Avec Sarkozy, il partage la conception que l’action politique se passe complètement au-dessus et au-delà de la population. Des dirigeantEs décidéEs et éclairéEs possèdent à eux et elles seulEs toutes les réponses aux problèmes définis à leur manière, tous les moyens et façons de les résoudre, et appliqueront leurs solutions sans défaillir. Dans ce schéma il est impossible de s’opposer à leurs propositions tant elles seraient évidentes. Adieu la démocratie !!! C’est le rêve d’un gouvernement de technocrates qui n’auraient que des préoccupations neutres et profitables au dit-peuple. Et il ne faut que vouloir pour procéder et réussir. Le parti de F. Legault n’a d’ailleurs été élaboré que par un petit groupe à huis-clos comme un plan d’affaire puis soumis un peu plus largement. La droite québécoise, en voie de restructuration, ne trouvant plus son compte dans les deux autres partis de pouvoir, a été prenante.
Il partage aussi, avec Jean Charest cette fois, la peur du peuple, la démophobie, maladie assez généralisée dans les rangs de la droite. Elle se manifeste d’abord par le mépris. À entendre F.Legault réagir à la proposition de référendums d’initiative populaire, c’est tout juste si on ne parle pas d’expéditions armées dans les rues de nos grandes villes et sur nos chemins de campagnes. Le peuple pourrait décider de quelque chose (en dehors d’élire ces éclairéEs)….Quelle perturbation ! C’est l’exact pendant de la version Charest quant aux dangers de la rue justement. La dose de mépris que contiennent ces paroles et attitudes est incommensurable. Dans la vraie vie, cela ne peut mener qu’à des affrontements législatifs et policiers comme nous en avons vus tout au cours du printemps dernier. Il déclare vouloir être ferme sur les objectifs et souple sur les moyens ; il lui a fallu trois semaines de campagne et un bon « briefing » de la part de ses conseillers en communication pour arriver à dire cela et du bout des lèvres. Non crédible !
Son attitude face à Mme Marois dans le 4ième débat suintait le mépris. Nous savons tous et toutes qu’il y a un vieux et profond contentieux entre ces deux « prétendants au trône » mais son absence de considération pour les femmes en général y transparaissait clairement. Après son très significatif questionnement sur la manière de recruter le vote féminin en la réduisant à une variante de cravate et à la séduction, ce moment était éblouissant de vérité non dite. Sans compter les continuelles interruptions et interpellations envers sa vis-à-vis qui l’empêchait d’intervenir et de lui répondre. Démocrate ????
Ce mépris et cette anti-démocratie procède d’un mécanisme intellectuel bien connu : réduire, dans le discours et la pensée, l’objet du débat à une simple chose, sans vie propre, sans volonté propre qui donc, ne peut qu’être « gérée », organisée et gouvernée. Les éclairéEs s’en donnent le mandat, la mission et ensuite le crédit. Je vous prédis que si jamais la CAQ faisait un mauvais score le 4 septembre prochain, nous allons entendre ce cheuf nous dire que c’est bien dommage mais, que le peuple n’a pas compris et ne mérite pas un parti si compétant et si décidé. On peut se poser la question des décisions personnelles que prendra M. Legault à ce moment-là. Le voyez-vous chef du parti de la troisième opposition pendant 4 ans si jamais un gouvernement majoritaire est élu ? Et en cas de gouvernement minoritaire, il ne collaborera pas, alors….. ? C’est un carriériste pur jus.
Et c’est cet acteur politique qui nous assène aux deux phrases qu’il va « faire le ménage » voire « le grand ménage ». Outre les fameuses coupes dans le personnel de la fonction publique et à Hydro-Québec je n’ai toujours pas compris de quoi aurait l’air le Québec après le passage de M. Net. Et je demande à voir ce qu’il y aura dans le porte-poussière, le sac de la balayeuse et sur la vadrouille. Et je rappelle que ce sont encore les femmes, dans notre société, qui font le plus de ménage. Je suis convaincue qu’elles en sont les spécialistes. Nous pourrons juger de vos actions et surtout si vous aurez jeté le « bébé avec l’eau du bain » comme le dit l’expression populaire.
M. Legault, sachez que comme le chantait Pierre Calvé : « Il faut bien plus que des bagages pour voyager ». Les vôtres sont plombés d’idées préconçues lourdes de négations de la réalité sociale et politique et d’une démophobie extrêmement dangereuse. Vous êtes clairement dans la logique néolibérale qui tente de se tailler une plus grande place dans nos vies. Mais nous sommes beaucoup, beaucoup plus que vous ne l’imaginez, à savoir où cela mène. Nous avons les exemples américains, britanniques, d’autres pays européens, et surtout du Canada, juste dans notre cour. Leur exemple est déjà dans notre bagage de connaissances. L’approfondissement des écarts de revenus, le rétrécissement des services publics par une privatisation soutenue, la mise au rancart des mesures de protections sociales, la désyndicalisation etc. etc. sont dans ce catéchisme. Vous dites ne rien devoir à personne……. ! Avec le co-fondateur de votre parti, M. C. Sirois, vous êtes lié à une frange de l’establishment d’affaire qui compte sur vous pour lui « livrer la marchandise », celle dont je viens de parler et qui lui permettra de s’enrichir encore un peu plus. Mais nous ne tomberons pas dans ce piège.
Rôle des médias
Et ne voilà-t-il pas, que fidèles à leur manière de construire la réalité, les médias dominants, y compris Radio-Canada et le Devoir lui donnent depuis le début de la campagne, une place de droit dans le trio des dominants. C’est un mécanisme bien connu, presque usé maintenant, qui prévaut dans toutes les grandes démocraties dans le monde : traiter les campagnes électorales comme des courses de chevaux. On ne tient compte que des partis qui mathématiquement, selon les sondages, pourraient arriver au pouvoir. Foin des autres, foin des programmes !
Pourtant il y a assez de talents parmi ces travailleurs et travailleuses des communications, les enquêtes de Radio-Canada, de la Presse et le segment de l’épreuve des faits de Radio-Canada en sont la preuve, pour qu’il en soit autrement. Nous pourrions espérer avoir un exposé crédible du visage que pourrait avoir le Québec selon les divers programmes politiques mis en jeu. Il serait alors possible de voter selon des convictions fondées sur des connaissances et non sur les seules apparences et les vulgaires tentatives de séduction. Sans doute chacunE peut le faire pour soi-même mais, la publication de ce genre d’informations les rend toujours plus éclairantes. Prendre le pouvoir est plus sérieux que le résultat des courses même celles des jeux olympiques. Notre presse passe à côté de ce devoir.