« Après six mois de discussion, force est de constater le peu de marge de manœuvre accordée par le gouvernement à ses négociateurs, déplore Francine Lévesque, vice-présidente de la CSN. Le gouvernement souhaite conditionner les discussions sur les salaires à des éléments qui sont à l’extérieur du cadre des négociations, notamment en matière d’équité salariale et de règlement des plaintes de maintien de l’équité. Or, ce n’est pas à la table centrale qu’on règle ces plaintes, mais bien devant la Commission de l’équité salariale : la loi prévoit une procédure précise et objective pour apporter les modifications nécessaires. Alors qu’on célèbre cette semaine le 20e anniversaire de la marche Du pain et des roses, alors que le secteur public est composé à 75 % de femmes, il est plutôt décevant de constater que le gouvernement ignore l’une de nos priorités, soit de mettre un terme au retard salarial des employés de l’État par rapport aux autres travailleurs québécois. »
Le président de la FTQ, Daniel Boyer, s’inquiète de la lenteur des travaux aux différentes tables sectorielles de négociation. « Nous avons fait nos travaux, nous avons déposé nos demandes dans les délais prescrits et nous les avons ciblées afin d’améliorer l’organisation du travail et résoudre les problèmes d’attraction et de rétention de la main-d’œuvre dans le secteur public. De leur côté, les comités patronaux de négociation ont déposé des textes plutôt flous et plusieurs d’entre eux refusaient de clarifier leurs demandes. C’est assez difficile de négocier quand on ignore ce que l’autre partie veut ! Nous avons dû intervenir auprès du négociateur en chef du gouvernement, Maurice Charlebois, pour que les comités patronaux nous déposent de nouveaux cahiers, avec des demandes précises, il y a à peine une semaine. Nos équipes les étudient actuellement pour voir s’ils contiennent de réels espaces de négociation. »
« Devant la lenteur des travaux, nous sommes d’avis que l’intervention d’un tiers, indépendant, pourrait aider les parties à progresser dans leurs discussions, estime Lucie Martineau, porte-parole du SISP. La loi qui encadre les négociations du secteur public prévoit une période de médiation obligatoire avant l’obtention du droit de grève. Mais nous ne voulons pas d’un passage obligé, nous voulons un réel exercice de médiation. Nous réitérons que notre objectif premier est l’obtention de bonnes conventions collectives négociées. Parallèlement, nous poursuivons nos consultations en vue d’une grève à l’automne, et ce, en fonction de l’état des travaux aux tables de négociation. La grève n’est pas un objectif en soi, mais bien un moyen pour augmenter notre rapport de force. Nous voulons être prêts dès cet automne, si nécessaire, à exercer des moyens plus lourds pouvant aller jusqu’à la grève. »