Édition du 17 décembre 2024

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Planète

Monique Pinçon-Charlot « Le dérèglement climatique aggrave les inégalités »

Alors que des statistiques et travaux, notamment du Giec, alertent en permanence, il n’y a jamais de loi contraignante, avec des contrôles, des sanctions, etc. C’est toujours de l’enfumage. Donc le projet qu’il y a derrière, c’est bien la destruction de la partie la plus pauvre de l’humanité. Partout dans le monde, les plus pauvres seront les plus menacés par le changement climatique.

photo et article NPA 29

​​​​​​Depuis quelques années, les inégalités sont un thème très « à la mode ». Comment l’expliquer ?

Parce que les inégalités sont devenues tellement abyssales qu’elles frappent. Dans tous les sens du terme. La révolte des gilets jaunes a beaucoup marqué les beaux quartiers. Les grands bourgeois ont été interloqués par le niveau de conscience de classe de cette révolte. Ils se sont rendu compte que c’étaient des gens de milieux populaires, très hétéroclites sur le plan idéologique, mais déterminés à faire valoir leurs droits de citoyens français.

Les dominants ont-ils peur de cette prise de conscience ?

Le 24 novembre, nous étions à l’acte 2 des gilets jaunes et c’était du jamais-vu : ils tremblaient avenue Montaigne, c’est clair ! Moins aujourd’hui, parce que les violences policières ont été tellement graves qu’elles ont eu des conséquences pour les manifestants.

Les dominants doivent avoir l’impression d’avoir gagné mais ils n’ont remporté cette bataille que par la violence. Ils ne l’ont pas gagnée aux niveaux idéologique et politique. Je pense que si les gilets jaunes arrivent à reprendre la main au mois de septembre, il est très important d’amplifier les alliances avec d’autres forces d’opposition. C’est ça la grande peur de la classe dominante.

Pourquoi mettre les inégalités au cœur de toutes les discussions ?

C’est une manière d’occuper le terrain et de manipuler les cerveaux. Les classes populaires ont l’impression qu’on se préoccupe de leur sort. Cela apaise les frustrations et les colères. Les responsables politiques se servent des inégalités pour mettre au second plan le sujet du changement climatique.

Pourtant, c’est ce dérèglement du climat qui aggrave les inégalités : les plus modestes accu-mulent tous les handicaps alors que les plus riches accumulent tous les avantages. Les moyens de production, les titres financiers, les médias, les ressources agricoles…

Aujourd’hui, tout est marchandisé. Donc les dominants possèdent littéralement toutes les richesses et les pouvoirs qui vont avec. Et il faut à tout prix qu’ils masquent cette réalité. Par la peur ou par un écran de fumée, c’est pareil. Ce sont des manipulations en cascade parce qu’évidemment ce n’est pas du tout leur problème.

Le changement climatique non plus, ce n’est pas le problème des puissants ?

Non, ils ne le freinent pas. Et pourtant, ce sont eux qui en sont à l’origine puisque le système capitaliste est fondé sur l’exploitation de l’être humain et le pillage gratuit des ressources naturelles. On doit se poser la question de pourquoi ?

Alors que des statistiques et travaux, notamment du Giec, alertent en permanence, il n’y a jamais de loi contraignante, avec des contrôles, des sanctions, etc. C’est toujours de l’enfumage. Donc le projet qu’il y a derrière, c’est bien la destruction de la partie la plus pauvre de l’humanité. Partout dans le monde, les plus pauvres seront les plus menacés par le changement climatique.

Cette classe dominante a-t-elle conscience de ce changement climatique et de ses conséquences à venir ?

Absolument. Les dominants sont en train de s’organiser. En Nouvelle-Zélande, en Patagonie, en Sibérie… Ils achètent des terres isolées où ils savent qu’ils pourront se construire des bunkers qui résisteront au dérèglement climatique. Et avec la robotisation et l’utilisation des neuro-sciences, ils n’ont plus besoin de ces 3 500 millions d’êtres humains les plus pauvres pour faire rebondir le système capitaliste. Ce sont des bouches qui ont faim, qui ont soif et qui sont inutiles.

Monique Pinçon-Charlot, sociologue à la retraite et coauteure du livre « le Président des ultra-riches », paru en janvier 2019, décortique les raisons de l’intérêt grandissant pour les inégalités.

Pauline De Deus L’Humanité, 22 août 2019
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