« On ne s’attendait aucunement à se faire déposer des offres aussi insignifiantes et surtout révoltantes », lance Lucie Longchamps, représentante du secteur des RSG et membre du comité de négociation national à la FSSS-CSN. « Avec ces offres, nos membres vont s’appauvrir inévitablement. Que la ministre de la Famille ait mandaté ses représentants pour nous présenter ce dépôt nous confirme le profond mépris de son ministère et de son gouvernement à l’égard de celles qui accueillent, éduquent, nourrissent et cajolent plus de 92 000 enfants fréquentant les services de garde en milieu familial. Or, la ministre nous avait promis, lors d’une rencontre estivale, qu’elle nous respecterait. C’est plutôt le contraire qui se passe aujourd’hui. On n’a pas dit notre dernier mot », de poursuivre Lucie Longchamps.
Les offres sont à mille lieues des demandes initiales des RSG déposées le 12 juin dernier. Ainsi, le ministère propose un maigre 0,5 % d’augmentation annuelle du 1er avril 2014 au 31 mars 2015, sans rétroactivité couvrant la fin de l’entente, le 1er décembre 2013. Elles demandent la même hausse versée aux employé-es des secteurs publics et parapublics pour les années 2014 et 2015, soit 3 %. L’offre contient une hausse d’à peine 0,5 % au chapitre de la parité du nombre de congés payés en vigueur chez les éducatrices en CPE. Elles demandent un rattrapage d’environ 5 %. Aucune hausse n’est prévue concernant la part de la subvention spécifique pour les poupons et les enfants aux prises avec des handicaps. Aucune indexation pour parer à l’augmentation des coûts des protections sociales comme la CSST, le Régime québécois d’assurance parentale, le Régime des rentes du Québec, etc., alors que les RSG demandent environ 1 %. Pas d’indexation non plus pour compenser les coûts du service de la garde familiale, notamment l’électricité, le gaz, l’alimentation, les assurances, les frais d’entretien et ceux liés à l’accomplissement de leur mission.
Pour Dany Lacasse, vice-président et responsable des secteurs privés à la FSSS-CSN : « Avec ces offres-là, le ministère se moque carrément des RSG ! Il faut qu’il prenne la pleine mesure de leurs effets néfastes sur leur situation et sur le développement du réseau des services de garde en milieu familial. Accepter ces offres serait ni plus ni moins que de signer à court terme leur propre disparition, une bonne partie des avancées obtenues lors de la première entente fondant comme neige au soleil. Le gouvernement doit le réaliser et il doit revoir à la hausse ses offres à la lumière des demandes réalistes des RSG, et non de son obsession idéologique, l’austérité budgétaire à tout prix. »
Selon Ann Gingras, présidente du Conseil central de Québec-Chaudière-Appalaches. « On sait que l’amélioration des conditions de travail et de pratiques contribue au renforcement de la mission des RSG et du réseau des services en milieu familial. Or, avec ses offres totalement inacceptables, le gouvernement fragilise encore plus les services de garde. En outre, l’élimination de l’allocation spéciale destinée aux services de garde en milieu défavorisé, l’augmentation des tarifs, la fin annoncée du principe de la tarification unique, les appels à réduire les avantages du Régime québécois d’assurance parentale, tout ça concourt à affaiblir les acquis qui ont permis à des dizaines de milliers de femmes d’intégrer le marché du travail et de battre en brèche la pauvreté. On ne laissera pas faire ça, c’est certain. »
Rappelons que les négociations pour le renouvellement de l’entente collective des RSG, membres de la CSN, se sont amorcées le 19 octobre 2013, près de deux mois précédant l’échéance de première entente, le 30 novembre. Les RSG CSN ont déposé leurs demandes d’ordre financier le 12 juin dernier. Jusqu’ici, une trentaine de rencontres ont permis de régler l’ensemble des matières excepté celles d’ordre pécuniaire.