Le FRAPRU considère comme une victoire le fait que la Stratégie reconnaisse enfin les responsabilités d’Ottawa envers les ménages pauvres qui habitent déjà dans des centaines de milliers de logements sociaux qu’il a financés par le passé et ce, en HLM, en coopératives d’habitation ou en logements gérés par des Organismes sans but lucratif. Dans ces deux derniers cas, l’aide est assurée pour dix ans.
Cependant, le FRAPRU reproche au gouvernement Trudeau de pas avoir priorisé la réponse à la pénurie de logements sociaux qui sévit partout au Canada et de se disperser dans des mesures qui n’auront pas les effets escomptés sur l’offre de logements véritablement abordables et convenables pour les ménages canadiens mal-logés. Le FRAPRU condamne particulièrement le choix du gouvernement Trudeau d’instaurer une allocation-logement. « Même si elle permettra, à court terme, de soulager des locataires consacrant une part trop importante de leur revenu au loyer, elle ne résoudra pas le problème de manque de logement adéquats à long terme » commente Véronique Laflamme, porte-parole du FRAPRU. Elle ajoute que les 4 milliards $ consacrés à ce nouveau programme auraient été mieux investis s’ils avaient été ajoutés au Fonds pour le logement social.
Le FRAPRU s’interroge sur le financement promis pour 60 000 nouveaux logements dits abordables, dont environ 14 000 iraient normalement au Québec. « Si c’est du logement social, on est sur la bonne voie », reconnaît madame Laflamme ; « mais si ce sont de logements privés, on sait d’avance qu’ils ne seront pas accessibles aux ménages à plus faible revenu ou du moins qu’ils ne le resteront pas de façon permanente », ajoute-t-elle. Le FRAPRU souligne qu’il faudra suivre le résultat des négociations avec le Québec pour savoir comment ces fonds seront utilisés.
Selon le FRAPRU, pour assurer le droit au logement des ménages les plus mal-pris, l’essentiel des investissements d’Ottawa devrait aller au logement social « parce que c’est la seule façon pour eux d’accéder à un logement en bon état, véritablement abordable, et de ne plus être à la merci de la spéculation immobilière », précise sa porte-parole. Le regroupement continue de réclamer que le gouvernement dépense davantage au cours du présent mandat. « Les 1 119 915 ménages locataires canadiens qui éprouvent des besoins impérieux de logement ne peuvent pas attendre ! », proteste madame Laflamme. Elle rappelle du même souffle qu’au Québec, plus de 41 000 sont en attente d’un HLM et qu’il y en a 90 140 dans la seule ville de Toronto. Selon Statistique Canada, entre 2011 et 2016, au Canada, le nombre de ménages locataires qui consacrent plus que la norme de 30 % de leur revenu pour se loger, a augmenté de 9,4 %.
En ce qui a trait à la reconnaissance du droit au logement, il faudra attendre la publication de la loi promise pour se faire une idée réelle de sa portée, évalue le FRAPRU.
Des actions en faveur d’un meilleur financement du logement social se sont déroulées toute la journée dans plusieurs villes canadiennes. Un camp a été érigé devant le bureau de circonscription du ministre Duclos, à Québec. Des manifestations ont eu lieu à Montréal et à Toronto. Des rassemblements ont été organisés à Sherbrooke, Rimouski, Granby, London et Edmonton. Des actions sont également prévues à Gatineau et Vancouver dans les prochains jours. Ces actions, organisées à l’occasion de le Journée canadienne sur le logement, ont été initiéespar le FRAPRU,l’Ontario Coalition Against Poverty et le Carnegie Community Action Project de Vancouver.
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