Les taux de perturbations dans l’habitat essentiel du caribou forestier ne cessent de s’accroître réduisant de jour en jour nos probabilités de maintenir l’espèce, ainsi que le lien fondamental qui nous unit à Atiku.
Depuis près de 15 ans que nos membres font le sacrifice de suspendre leurs activités de chasse au caribou forestier, malgré les pertes culturelles inestimables que cela entraîne. Nous avons déployé des efforts considérables dans la protection de l’espèce et de notre culture qui sont intimement liées. Nous avons participé activement à tous les forums mis en place par le gouvernement du Québec, où nous y avons proposé des solutions dans un souci constant d’ouverture et de conciliation avec les divers usages de la forêt.
En contrepartie, le gouvernement du Québec reste volontairement inefficace face à l’urgence d’agir pour rétablir le caribou et refuse constamment nos invitations à dialoguer de Nation à Nation. Il nous renvoie plutôt à sa commission indépendante. Or, dans sa forme actuelle, la commission ne constitue pas un cadre qui permet au gouvernement du Québec de se décharger de son obligation de consulter de façon distincte notre Première Nation.
Champ de compétence ou champ d’incompétence ?
Les mesures misent en place par le gouvernement provincial ne permettent pas de freiner l’augmentation du taux de perturbation dans l’aire de répartition du caribou, puis elles ne contribuent pas au besoin urgent de restaurer son habitat. En 2020, le ministère et son ministre sont même allés jusqu’à lever leurs mesures de protection sur trois massifs caribou, dont celui de la Péribonka sous prétexte qu’il n’y avait pas de caribou. Or, leur propre inventaire réalisé la même année révélait la présence d’une harde de neuf individus dans le massif.
Quant à la commission indépendante sur les caribous forestiers et montagnards, elle ne constitue qu’un processus de plus au stratagème du gouvernement du Québec pour reporter à plus tard la prise de décisions.
Recul imminent de l’aire de répartition du caribou forestier vers le nord
La situation est critique pour le caribou forestier du Pipmuakan. En plus du taux de perturbation qui ne fait que s’accroître et le taux de recrutement constamment à la baisse, c’est le risque d’isolement qui guette maintenant la population. Sans action rapide, le caribou du Pipmuakan pourrait se retrouver dans la même situation que les populations de Val-d’Or et de Charlevoix, occasionnant un recul majeur de l’aire de répartition continue du caribou forestier vers le nord.
L’aire protégée Pipmuakan : une solution au rétablissement et à la réconciliation
En 2020, Pessamit a déposé au gouvernement du Québec un projet d’aire protégée d’initiative autochtone au Pipmuakan qui vise à protéger l’habitat du caribou et le patrimoine culturel innu. Le projet d’aire protégée Pipmuakan constitue une solution clé en main pour contribuer au rétablissement de l’espèce au Québec, ainsi qu’à la réconciliation entre nos peuples.
La Première Nation des Innus de Pessamit à bout de patience
Les gouvernements ne peuvent nier notre présence millénaire sur le territoire et l’importance pour nous de conserver notre lien à Atiku, afin d’assurer notre survie culturelle. Ils doivent honorer leurs engagements concernant la réconciliation, puis respecter leurs obligations constitutionnelles envers les Premières Nations, ainsi que leurs obligations légales relatives à la protection des espèces menacées.
Le grand duel du champ de compétence a assez duré, la bataille pour l’exclusivité du pouvoir de ne rien faire doit cesser, travaillons ensemble dans un esprit de réconciliation pour la protection du caribou et du patrimoine culturel innu.
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