Édition du 12 novembre 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Pas le temps de se diviser !

André Parizeau,est chef du Parti communiste du Québec (PCQ)

Alors que la tension monte entre d’un côté le gouvernement de Philippe Couillard et, de l’autre, les syndicats du secteur public, on assiste depuis un certain temps, et dans certains milieux de gauche, à une relance des attaques contre les directions syndicales des grandes centrales syndicales, voulant que celles-ci auraient déjà " trahi " leurs membres, ou seraient sur le point de le faire.

Nous, au PCQ, tenons à nous dissocier complètement de ce genre de propos et de tels procès d’intention. C’est non seulement plus dangereux que jamais à ce stade ci de la lutte, mais cela — il faut le dire — fait le jeu du gouvenement dans la mesure où cela ne peut que créer plus d’incertitude et doute, et ultimement de la division aussi. Sous prétexte de lutter pour l’unité la plus grande possible, c’est exactement le contraire que cela fait.

Ce genre de gestes, de la part de gens qui n’hésitent pas du même coup à se prétendre meilleur que tous les autres — n’est-ce pas aussi une forme de relent de ceux et celles qui, jadis, croyaient être les seuls à détenir " la ligne juste " —, n’est pas nouveau.

Au sein de certains milieux de gauche, ce genre de comportement à toujours exister, même s’il peut être déplorable et on n’arrêtera pas de le dire. Ceux et celles qui ont connu les années 70 savent de quoi il est question ici. Ce qui est en même temps tassez triste de voir, c’est qu’il y aura toujorus des gens pour ne jamais apprendre des erreurs du passé et des autres.

Avant même que les premiers débrayages n’aient commencé à avoir lieu, cet automne, il y en avait même pour se dire convaincu que cela allait se terminer avec " une trahison ". C’était quasiment écrit dans le ciel.

Que le gouvernement tente de faire peur aux gens actuellement, c’est indéniable. La rumeurs de loi spéciale se font en même temps de plus en plus insistantes.

Qu’il puisse y avoir au sein des rangs syndicaux une certaine dose de flottement ou d’incertitude face à l’avenir prochain, serait dans les circonstances également normal.

Qu’il puisse aussi y avoir du monde qui voudraient peut-être céder un peu trop vite un peu trop au gouvernement, est tout autant possible. Devrait-on pour autant rendre encore pire les choses ? Assurément non !

Un dernier point : le fait de faire à un moment donné, de la part des directions syndicales, une contre-offre, qui sera inévitablement plus basse que ce qui était demandé au départ, n’a rien, en soit d’une supposée " trahison ". Cela est aussi dans l’ordre normal des choses, dans le cadre d’un conflit de travail et d’une négociation en cours.

Rarement verra-t-on également de telles contre-offres faire l’objet, au préalable, d’une vaste consultation chez les membres. Ce qui sera ultimement soumis aux membres, pour sûr, sera ce qui fera éventuellement l’objet d’une entente, ou, lorsqu’il ne peut y avoir une telle entente, ce que la partie patronale aura soumis comme dernière offre.

Reste qu’on en est même pas encore là et que — faut-il aussi le rappeler — la récente contre-offre des directions syndicales représentait la toute première contre-offre à être déposée depuis le tout début des négociations, ce qui remonte déjà à un certain temps. Il faut aussi prendre le temps de se renseigner sur ce que cette fameuse contre-offre incluait.

Plus que jamais l’unité et la solidarité s’impose. Pas la division !

André Parizeau

Chef du Parti communiste du Québec

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