La Grand Chef atikamekw Eva Ottawa et les Chefs des trois communautés, Christian Awashish (Opitciwan), David Boivin (Wemotaci) et Paul-Émile Ottawa (Manawan), sont également de la délégation qui s’est déplacée du Nitaskinan à Québec. Dans la lettre transmise vendredi dernier (29 juin), ils ont demandé une rencontre avec le premier ministre Jean Charest. La réponse, venue du ministre des Affaires autochtones Geoffrey Kelley, plutôt que du premier ministre, évoque une rencontre mais sans la présence de Jean Charest. « C’est insultant. C’est un manque de considération pour notre Nation, et ce n’est certainement pas de cette façon qu’on établit une relation de nation à nation », a déclaré le Chef Paul-Émile Ottawa.
Maintien des blocus
La Grand Chef et les Chefs demeurent fermes quant aux conditions fixées pour accepter la levée des blocus forestiers. « Nous avons toujours soutenu qu’il faut des engagements clairs et concrets du gouvernement québécois à établir une véritable relation de nation à nation. Ce changement de relations, ça commence par un signal du plus haut niveau, ça commence par une rencontre avec le premier ministre », a expliqué le Chef Awashish.
« Il n’est pas question de lever les blocus avant d’être convaincus de la bonne foi du gouvernement. On est tannés de regarder la parade passer. Assez, c’est assez ! », a quant à lui déclaré le Chef David Boivin. « Quand tous les leaders politiques d’une Nation se déplacent pour rencontrer les leaders d’une autre Nation, comment interpréter le silence du premier ministre ? C’est de l’indifférence ou du mépris ? », a questionné la Grand Chef Eva Ottawa.
Rappelons que les Atikamekw exigent la création d’une négociation spéciale avec le Québec portant sur les sujets suivants :
* La création d’une relation de nation à nation ;
* L’établissement d’une formule de cogestion du territoire ;
* L’accès aux ressources naturelles du Nitaskinan ;
* La mise en place de mécanismes de redevances sur l’exploitation des ressources naturelles du Nitaskinan ;
* Les mesures d’harmonisation.
Depuis le 25 juin, minuit, les Atikamekw d’Opitciwan et de Wemotaci bloquent les opérations forestières sur le Nitaskinan, notamment celles de la compagnie Kruger, et empêchent les camions transportant du bois de sortir du territoire traditionnel atikamekw. Appuyées par la communauté de Manawan, de même que par de nombreuses autres Premières Nations, ces actions se veulent un ultime recours pour la protection des droits de la Nation Atikamekw, qui font l’objet de négociations infructueuses depuis plus de 33 ans.
Par ailleurs, les Atikamekw ont accepté la semaine dernière de lever le blocus sur la voie ferrée du CN, en échange d’une reconnaissance par la compagnie ferroviaire de la légitimité de leurs demandes exprimées à l’égard du gouvernement et des entreprises forestières. Le CN a décidé, à titre de compromis, d’imposer à ses trains de rouler à très basse vitesse sur le territoire du Nitaskinan. « Ce geste démontre notre bonne foi et prouve au gouvernement qu’il est possible de s’entendre avec les Atikamekw », a conclu le Chef Boivin.
Mais à moins d’un changement d’attitude rapide du côté gouvernemental, il appert que les blocus forestiers seront maintenus encore pour plusieurs jours.
À propos de Manawan, d’Opitciwan et de Wemotaci
Située dans la partie nord de la région de Lanaudière, Manawan compte 2400 personnes. Sa gouvernance est assurée par le Conseil des Atikamekw de Manawan. Située au nord du Réservoir Gouin, à 300 km à l’ouest de Roberval, la communauté d’Opitciwan compte 2592 membres, dont 2169 vivant sur la réserve, et est administrée par le Conseil des Atikamekw d’Opitciwan. La communauté de Wemotaci est située sur les bords de la rivière Saint-Maurice, compte quelque 1700 membres, et est administrée par le Conseil des Atikamekw de Wemotaci. Le Peuple Atikamekw occupe le Nitaskinan depuis des millénaires.