Les résident·e·s privé·e·s de services essentiels
Le manque de personnes professionnelles et techniciennes, le délestage de leurs activités quotidiennes et leur réaffectation chaotique sans indications et ni orientations claires lors de la première vague de COVID-19 ont contribué à la catastrophe, qui a décimé nos aîné·e·s en centre d’hébergement et qui a grandement affecté les membres de l’APTS. Ces dernier·ère·s ont déploré l’insuffisance flagrante d’information sur le terrain ainsi que la mauvaise utilisation de leurs compétences et le manque de formation pour jouer d’autres rôles que leur rôle habituel.
« D’après les témoignages entendus depuis le début des audiences, il est de plus en plus clair que des résident·e·s ont souffert de déshydratation, de faim, d’isolement et de déconditionnement. Plusieurs expert·e·s entendu·e·s par la coroner ont confirmé que les soins en réadaptation, en nutrition et les suivis psychosociaux sont essentiels pour les résident·e·s des CHSLD. Ils et elles ont également assuré qu’un financement dans ces services est impératif. La réaffectation des technicien·ne·s et des professionnel·le·s vers d’autres tâches a privé les résident·e·s de ces soins essentiels, ce qui a contribué à la détérioration de leur état de santé et à l’augmentation des impacts de la COVID-19 dans ces milieux », a constaté Josée Fréchette, vice-présidente de l’APTS.
L’apport essentiel et spécifique du personnel professionnel et technique
Bien que l’APTS prône une première ligne forte, avec le développement du soutien à domicile, il n’en reste pas moins que les CHSLD sont nécessaires et constituent pour bien des familles la solution à préconiser pour l’hébergement en fin de vie d’un·e proche. Et quoique moins nombreux·ses que les salarié·e·s d’autres catégories d’emploi, les professionnel·le·s et les technicien·ne·s possèdent une expertise en prévention, dans l’établissement de milieu de vie - en particulier en fin de vie - et contribuent au maintien des capacités des personnes âgées en évitant leur déconditionnement.
« Le gouvernement et les établissements doivent reconnaître le rôle indispensable du personnel professionnel et technique en l’impliquant dans des fonctions où son expertise sera pleinement contributive. On ne peut que soutenir les propos du Dr Quoc Dinh Nguyen sur les pertes cognitives et physiques des personnes âgées, qui s’opèrent en 24 h s’il n’y pas d’ergothérapeute, de physiothérapeute et d’autres spécialistes pour les stimuler et les mobiliser. Il est donc essentiel que les futurs protocoles de contrôle des infections en tiennent compte pour qu’ils soient le plus efficaces possible », a poursuivi la vice-présidente de l’APTS.
La santé mentale du personnel mise à mal
Alors qu’ils et elles se sont porté·e·s volontaires pour aider dans les résidences pour personnes âgées, les membres de l’APTS ont été confronté·e·s à une situation d’une ampleur insoupçonnée, avec pratiquement aucune indication ni conseil pour répondre aux besoins criants des résident·e·s. Avec le peu d’information reçue, comment être certain·e·s que les gestes posés sont les bons et qu’ils n’aggravent pas, au contraire, l’état de la personne ? Certaines intervenantes sont ressorties de leur journée de travail avec la crainte d’avoir causé plus de mal que de bien. Il s’agit d’un sentiment insupportable, qui a des conséquences psychologiques importantes à court, moyen et long terme pour une personne qui a son travail à cœur.
« Nos membres ont œuvré dans un chaos qui empêchait toute organisation adéquate du travail. Étant donné la nature de leur travail, ils et elles ont l’habitude de communiquer et de transmettre leur expertise en matière de bientraitance et de bienveillance, ce qui leur a été complètement impossible durant la première vague et a généré beaucoup de détresse. Nous espérons que nos recommandations permettront d’améliorer collectivement notre réseau de santé et de services sociaux pour éviter que le pire se reproduise si une autre crise sociosanitaire devait survenir », a ajouté Josée Fréchette.
Des recommandations concrètes pour l’avenir
Les recommandations soumises par l’APTS reposent d’une part sur l’importance de la prévention à tous les niveaux et, d’autre part, sur le maintien de la qualité des services offerts dans les établissements d’hébergement pour aîné·e·s, CHSLD, RPA et RI confondu·e·s.
Parmi les recommandations principales de l’APTS, soulignons la gestion de proximité, l’amélioration des communications ainsi que de l’accueil, de l’encadrement et du soutien du personnel réaffecté. Insistons également sur l’importance de reconnaître l’expertise et l’apport du personnel professionnel et technique dans les soins et les services dispensés aux personnes âgées hébergées.
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