Devant[ 300 personnes provenant de différents secteurs gouvernementaux et de la société civile, l’activité s’est tenue le 2 mai à Montréal. Elle était animée par le journaliste Jean-François Lépine et réunissait Claudia Black, directrice générale du Centre d’étude et de coopération internationale, Denise Byrnes, directrice générale d’Oxfam-Québec et Anne Gaboury, présidente-directrice générale de Développement international Desjardins (DID) et Denis Labelle, président de l’Association québécoise des organismes de coopération internationale (AQOCI). L’émission devrait être diffusée sur le Canal savoir.
Les nouvelles réalités
En ouverture, M. Lépine a rappelé, notamment, le désintérêt d’Ottawa pour les instances de l’ONU, la réduction de l’aide internationale canadienne, l’intégration de l’Agence canadienne de développement international au ministère des Affaires extérieures et du Commerce international - Canada, mais aussi les consultations entreprises par le ministère des Relations internationales, Francophonie et Commerce extérieur du Québec sur l’Agence québécoise de solidarité internationale.
Par ailleurs, on a aussi rappelé l’important tournant opéré par la Conférence de Paris de 2005 dans la livraison de l’aide. C’est à partir de ce moment que les gouvernements occidentaux et les principaux bailleurs de fonds ont fait de l’engagement des instances étatiques du Sud, un indicateur de succès dans les programmes d’aide internationale. C’est aussi dans ce contexte que les ONG doivent redéfinir leur action.
L’AQOCI défend l’indépendance des organisations de solidarité internationale
Devant ces turbulences, Denis Labelle a défendu l’importance de reconnaître, sans exclusive, la diversité et la complémentarité de l’action des organisations membres de ce regroupement. Il a aussi insisté qu’« il fallait séparer le commerce et l’aide internationale » et que toute nuance engageait la coopération internationale sur une pente trop glissante, mentionnant au passage que le nom du ministère québécois n’était pas mieux que celui d’Ottawa.
Tout comme les autres panellistes, des interventions de la salle trouvaient certaines vertus à associer les aspects commerciaux et sociaux, dans une perspective d’autonomie économique. À l’opposé, on a toutefois soulevé que la forte tendance internationale à multiplier les accords de libéralisation du commerce constituait tout autant un obstacle à la défense des droits humains.
Solidarité internationale et justice climatique : même combat
Si plusieurs amalgames entre commerce, économie et développement durable rendaient confus le débat sur ce plan, les enjeux environnementaux ont été très peu soulevés dans le débat, malgré quelques interventions sur l’industrie extractiviste canadienne et le soutien qu’elle a obtenu du gouvernement Harper en aide internationale. Or, on voit bien que la réalité des événements dramatiques, qui commandent une hausse de l’aide internationale, est liée aux conséquences des changements climatiques, en particulier sur les pays les plus fragiles de la planète. Il ne s’agit pas seulement d’une question humanitaire, il s’agit bien d’une véritable dette du Nord à l’endroit du Sud. S’opposer ici comme ailleurs à la poursuite du même modèle de croissance économique devient un alors un geste de solidarité internationale élémentaire. C’est pourquoi les enjeux de la justice climatique s’inscrivent au cœur de l’avenir de l’aide internationale.
Dans le cadre du Festival des solidarités le 15 juin prochain, Alternatives reprendra cette discussion dans le cadre d’un panel sur « Quelle solidarité internationale voulons-nous en 2013 ? ». Nous comptons à cette occasion amorcer une discussion qui doit permettre d’éclairer la vision qu’Alternatives doit adopter pour définir son action dans les prochaines années.