Édition du 12 novembre 2024

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Syndicalisme

Pas question de rabais d’électricité si cela ne crée pas d’emploi

Le premier ministre doit faire de la création d’emploi un critère de sélection des projets.

La création d’emplois doit demeurer un des critères primordiaux d’attribution des blocs d’électricité aux entreprises, dans le secteur de l’aluminium comme dans l’ensemble de l’économie s’exclament en cœur la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ), le Syndicat des Métallos et Unifor.

« Le gouvernement apparait confus, empêtré dans des déclarations contradictoires. D’un côté, il prétend vouloir créer de bons emplois, bien payés, mais de l’autre, il n’a même pas l’intention d’en faire une condition au moment de sélectionner les projets qui bénéficieront de prix avantageux. Québec doit clarifier sa position et être ferme sur ses objectifs en matière d’emploi au moment de transiger avec des multinationales », s’est exclamée la présidente de la FTQ, Magali Picard.

Les trois organisations réagissent aux propos tenus en commission parlementaire par le ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon, comme quoi « la création d’emploi n’est même plus sur la liste des critères » d’attribution des mégawatts d’électricité. Ce dernier contredisait ainsi le premier ministre Legault qui soutenait la semaine dernière que les projets seraient retenus en fonction de leur capacité à « amener des emplois bien payés » et à « décarboner le Québec ».

Certes, l’introduction de nouvelles technologies carboneutres peut amener des changements dans l’organisation du travail. Les syndicats invitent toutefois à maintenir la notion d’emplois au cœur des projets. « Si les emplois demeurent au cœur des critères de sélection des projets, les compagnies se creuseront la tête pour s’y conformer et proposer des projets qui associent les gains de productivité avec la création de nouveaux emplois. Laisser tomber ce critère, quand on prétend vouloir favoriser la création d’emplois bien rémunérés, ce n’est pas raisonnable ! », s’insurge le directeur québécois des Métallos, Dominic Lemieux, qui représente des travailleurs et des travailleuses de l’aluminium à Alma, à Saguenay ainsi qu’à Bécancour.

Son confrère du syndicat Unifor, qui compte aussi des syndiqués de l’aluminium dans ses rangs, renchérit : « Si on vend si peu cher l’électricité aux alumineries depuis plus de 100 ans, c’est parce que cela a permis la création de milliers de bons emplois. À quoi bon laisser les alumineries profiter de tarifs avantageux si on les dédouane complètement de tout objectif de création et de maintien des emplois ? Ce serait faire la part belle à des multinationales, alors que les retombées deviennent de plus en plus minces », fait remarquer le directeur d’Unifor, Daniel Cloutier, qui représente des travailleurs de l’aluminium à Arvida et à Grande Baie au Saguenay-Lac-Saint-Jean.

« L’innovation, ce n’est pas juste pour amener de l’argent dans les poches des compagnies, souvent des multinationales, c’est avant tout pour contribuer au développement économique des communautés et de l’ensemble du Québec. Ça, ça passe par des emplois de qualité », conclut la présidente de la FTQ, Magali Picard.

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