
Loin de s’estomper, le désabusement de la population québécoise à l’égard de la classe politique gagne du terrain. D’élection en élection, plusieurs personnes ne vont pas voter. Il est possible qu’une des causes favorisant cette abstention soit la certitude que leurs candidats n’ont aucune chance de l’emporter dans leur circonscription. Notre mode de scrutin uninominal engendre des distorsions importantes entre le vote populaire et le nombre de sièges attribués à chaque parti politique. Sans régler tous les problèmes, la mise en place d’un mode de scrutin proportionnel mixte permettrait de mieux refléter la volonté populaire à l’échelle du Québec.
Cela dit, la vitalité démocratique ne se résume pas à une bonne participation électorale, peu importe le mode de scrutin. L’accès à une information diversifiée et de qualité est essentiel pour assurer des débats et des prises de position éclairés sur différents enjeux touchant notre vie collective et notre avenir comme société.
Dans un régime démocratique comme le nôtre, l’entreprise médiatique n’est donc pas une entreprise commerciale comme une autre. L’information qu’elle produit doit être d’intérêt public, sérieuse, fouillée et diversifiée. Or, la concentration des médias renforce la tendance à la commercialisation de l’information. La rentabilité, la volonté de séduire l’auditoire et d’accrocher les annonceurs prennent trop souvent le dessus sur le droit du public à l’information. Le recul de la production d’information d’intérêt public, du journalisme d’enquête, ou encore de la production d’information régionale ou internationale s’explique aussi par ce contexte.
La concentration des médias a aussi favorisé la convergence. Cette stratégie vise à regrouper les activités de presse, à produire une seule information qui circule ensuite à l’intérieur des différents médias d’une même entreprise. Son principal objectif est de baisser les coûts de main-d’œuvre pour accroître les profits. Pour le public, elle a toutefois pour résultat d’uniformiser l’information et de réduire la mission sociale des médias au profit de leur rentabilité financière.
À l’ère du numérique, les géants d’Internet, comme Facebook ou Google, accaparent une part toujours grandissante des revenus provenant du marché publicitaire. En plus de ne pas créer d’emplois au Québec, ces entreprises se contentent de relayer l’information produite par d’autres. Même lorsqu’elles choisissent d’investir l’univers numérique (sites Internet, applications pour tablettes ou téléphones intelligents), les médias traditionnels, notamment les quotidiens imprimés, sont confrontés à une décroissance de leurs recettes publicitaires qui fragilise leur développement et dans certains cas leur survie.
Dans ce contexte, l’État a le devoir, sinon l’obligation de prendre les mesures appropriées pour garantir à toutes et à tous l’accès à une information diversifiée et de qualité. Il doit jouer ce rôle par du financement ou de la réglementation.
Saviez-vous que ?
Bon nombre d’États ont pris des mesures pour consolider leurs diffuseurs publics afin de leur permettre d’offrir un contenu de qualité et diversifié. Au Canada, le gouvernement fédéral verse 31 $ par habitant à Radio-Canada. Au Québec, le gouvernement provincial verse 7 $ par habitant à Télé-Québec. C’est loin derrière la Norvège où le diffuseur public recevait en 2009 un financement par habitant estimé à 164 $. La même année, on évaluait ce montant à 137 $ pour la Finlande, à 118 $ pour l’Allemagne, à 106 $ pour la Suède et à 78 $ pour la France. Les écarts sont aussi importants pour l’aide aux journaux.
Alors que les recettes publicitaires des géants de l’Internet augmentent, celles des médias traditionnels reculent de façon inquiétante. Entre 2003 et 2012, la part des investissements publicitaires sur Internet est passée de 0,9 % à 20,4 %.
Recommandations
Afin de renforcer la démocratie, la CSN propose de revendiquer en priorité :
- Un mode de scrutin proportionnel mixte pour le Québec.
- Une aide financière publique adéquate et des mesures réglementaires pour assurer la production d’une information de qualité et diversifiée au Québec.