Chers confrères, chères consoeurs et néanmoins camarades et amies,
Quand je me suis attelé à la rédaction de ce livre, il y a 10 ans, le titre qui me venait à l’esprit était : « Fernand Daoust, témoin et acteur d’un Québec en construction ». C’était évidemment trop long et trop lourd pour le titre d’un livre. Mais ça décrivait exactement ce que je savais, ce que je découvrais en fouillant et ce que j’approfondissait du parcours de cet homme que j’ai côtoyé pendant plus de 40 ans.
Avec les années, cette vision ne m’a pas quitté. Tout au long de sa vie, Fernand Daoust a été témoin curieux d’un Québec en transformation. Très tôt, il est passé de témoin à acteur et il a mis lui-même les mains à la pâte. Avec de nombreux compagnons et compagnes de lutte, il a fait la démonstration que le militantisme dans la durée change la société. Son cheminement rappelle à tous et à toutes que l’héroïsme des militants et des militantes ne réside pas toujours dans des gestes d’éclat. Le plus souvent, il habite le quotidien. Le lent, humble et patient travail de l’ombre bardé de détermination et soutenu par la persévérance constitue le véritable héroïsme syndical.
La persévérance, Fernand Daoust l’a pratiqué depuis son tout jeune âge. C’est un homme dont on peut dire qu’il a de la suite dans les idées. Tout au long de sa carrière syndicale, la passion pour la justice sociale, la passion pour la langue, la passion pour le Québec et la passion pour la FTQ à construire se fusionnait en un seul et même rêve. Ce rêve, c’est celui de voir éclore un Québec plus syndical, plus juste, plus français et plus souverain. Un rêve auquel Fernand Daoust a consacré et consacre toujours encore aujourd’hui tous ses efforts. C’est ce lien intime entre la vie d’un homme et l’histoire d’une société en construction que j’ai voulu évoquer le plus fidèlement possible dans la biographie de Fernand Daoust.
Je ne suis pas certain d’y être parvenu de façon satisfaisante mais ce n’est pas faute d’avoir essayé. Il y dix ans, j’ai été trouvé le président de la FTQ, Henri Massé pour lui faire part de mon projet de biographie. Un peu perplexe, Henri m’avait demandé : « Penses-tu être capable de faire ça toi ? » J’avais répondu, impétieux et un peu prétentieux : « Évidemment que je peux. Donne-moi quelques mois, un an, pas plus. Je te ramène un livre. » Je dois admettre, 10 ans plus tard que le temps m’a rabaissé le caquet. Ce fut plus long, plus complexe. En fait, comme disait Fernand souvent, d’une complexité inouïe. Donc, plus pénible aussi mais plus passionnant et plus enrichissant que vous n’aurez imaginé. Le temps m’a dégonflé l’égo mais il ne m’a heureusement pas coupé le sifflet.
Dans quelques mois, le deuxième et dernier tome de la biographie de Fernand Daoust sera lancé à Montréal. Et comme disait le capitaine Bonhomme, les sceptiques seront confondus.
Le tome 1 de la biographie de Fernand Daoust écrit par André Leclerc est actuellement en librairie. Le 2e tome devrait paraître au printemps 2014.