Comment se fait-il que les gouvernements appliquent des « solutions » qui ne feront que tôt ou tard aggraver ces crises ? Comment se fait-il que les gens ne sont pas plus mobilisés ? Pourquoi ? Les préjugés empêchent de voir la réalité en face.
« Il est plus difficile de défaire un préjugé que de désagréger un atome » disait Einstein. Les préjugés sont un écran qui empêche de voir la réalité en face et donc d’améliorer la situation lorsque nécessaire.
Parmi ces préjugés, le mot « communiste » remporte la palme. Chaque fois que je parle des lacunes du système capitaliste, il y a toujours quelqu’un pour dire : « Le système communiste n’est pas mieux » En sous-entendu : comme le système communiste n’est pas mieux, ne questionnons surtout pas le système capitaliste. Bien d’accord que le système communiste tel qu’il fut appliqué n’était pas mieux. Mais entre ces deux systèmes, pourquoi n’y aurait-il pas de la place pour une système économique au service de l’humain. Pourquoi faudrait-il choisir entre ces deux extrêmes ?
Pendant longtemps aussi ce préjugé m’a aveuglé au point de ne pouvoir chercher d’autres alternatives. Au départ, comme la majorité des gens, je croyais fermement que le système capitaliste était "le plus meilleur système au monde" alors qu’en même temps je cherchais par terre et par mer pourquoi il y avait tant de pauvreté !!! Je croyais dur comme fer que grâce à la libre-concurrence, au jeu de l’offre et de la demande, ce système était en soi porteur d’équilibre !!!! "Il faut bien qu’ils offrent des salaires décents, s’ils veulent qu’on achète leurs produits, me disais-je" Cela m’a pris du temps à comprendre. Maintenant tout est clair : un système qui a comme unique but le profit ne peut déboucher sur un monde de justice et de paix, ce qui est l’aspiration fondamentale des êtres humains. La fondation de ce système repose sur un vice : la cupidité. Peut-on s’étonner qu’avec une telle fondation, tout l’édifice soit en train de s’écrouler ?
Beaucoup de gens, sinon la majorité, croient à tort que le système capitaliste a toujours existé. Combien savent qu’il compte à peine deux siècles et demi ? Pourtant, avant que la naissance du capitalisme, les gens vivaient quand même, l’économie « roulait » quand même.... Bien sûr, tout n’était pas parfait... il y eu la clique des rois, la clique des seigneurs féodaux. Il y a toujours eu du monde qui se sont organisés pour exploiter les autres...
Justement, en tant que citoyens il est urgent que nous nous organisions pour exiger et bâtir un système centré sur l’être humain. Pour cela, il nous faut sortir de nos préjugés et de notre torpeur pour réactualiser et mettre en action le sens premier du terme économie tel que décrit par Aristote. Économie, capitalisme et solidarité s’opposent bien sûr. Économie, dans son vrai sens, et solidarité ne s’opposent nullement.
Les gens s’imaginent à tort que remettre en question le système capitaliste, réorganiser autrement l’économie, veut dire nécessairement qu’il n’y aurait plus de places pour les petites et moyennes entreprises. Donc, en partant, ils ferment la porte. Pourtant , entre ces deux systèmes : capitalisme et communisme, il y a de la place pour de nombreuses alternatives. Dans un système où les citoyens seraient les maîtres de leur économie, et non ses serviteurs, il y aurait toujours de la place pour la liberté d’entreprises bien sûr, en autant qu’ils tiennent compte des droits humains et environnementaux. Dans ce système, les coopératives occuperaient la place d’honneur, car les coopératives, dans le vrai sens du terme, quand elles respectent les sept règles de la coopération, sont à l’opposé du système capitalisme. Ces coopératives existent déjà. Il suffirait d’en faire davantage la promotion, de les faire fleurir et fructifier davantage. Si les coopératives avaient bénéficié d’autant d’appui et de subventions que les transnationales, notre société fonctionnerait déjà sous le mode cooopératif et nous ne serions pas en crise actuellement, ce fossé entre riches et pauvres n’existerait pas, et l’équilibre de la planète ne serait pas en danger. C’était d’ailleurs la vision d’Alphonse Desjardins, (vision en partie trahie par les hauts dirigeants des Caisses Desjardins). Malheureusement, combien de fois nos gouvernements ont-ils mis des bâtons dans les roues des coopératives, surtout les coopératives de production ? Les gens de Guyenne en Abitibi en savent quelque chose...Quand à nos ressources naturelles, celles qui appartiennent à tout le monde : énergies électrique, éolienne, solaire, mines, forêt, on pourrait les confier à des sociétés publiques comme l’est Hydro-Québec et/ou à des coopératives.
