Ce choix économique et idéologique, appuyé sur la croyance en un monde aux richesses infinies donné en cadeau aux humains, a fait la preuve de son ineptie et causé des ravages tant environnementaux que structurels. L’économie de l’ensemble du Canada en paye le prix. Les Canadiens ont sanctionné politiquement les errances du gouvernement conservateur en choisissant le parti Libéral aux dernières élections.
Monsieur Trudeau a de graves décisions à prendre en matière d’orientation de la politique énergétique du Canada. Soumis aux lourdes pressions des provinces de l’Ouest et du secteur des hydrocarbures, il vient d’annoncer une aide financière de un milliard de dollars à l’Alberta [1]. Très bonne idée.
Mais du même souffle il reconnaît « la nécessité pour l’Alberta de pouvoir écouler son pétrole par des oléoducs. » Monsieur Trudeau était pourtant à Paris, à la COP21, il y a deux mois seulement et ses discours sur l’avenir et la lutte contre les changements climatiques ont séduit les médias. Il devrait savoir que l’exploitation des sables bitumineux est un cul-de sac tant environnemental qu’économique. Le Canada est-il incapable de sortir de l’ornière des combustibles fossiles ?
N’y a-t-il pas d’autres façons d’aider l’Alberta que de poursuivre cette fuite en avant ? S’il est impossible de freiner efficacement et rapidement le secteur des sables bitumineux, peut-on au moins décider de ne pas favoriser sa croissance et refuser de laisser construire de nouveaux oléoducs ?
C’est d’une profonde reconversion qu’il doit être question. L’Alberta, après avoir mis en difficulté le secteur manufacturier de l’Est du Canada par sa politique extractiviste, doit se reconstruire sur d’autres bases. Le secteur des énergies renouvelables est créateur d’emplois, beaucoup plus que celui des combustibles fossiles.
Le Québec ne se laissera pas imposer une augmentation du transport du pétrole sur son territoire. Oui, nous avons besoin d’un certain approvisionnement pour notre secteur de la pétrochimie. Oui, nos voitures roulent encore majoritairement à l’essence. Mais le pétrole issu des sables bitumineux et surtout la production supplémentaire qu’autoriserait la construction d’un oléoduc comme Énergie Est, serait essentiellement destiné à l’exportation, dans un marché déjà surchargé, dans un contexte où l’avenir de nombreux humains est menacé par les changements climatiques.
Les citoyens du Québec, comme un nombre croissant de citoyens des autres provinces, refuseront ce projet et continueront à insister pour que leurs élus les écoutent, respectent leurs promesses et orientent résolument notre économie vers la transition énergétique.
Denise Campillo
Membre du Regroupement Vigilance Hydrocarbures Québec
Roxton Falls, le 5 février 2016