C’est la pensée que m’a suggéré la lettre de Paul-André Allard dans le courrier des lecteurs du journal Métro, publiée le vendredi 7 juin 2013.
Je cite l’affirmation qui y est faite : « Soir après soir, et ce, pendant des mois,
des bandes de voyous armés de pierres et de cocktails molotov s’attaquaient aux policiers, saccageaient des locaux, bloquaient des ponts, fracassaient des vitrines. »
Il est remarquable que parmi les centaines de manifestations qui ont eu lieu, il y ait eu si peu de casse. Probablement, moins en fait, pendant ces centaines de démonstrations démocratiques que pendant la seule émeute du 9 juin 1993 à la suite de la victoire des Canadiens pour la coupe Stanley.
J’essaie en vain d’énumérer plus de trois établissements saccagés par des
manifestants pendant le printemps Érable. Mais, les mêmes images revues mille fois ont multiplié par mille les dégâts. Il s’en trouve même parmi des gens dont je respecte pourtant habituellement le jugement pour me dire qu’ils en savent plus sur les manifs auxquelles j’ai participé parce qu’ils en ont vu un reportage de deux minutes à la télé.
N’ont pas été montrées mille fois les marches particulièrement pacifiques, bon enfant, joyeuses et solidaires qui ont émaillé ce printemps Érable.
On découvre aussi dans l’énumération de monsieur Allard des amalgames qui mettent sur le même pied les cocktails molotov (multipliés par mille), qui sont des actes criminels, et le blocage d’un pont qui est une manifestation démocratique d’usage courant en d’autres pays.
N’existe que l’image, plus encore n’existe que l’image dans la tête.
Mais un gouvernement sourd qui légitime la répression de la dissidence aboutira tôt ou tard à des bruits qu’on ne pourra qu’entendre, alors les images s’effriteront peut-être.
LAGACÉ Francis