Quand il s’agit de concevoir un système où l’économie est au service des humains, c’est relativement facile. Ce qui est extrêmement difficile, c’est comment faire la transition entre ce système actuel et un autre plus humain avec le moins d’affrontements, le moins possible de sang versé. Il ne faut évidemment pas s’attendre à ce que ceux qui profitent de ce système, et qui ont pour eux les milliards et bien souvent les polices et/ou les armées à leur disposition, se rendent facilement à la raison... Le comportement de la police lors du Sommet des Amériques, et lors de la contestation du PSP à Montebello, nous en donne déjà un avant goût... Plus la contestation sera grande, plus la répression sera forte. Et cela va continuer tant que l’information ne rejoindra pas une masse critique des gens... La Bolivie nous montre l’exemple où face à la privatisation de l’eau par la transnationale Bechtel, (sur recommandation de la Banque mondiale !!!) , les citoyens ont réussi, par leur solidarité, à chasser cette compagnie et se sont réappropriés leur ressource. Après bien des morts et des blessés !
Cette transition ne se fera évidemment pas du jour au lendemain. D’où l’importance de travailler : à faire tomber les préjugés en encourageant les médias alternatifs, à instaurer dans l’ici et maintenant un commerce plus équitable, à encourager l’agriculture d’ici, à créer un plus grand nombre de coopératives, à faire les choix écologiques qui sont à notre portée, à faire respecter les droits humains, à dénoncer les guerres injustes, bref à mieux nous organiser notamment en s’engageant dans un organisme ou un mouvement social, etc. [1]
Plus le niveau de conscience des citoyens face aux enjeux actuels grandira, plus ils feront pression sur leurs élus pour qu’ils respectent leur mandat et gouvernent réellement pour leur mieux-être, et non en favorisant le plus-avoir des transnationales comme c’est le cas aujourd’hui. Plus ces mêmes citoyens seront conscients des enjeux, plus ils seront capables de déceler la manipulation des politiciens, de déchiffrer leur double discours, et donc plus à même de voter pour des gens qui auront véritablement à coeur le bien commun.
Dans cette tâche immense de se réapproprier l’économie , la planète vient en quelque sorte à notre secours... Ce même système économique capitaliste, met en péril notre seul habitat. Face à ce mur : se réveiller ou périr. Évidemment il ne faut pas compter sur les médias corporatifs pour aider les gens à voir clair.... Eux-mêmes font partie intégrante et bénéficient de ce système où les gens sont enrégimentés au service des profits à faire pour les nantis. Ils vont tout faire pour que cette masse critique de citoyens informés ne soit jamais atteint...
"Le point de basculement du système politique surviendra quand une majorité de gens en sauront assez au sujet de cette crise et des solutions pour épouser la cause, a dit M. Al Gore lors d’une entrevue accordée à Associated Press. Vous verrez alors tout le système politique changer dramatiquement."
Al Gore fait référence à la crise des changements climatiques. D’ailleurs nous l’avons bien constaté. A partir du moment ou les citoyens ont pris conscience des enjeux environnementaux, tous les gouvernements ont commencé à se dire vert.... Agir vert est une autre chose !
Ce point de basculement évoqué par Al Gore, peut s’appliquer aussi aux crises actuelles. Plus les gens réaliseront que crise économique, crise financière, crise alimentaire, crise agricole, crise forestière, crise dans les pêcheries, crise du déséquilibre climatique, crise de la biodiversité, etc... ont en commun le système capitaliste, plus ils seront interpellés dans leurs préjugés, plus ils seront solidaires pour exiger un changement. Ce sera alors le point de basculement vers un monde plus juste où l’économie sera, comme elle doit l’être, un outil au service des citoyens, où les citoyens seront les maîtres de leur système économique.
Vos réactions ? : enjeuxactuels@gmailcom