Approfondissant la crise du régime en Turquie, la politique répressive et la dérive autoritaire du régime du palais ont créé les conditions nécessaires pour une tentative de coup d’État. Mais après l’échec d’une telle tentative de coup d’État, le régime du palais a poursuit, en l’accélérant, sa politique liberticide, anti-démocratique et répressive. Erdogan n’a pas qualifié cette tentative de coup d’État de “don d’Allah” en vain. Le limogeage des dizaines de milliers de magistrats pose la question de savoir si le gouvernement détenait déjà une longue liste et si celle-ci contenait non seulement les noms des putschistes mais aussi ceux de tous les opposants du gouvernement d’AKP. L’appareil étatique vit le plus grand effondrement de son histoire et l’AKP n’a jamais été aussi impuissant. Instaurant l’état d’urgence avec le mot d’ordre « l’État s’est effondré, vive l’État », le régime du palais qui ne fait confiance à personne cherche à prendre le contrôle total.
En instaurant l’état d’urgence, l’AKP a immobilisé l’Assemblée Nationale pour laquelle il avait exprimé sa gratitude pour la prise de position contre le coup militaire du 15 juillet. L’AKP a ouvert la voie à l’arbitraire et au recours aux décret-lois. Ainsi, le palais présidentiel cherchera à diriger son propre régime comme il le souhaite. Mais il est confronté à une crise profonde du régime, à un appareil étatique qui est sur le point de s’effondrer à cause des purges et de la situation économique hors de contrôle.
Le régime du palais fait la propagande de l’état d’urgence en disant qu’il sera utilisé pour éliminer la menace de coup d’État. Mais le régime lui-même est parfaitement conscient qu’après l’élimination des putschistes, la crise politique et économique ne pourra pas être résolue du jour au lendemain. En utilisant l’état d’urgence et les décret-lois, le régime intensifiera sa politique d’attaques économiques et essayera de dépouiller la classe ouvrière de ses derniers droits sociaux restants afin de regagner la confiance de la grande bourgeoisie de Turquie. Egalement, en appliquant la loi sur l’état d’urgence, il essayera de repousser les luttes qui émergeront contre sa politique d’attaques économiques. Il envisagera de poursuivre la répression envers le mouvement politique kurde en étendant l’état d’urgence en vigueur depuis longtemps dans une partie importante des villes kurdes à l’ensemble du territoire. En conclusion, toutes les bases de luttes économiques et démocratiques sont menacées par le régime du palais.
La tentative de coup militaire a été mise en échec, mais ce n’est pas la démocratie qui a vaincu mais c’est le régime du palais de plus en plus autoritaire. Le régime du palais, en profitant de l’état d’urgence, a obtenu un pouvoir qui lui permettra de dépouiller les travailleurs de tous leurs droits démocratiques. La loi instaurant l’état d’urgence garantit seulement deux droits : le droit à la vie et le droit de la lutte !
Il n’existe qu’une solution possible pour préserver nos droits et libertés démocratiques, ainsi que nos acquis économiques et sociaux : la mobilisation des travailleurs, des femmes, des kurdes, de tous les secteurs opprimés et exploités du peuple et leur irruption sur la scène politique en tant que force indépendante. Nous, le Parti de la Démocratie Ouvrière, appelons les organisations des travailleurs et de gauche, les forces politiques socialistes à se réunir pour élaborer un plan d’urgence contre les coups militaires, l’état d’urgence, la politique répressive et les mesures anti-ouvrières du régime.
Ni un coup d’État militaire, ni l’état d’urgence ! Unité de la classe ouvrière !
Le Parti de la Démocratie Ouvrière
21 juillet 2016