L’austérité précipite la catastrophe économique qui atteint l’Europe, tout récemment la population chypriote. Mais George Osborne1 poursuit la même politique désastreuse. Le budget annoncé la semaine dernière n’est pas une surprise : Osborne a annoncé encore de nouvelles coupes budgétaires ainsi que l’extension du blocage des salaires dans le secteur public, ce qui signifie une baisse du pouvoir d’achat en termes réels. Il nous enfonce encore plus profond dans un gouffre économique, comme le montre la révision des prévisions de croissance fournies par le Bureau de la responsabilité budgétaire : un taux de croissance de 0,6% au lieu de 1,2% initialement prévu. Cela ressemble beaucoup à un nouveau déclin et non à la croissance promise ; et ce sont les gens ordinaires qui en paient le prix. La violence des attaques économiques du gouvernement ne connaît pas de limites. Aide aux handicapés, allocations chômage, impôts locaux, taxe sur les pièces inoccupées : autant de politiques punitives dirigées contre les membres les plus vulnérables de la société.
Si l’on jugeait en fonction de ses objectifs affichés, on pourrait facilement affirmer que la politique gouvernementale est inefficace : le déficit sera supérieur de 61,5 milliards de plus que prévu. Mais, bien sûr, la vérité est que, en réalité, les politiques d’austérité ont été conçues en vue du démantèlement de l’État providence, de la baisse des salaires et de la marchandisation complète de l’ensemble de l’économie, de la destruction de tous les acquis économiques et sociaux obtenus par les couches populaires depuis la Seconde Guerre mondiale. Du point de vue du gouvernement, ces politiques sont efficaces !
Au sein de la société, la compréhension de ce que veut réellement le gouvernement progresse et, en conséquence, l’opposition grandit et l’on discute maintenant d’alternatives en matière de politique économique. Rien que la semaine dernière, le Guardian a publié un appel de 60 économistes qui expliquent que le pire est à venir : il reste encore 80% des coupes budgétaires à réaliser…
Alors que ces politiques économiques alternatives sont en débat, politiquement vers où pouvons-nous nous tourner pour qu’elles soient reprises en tant que politique de parti ? Si nous voulons combattre pour une alternative, qui est de notre côté ? Dans le passé, beaucoup s’attendaient à ce que le Parti travailliste agisse pour nous et avec nous ; mais ce n’est plus le cas. L’allocation chômage ? La semaine dernière, le Parti travailliste s’est abstenu et maintenant le gouvernement peut en exclure un quart de million de demandeurs d’emploi. La taxe sur les pièces inoccupées ? Est-ce qu’un gouvernement travailliste l’abolirait ?
Nous avons besoin de politiques qui rejettent les coupes budgétaires des conservateurs, qui régénèrent l’économie et améliorent les vies des couches populaires. Nous n’obtiendrons rien de tout cela du Parti travailliste. Cela ne fait aucun doute : par le passé, certaines réalisations travaillistes ont été remarquables, comme l’État providence, le service de Santé publique, une économie redistributive qui a rendu possibles des niveaux inégalés dans l’Éducation et la Santé. Mais ces réalisations appartiennent maintenant au passé. Aujourd’hui, le Parti travailliste s’est converti aux coupes budgétaires et aux privatisations. Il démantèle lui-même sa grande œuvre passée. Le Parti travailliste nous a trahi. Rien ne le montre plus clairement que « L’esprit de 45 ».
Le Parti travailliste britannique n’est pas isolé dans son glissement à droite et sa conversion aux politiques économiques néolibérales. Ses partis frères en Europe ont suivi le même chemin depuis deux décennies. Mais, ailleurs en Europe, des nouveaux partis ou de nouvelles coalitions – comme Syriza en Grèce ou Die Linke en Allemagne – ont commencé à occuper l’espace laissé vacant et à offrir une alternative politique, une vision économique et sociale. Il faut en finir avec l’anomalie qui laisse la Grande-Bretagne sans alternative politique de gauche pour défendre l’État providence, l’investissement créateur d’emplois, le logement et l’éducation, la transformation de l’économie.
C’est pour cette raison que nous appelons les gens à se joindre au débat pour la fondation d’un nouveau parti de gauche. La classe ouvrière ne peut rester sans représentation politique, sans défense alors même que toutes ses victoires et tous ses acquis sont en train d’être détruits.
1. Ministre de l’Économie et des Finances du gouvernement Cameron