Le livre Ville contre automobiles. Redonner l’espace urbain aux piétons, de l’essayiste Olivier Ducharme, paraîtra en librairie le 2 février prochain.
À propos du livre
Le confinement du printemps 2020 a été l’occasion pour plusieurs d’expérimenter la tranquillité et l’agréable étrangeté de la vie urbaine soustraite au va-et-vient des voitures. Cet épisode fait figure d’exception : au courant du XXe siècle, l’automobile est devenue l’étalon de mesure de la planification urbaine, au détriment du transport actif ou collectif. La présence grandissante de ces « requins d’acier » a transformé en profondeur les villes et leur qualité de vie, générant au passage une formidable pollution visuelle, sonore et environnementale. Au Québec, les émissions de GES du transport routier ont augmenté de 52 % depuis 1990 et le secteur des transports est responsable de plus de 40 % des émissions de la province. Or, selon le GIEC, nous devrions réduire les émissions de GES d’environ 45 % d’ici 2030 par rapport à 2010, afin de limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C...
Olivier Ducharme propose une solution radicale : sortir les voitures des villes, remettre la marche, le transport collectif et la vie de quartier au centre de la planification urbaine et ainsi amorcer une réelle transition écologique. En décortiquant un à un les pièges que représente le modèle urbain du tout à l’auto, il nous rappelle comment urbanistes et architectes ont embrassé cette vision de la ville, dont le célèbre Le Corbusier. Au nom du progrès et de la modernité, des quartiers entiers ont été défigurés ou rasés pour laisser passer autoroutes, rues larges et stationnements : tout a été repensé en fonction de ce véhicule individuel motorisé, au détriment de la qualité de vie. Malgré l’illusion de vitesse et de liberté qu’aiment nous vendre les publicitaires, l’omniprésence de l’automobile a installé un cercle vicieux d’embouteillages.
Plus il y a d’espaces pour les voitures, plus il y a de voitures, et donc de congestion routière et de pollution. Ajoutons à cela un gaspillage de fonds publics consacrés à l’entretien d’un réseau routier dédié à un mode de transport individuel, au détriment de transports publics efficaces, accessibles et sécuritaires au service de tout le monde. Après un retour sur l’histoire des constructions d’autoroutes à Montréal et Québec, Ducharme nous montre comment les gouvernements continuent d’errer sur la même voie sans issue : projet de 3e lien à Québec, ajouts et élargissement d’autoroutes, etc. Avec la voiture électrique, le piège se verdit et reproduit les mêmes effets pervers du transport individuel. Les infrastructures routières et l’étalement urbain ne font que retarder la mise en place de transports en commun efficaces. Au même titre que la santé et l’éducation, Olivier Ducharme plaide pour que les transports soient envisagés comme un service public gratuit. À l’heure des changements climatiques, il est temps d’avoir le courage politique d’une véritable transition écologique.
À propos de l’auteur
Olivier Ducharme est chercheur à l’Observatoire de la pauvreté et des inégalités au Québec (Collectif pour un Québec sans pauvreté). Auteur de nombreux essais sur la philosophie et le cinéma, il a publié chez Écosociété : À bout de patience. Pierre Perrault et la dépossession (2016) et Travaux forcés (2018).
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