1er février 2023 | tiré du site À l’encontre
Cela ne m’a guère surpris. Le mardi précédent, j’avais assisté à une réunion bondée de la section locale du Syndicat national de l’éducation (NEU), alors que les enseignants se réunissaient pour discuter de la grève nationale. La réunion était empreinte de détermination et, comme on peut s’y attendre de la part d’enseignant·e·s, sérieuse et organisée – planifiant méticuleusement l’action de grève et posant des questions pratiques aux responsables syndicaux qui dirigent la section locale. Les enseignants plus âgés ont partagé leur expérience des conflits précédents. Les meilleures pratiques ont été échangées entre les différentes écoles.
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Au début du mois, plus de 90% des 320 000 enseignants d’Angleterre et du Pays de Galles représentés par le plus grand syndicat de l’éducation du Royaume-Uni ont voté la grève dans le cadre d’un conflit sur les salaires (les enseignants d’Ecosse représentés par les syndicats écossais ont déjà mené plusieurs jours de grève).
Cette année, les enseignants se sont vu offrir une augmentation de salaire de cinq pour cent, alors que l’inflation est plus du double. Mais ce conflit ne se limite pas à un grief justifié concernant les salaires de cette année. Selon l’Institute for Fiscal Studies, organisme farouchement indépendant, le salaire des enseignants a été réduit de près de 6600 livres en termes réels depuis 2010, soit plus de 500 livres par mois.
De nombreuses écoles font état de problèmes de recrutement et de garder en fonction des enseignants. Un ami enseignant et chef de département dans un grand établissement secondaire de la banlieue de Londres m’a dit que c’était une « lutte constante » pour recruter et retenir le personnel. Il me parle d’un enseignant qui est entré dans la profession plus tard dans sa vie, « voulant donner quelque chose en retour » après une carrière exceptionnelle. Ce dernier a abandonné après deux ans en raison de la charge de travail et du faible salaire. Il s’agissait d’un « très bon enseignant ». Un autre enseignant qui est parti donne maintenant des cours particuliers à temps partiel et gagne plus d’argent sans la bureaucratie ou le stress de gérer une classe d’élèves à plein temps. Les lacunes sont également comblées par des enseignants suppléants qui « font de gros efforts mais n’atteignent pas le même niveau ».
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La ministre de l’Education, Gillian Keegan, s’est dite « déçue par l’action du NEU ». Par contre, elle ne semble pas trop déçue par le fait qu’au niveau national, près d’un enseignant sur trois quitte la profession dans les cinq ans ou que le propre objectif gouvernemental de recrutement d’enseignants cette année n’a été atteint qu’à 59% (et à 79% l’année dernière). Cette année, le gouvernement n’a recruté que 34% de son objectif de recrutement de professeurs d’informatique – un fait qui met à nu les fanfaronnades du chancelier de l’Echiquier Jeremy Hunt, qui prétend vouloir « aider à faire du Royaume-Uni la prochaine Silicon Valley du monde ».
La ministre de l’Education devrait s’inquiéter du fait que plus d’un demi-million d’enfants sont instruits par des enseignants non qualifiés et que plus d’un demi-million de nos enfants sont instruits dans des classes comportant plus de 30 élèves. Gillian Keegan pourrait également montrer une certaine « déception » face à la politique de Jeremy Hunt. Un responsable du NEU m’a dit que le gouvernement n’avait budgétisé qu’une augmentation de 3% des salaires et avait demandé aux écoles de compenser la différence entre le 3% et l’augmentation proposée de 5% qui doit être incluse dans les budgets de l’éducation existants – ce qui implique que des coupes devront être faites dans d’autres dépenses du secteur. (Article publié sur site iNews dans la rubrique Opinions, le 31 janvier 2023 ; traduction rédaction A l’Encontre)
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