15 février 2021
Depuis quelques années, et plus fréquemment depuis quelque temps, constatant d’énormes problèmes dans notre système scolaire, plusieurs voix réclament la mise en place par le gouvernement d’une réflexion collective sur l’éducation. Les problèmes abondent et ils sont graves : l’inacceptable ségrégation scolaire dénoncée entre autres par le Conseil supérieur de l’éducation ; la lourdeur de la tâche des personnels scolaires qui provoque le départ de plusieurs ; la démocratie défaillante des institutions scolaires, qui va de pair avec un brouillage des responsabilités ; l’inacceptable omerta imposée à toutes les personnes de la maternelle aux ministères ; l’envahissement mercantile et sans balises des TICS à l’école ; l’insuffisance de moyens pour soutenir les élèves les plus démunis ; le piètre état du parc immobilier ; le matériel scolaire insuffisant, dont les manuels et outils de référence au cours de la scolarité obligatoire ; la remise en cause de plus en plus fréquente, par des élèves et leurs parents, des contenus et des méthodes employées en classe, qui phagocyte l’enseignement et sa mission culturelle ; le peu de considération et de moyens pour l’éducation des adultes et l’éducation professionnelle. Ce portrait est loin de ce qu’annonçait le Rapport Parent !
Or, on ne peut pas résoudre ces problèmes à la pièce, car ils sont interreliés. Tous demandent des diagnostics précis et des orientations réfléchies et consensuelles : l’éducation est une responsabilité collective. Aussi, les changements nécessaires doivent être l’objet d’une adhésion large, particulièrement chez celles et ceux qui sont concernés au premier chef. Dès lors, l’idée de réclamer du gouvernement soit une Commission Parent 2.0 soit de seconds États généraux sur l’éducation émerge spontanément.
Mais, il y a un mais…
Comment imaginer que le gouvernement actuel ait la volonté politique de répondre à une telle demande ? Comment ne pas craindre que le ministre de l’Éducation qui refuse de reconnaitre le problème de la ségrégation scolaire ne soit pas tenté de biaiser avec les modalités d’une telle démarche, si jamais il s’y contraint ? Comment présumer qu’il en poserait correctement les termes et en respecterait les orientations ?
Il faut se souvenir de ce qui s’est passé avec les États généraux sur l’éducation en 1995. La consultation avait été bien faite, l’intégrité des commissaires et les modes de consultation choisis avaient fait de l’exercice une authentique démarche collective de réflexion. Mais tout cela n’a pas été suffisant ! Il faut relire le rapport final de 1996 et se rappeler qu’il a mené à une réforme mal ficelée, fort critiquée et critiquable.
Le gouvernement actuel, comme ceux qui l’ont précédé, est en bonne partie responsable des problèmes évoqués. Il n’a jamais remis en cause la marchandisation de l’éducation ni la promotion des nouvelles méthodes de gestion axées sur les résultats (GAR) ni les politiques du nouveau management public (NMP). On ne peut attendre que le gouvernement actuel réponde aux demandes d’un large débat public sur l’éducation et encore moins qu’il appliquerait les recommandations qui seraient incompatibles avec son idéologie et ses politiques rendues transparentes par les lois 40 et 12. Alors, que faire ?
Seule une large coalition citoyenne peut susciter cette nécessaire réflexion nationale sur l’école québécoise. Dans les prochains mois, Debout pour l’École ! entend convier à une rencontre des membres d’organisations d’enseignants et de parents, des spécialistes des sciences de l’éducation, des administrateurs scolaires ainsi que des militantes et militants d’organismes voués à la défense de l’éducation, dont le Mouvement L’école ensemble, Je protège mon école publique, Profs en mouvement, Losanges jaunes, Profs contre l’austérité, le MÉMO, pour examiner ensemble la meilleure voie à suivre afin qu’adviennent les changements requis.
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