Ce rapport, basé sur une étude effectuée auprès de 6 290 Québécois et Québécoises et 502 employeurs, présente la perception des personnes sondées à l’égard du marché du travail actuel. Il dispense également des conseils aux employeurs afin qu’ils attirent et retiennent la main-d’œuvre, alors que sa rareté s’accentue dans la province.
À prodiguer ces bons conseils, le gouvernement se positionne comme un cordonnier mal chaussé, alors que dans le secteur de la santé et des services sociaux, il échoue à pallier l’important manque de main-d’œuvre et ne parvient pas à freiner le taux de départ élevé.
Pourtant, les constats et conseils contenus dans ce document ne sont ni novateurs, ni surprenants ! On nous indique qu’afin d’attirer et de retenir les salariés, les conditions de travail, incluant les salaires, sont un facteur important. Également, que la main-d’œuvre s’attend à l’obtention d’horaires de travail stables et prévisibles mais qui puissent être flexibles au gré des contraintes personnelles.
En somme, les salariés aspirent à des emplois qui leur permettent l’atteinte d’une qualité de vie satisfaisante, autant au travail que dans la vie personnelle.
Ces attentes sont loin d’être satisfaites alors que dans le secteur de la santé et des services sociaux, les conditions de travail, dont les salaires, d’emblée peu alléchantes, se dégradent depuis nombre d’années. Pour plusieurs titres d’emploi, les horaires sont irréguliers, les heures supplémentaires obligatoires fréquemment imposées et les congés systématiquement refusés.
Mais quel est l’objectif du gouvernement ?
En motivant les employeurs à utiliser la bonne formule afin d’embaucher et de retenir du personnel, que cherche à faire le gouvernement ? Offrir au secteur privé la possibilité d’attirer les travailleurs et travailleuses insatisfaits du secteur public ?
Dans le cadre des négociations entamées avec ces derniers, les propositions salariales qu’il a soumises, inférieures au taux d’inflation, sont en contradiction avec les recommandations au cœur de ce rapport !
Le réseau public de la santé et des services sociaux a longtemps été une fierté pour la société québécoise. Son érosion constante a détérioré l’opinion qu’en a la population du Québec.
C’est que le réseau a été fragilisé par les coupures et restructurations successives qu’il a subies. Alors qu’il repose sur les épaules des personnes salariées, celles-ci sont fragilisées par la pénurie de main-d’œuvre et les conditions de travail déplorables.
Il est fâcheux de constater que rien n’est fait pour contrer ce cercle vicieux qui menace le réseau tout entier, lequel peine à offrir les soins et services auxquels la population a droit.
Pourtant, le gouvernement, appuyé d’études étoffées, se permet de prêcher sur les mesures d’attraction et de rétention de la main-d’œuvre. Puisqu’il sait, pourquoi s’acharne-t-il à faire l’opposé ?
Frédéric Brisson, président du Conseil provincial des affaires sociales (CPAS-SCFP-FTQ)
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