Une loi injuste, injustifiée, mauvaise… voire arbitraire
C’est du jamais vu. La loi, fomentée dès le départ par le groupe de travail sur l’industrie de la construction, est injuste, injustifiée et mauvaise. Et à voir le comportement de la ministre Lise Thériault tout au long du processus, on peut qualifier la loi d’arbitraire », a déclaré le président de la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec, Michel Arsenault.
La sourde oreille
« Arbitraire, oui, parce que nous sommes intervenus à de très nombreuses reprises pour faire comprendre à la ministre que son projet était voué à l’échec et que la Commission de la construction du Québec (CCQ) serait incapable de faire efficacement le placement de la main-d’œuvre. Nous lui avons aussi fait des propositions acceptables. Mais elle n’a rien voulu entendre. C’est déplorable. Des spécialistes éminents en relations de travail et des ex-ministres du Travail qui ont connu le dossier de très près ont pris le temps de la mettre en garde contre son projet. Nos représentants syndicaux sont intervenus auprès des membres de la commission parlementaire, des ministres et des députés. On a travaillé du mieux qu’on pouvait, mais la ministre n’a pas bronché… c’est ce que j’appelle de l’arbitraire », a-t-il poursuivi.
La suite
Quant au comité de transition mis sur pied par la ministre qui aura pour mandat de définir les mécanismes du placement de la main-d’œuvre, la FTQ-Construction n’en sera pas, à moins qu’elle ait l’assurance de pouvoir maintenir le lien patronal-syndical. « Nous avons toujours dit que nous étions prêts à examiner un mécanisme où les syndicats pouvaient fournir aux employeurs des candidats qualifiés tout en fournissant l’information à la CCQ. Pour nous, ce lien est essentiel à l’existence de bonnes relations de travail. Mais jusqu’ici, la ministre s’est bouché les oreilles et a maintenu sa position. Si elle n’a aucune ouverture, qu’elle s’arrange avec
sa loi ! », a soutenu pour sa part Yves Ouellet, directeur général de la FTQ-Construction.
Arnold Guérin, président de la FTQ-Construction, a renchéri : « Évidemment, on va tenter de voir avec nos avocats si la loi ou certains de ses articles sont contestables. Mais une chose est sûre, ce n’est pas vrai qu’on va collaborer, de quelque manière que ce soit, à un système régi par une loi qui nous interdit d’avoir des contacts avec les employeurs. La ministre a voulu que la CCQ fasse le placement, qu’elle le fasse ! Je suis convaincu pour ma part que ça ne durera pas longtemps et que les employeurs vont vite s’en rendre compte… parce qu’un placement qui ne marchera pas va bouleverser l’industrie de la construction. »
La FTQ déplore également le déni de démocratie contenu dans le projet de loi : privation d’un poste pour la FTQ-Construction sur le conseil d’administration de la CCQ et sur divers comités, alors qu’elle représente
44 % des travailleurs et des travailleuses de l’industrie ; dérogation au principe du 50 % + 1 pour la ratification des conventions collectives en introduisant l’obligation pour une troisième organisation, même très minoritaire, d’accepter cette ratification ; « hold-up », enfin, des 190 millions de dollars du fonds de formation qui, après avoir été géré conjointement par les parties, passe sous le contrôle de la CCQ.
Quand la réalité frappe…
Promettant de suivre au pas les prochaines étapes et d’intervenir lorsqu’ils le jugeront opportun, les dirigeants syndicaux ont conclu en déplorant que la ministre du Travail ait choisi la plupart du temps de donner crédit aux rumeurs, placotages et allégations de toutes sortes, sans contenu avéré et sans vérification des faits. « C’est bien dommage pour elle, mais nous pensons qu’elle sera vite rattrapée par une réalité beaucoup plus dure : celle de l’échec de sa propre loi. »
La FTQ est la plus grande centrale syndicale québécoise avec plus de 600 000 membres, dont 70 000 membres sont affiliés à la FTQ-Construction.
Source : site de la FTQ