Le Réseau Québécois Action Santé Femmes (RQASF) apprécie grandement que son appel à la collaboration ait été entendu[1], ainsi que l’engagement à consolider le partenariat avec le monde communautaire.
Néanmoins, il se doit de souligner que sur un total de 26 mesures[2], 16 d’entre elles ne visent que le développement/partage des connaissances ou gestes symboliques (comme souligner la Journée internationale des femmes[3]). Or nous traversons un ouragan ; les défis sont immenses. L’heure n’est plus au développement des connaissances mais à l’action et aux services concrets[4].
La crise sanitaire l’a démontré : les fonctions vitales au maintien de la santé, du bien-être de la population et de l’équilibre social sont assumées par les femmes : services essentiels, proches aidantes, soutien psychologique, soins aux enfants, à l’éducation, tâches domestiques… Tout ceci a grandement détérioré et continue de détériorer leur santé, surtout leur ‘santé mentale’[5]. Où sont les réponses à ces besoins ? Le plan n’y répond pas. Il considère principalement que la santé des femmes se réduit à leur santé sexuelle et reproductrice. Or les femmes ne sont pas qu’un vagin.
Le RQASF partage l’objectif fort louable de réduire le taux de mortalité due aux cancers féminins. Néanmoins si l’on veut réellement être efficace en prévention, c’est dans l’abolition des dizaines de substances toxiques dans l’eau, les produits de soins corporels, les produits nettoyants et autres qu’il faut agir, plutôt que dans l’accès aux dépistages.
Le RQASF souligne le souci de cohérence de ce plan. Il répertorie d’autres plans d’action qui ont un impact sur la santé. Néanmoins, la simple existence d’un plan gouvernemental ne garantit pas que sur le terrain les besoins soient comblés, loin de là[6]. De plus, un budget de 4 millions par an pour soutenir la santé d’environ 4 millions de personnes, soit la moitié de la population, est radicalement insuffisant. Surtout en temps de COVID.
Après cinq ans d’attente, malheureusement, le principal reste encore à faire.
[1] Santé des femmes et COVID : un recul de 30 ans à combler, Propositions pour le futur plan d’action pour la santé et le bien-être des femmes, mémoire présenté par le Réseau québécois d’action pour la santé des femmes (RQASF) au sous-ministre adjoint du ministère de la Santé et des Services sociaux, M. Marc-Nicolas Kobrynsk, le 29 octobre 2020 (voir le document en annexe)
[2] Les 16 Mesures sont les Mesures 1, 2,7,11,13,15,16,17,18,20,21,22,23,24,25,26 .
[3] Mesure 3
[4] Une analyse détaillée des impacts de ce plan sera produite par le RQASF en janvier 2021.
[5] En ce qui concerne la ‘santé mentale’, seul l’Objectif 5 en traite, et ce n’est que pour « prendre en compte les réalités des femmes dans la campagne annuelle d’information ».
[6] Notons que la majorité des plans cités ont été conçus sans analyse différenciée selon les sexes (ADS+) et qu’ils fonctionnent presque tous en silo ; alors que le rôle du MSSS est justement de les harmoniser pour une approche globale de la santé.
Réseau québécois d’action pour la santé des femmes
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