*Tiohtià:ke (Montréal, territoire mohawk non cédé), 1er mai 2021* - Une
cinquantaine de personnes ont répondu aujourd’hui à l’appel du Comité
autonome du travail du sexe (CATS) et ont manifesté devant les bureaux de
la Direction de la santé publique de Montréal. Iels ont exprimé leur
désaccord face aux mesures punitives, tel que le couvre-feu, affectant
directement les travailleuse.eur.s du sexe. Iels revendiquent plutôt la
décriminalisation de leur travail, un accès prioritaire et anonyme à la
vaccination, ainsi qu’une régularisation des statuts d’immigration pour
celles ayant un statut précaire, afin de lutter contre la COVID-19.
*« La COVID-19 a exacerbé les impacts de la criminalisation du travail du
sexe »*
N’ayant pas eu accès aux prestations d’urgence gouvernementales (PCU) pour
la plupart, des travailleuse.eur.s du sexe (TDS) ont dû et se voient toujours
dans l’obligation de continuer de travailler pour survivre malgré les
risques associés à la COVID-19. Selon une militante du CATS, qui souhaite
rester anonyme : *« Le travail du sexe en lui-même implique une grande
proximité avec autrui et notre santé s’en voit définitivement compropmise. »*
Une autre militante s’indigne que les mesures répressives mises en place
par le gouvernement pour lutter contre la COVID-19, telle que
l’interdiction de se rassembler ou le couvre-feu, aient des impacts
dramatiques sur les TDS : *« On voit vraiment que ces mesures viennent
intensifier les impacts de la criminalisation du travail du sexe »*. C’est
particulièrement le cas pour les TDS migrant.e.s, dont le statut
d’immigration est précaire (ne détenant pas la résidence permanente) : *« La
pandémie a exacerbé la précarité et plusieurs craignent les contrôles ainsi
que des vérifications judiciaires, à l’instar des autres travailleur.euse.s
au statut d’immigration précaire »*, note-t-elle.
*Des droits pour lutter contre la pandémie*
Le comité revendique la décriminalisation complète du travail du sexe et sa
reconnaissance comme un travail légitime. *« Nous considérons le travail du
sexe comme un travail majoritairement féminisé ainsi que largement dévalué,
stigmatisé et invisibilisé »*, affirme une militante. Selon elle, le fait de
reconnaitre le travail du sexe comme un travail pourrait permettre de mieux
encadrer la transmission de COVID-19 dans leur milieu de travail : *« Il y a
des employeurs par exemple qui ne mettent aucune mesure en place pour
protéger les TDS du virus, mais c’est impossible pour nous de les dénoncer
sans que notre milieu de travail soit carrément fermé. On pourrait penser
que c’est plus une question que les normes du travail devraient gérer plutôt
que la police*. » Iels pensent aussi que la reconnaissance comme un travail
légitime doit s’accompagner d’une exemption du couvre-feu et de
l’interdiction de se rassembler, comme la plupart des mesures excluent les
milieux de travail, ainsi que d’un pardon des sanctions accordées depuis le
début de la pandémie.
*« Le tribunal a reconnu l’illogisme d’une mesure pour le couvre-feu pour
les personnes sans-domicile fixe. On pense que le couvre-feu est une mesure
stigmatisante et qui creuse les inégalités sociales* ». Iels revendiquent
également un accès prioritaire et anonyme au vaccin contre la COVID-19 pour
les TDS. *« Il nous apparaît clair qu’un accès prioritaire et anonyme au
vaccin contre la COVID-19 pour les TDS est crucial pour assurer notre
sécurité. » *Le comité joint aussi sa voix aux groupes de personnes
migrantes qui revendiquent un programme de régularisation pour les
personnes ayant un statut d’immigration précaire, les TDS migrant.e.s étant
affectées de manière disproportionnées par la pandémie et ayant souvent des
opportunités d’emploi limitées.
Comité Autonome du travail du sexe
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