Dés le 3 décembre dernier, soit six jours avant la conclusion désastreuse de la Conférence de Durban, conférence qui a vu la « mise sur respiration artificielle » du Protocole de Kyoto, les principaux mouvements ont publié un appel intitulé « Mobilisons ensemble pour Rio et au-delà ».(1) Ce texte, signé entre autre par Via Campesina, les Amis de la terre, Jubilée Sud Brésil la Coordination andine des organisations indigènes et la Marche mondiale des femmes, convoque tous les mouvements luttant pour la justice environnementale à mobiliser pour un Sommet des peuples lors de la Conférence de Rio. Ce sommet alternatif se donne comme objectif de développer la résistance aux injustices environnementales et sociales et de populariser les alternatives au capitalisme financier en crise.
Cet appel vient d’être repris et confirmé par le Forum social de Porto Alegre qui propose d’associer à cette mobilisation une campagne contre la proposition de l’ONU de bâtir une « économie verte ». Selon l’assemblée des mouvements sociaux réunis à Porto Alegre, cette « économie verte » ne serait qu’une tentative de « verdir le capitalisme » et de transformer la nature en marchandises pouvant être négociées sur les marchés.
Un contre-sommet
Ce Sommet des peuples se veut plus qu’une activité de protestation telle qu’on les a connus lors des Conférence internationales de Copenhague en 2009 ou de Cancun en 2010. Il se voit comme un véritable contre-sommet dans lequel la société civile internationale, les mouvement sociaux et citoyens, feront connaître leur solutions aux crise environnementales et financières et exigeront des réponses du « Sommet officiel », celui des chefs d’états. Cette volonté de confronter le sommet officiel transparaît clairement du calendrier adopté pour le Sommet des peuples. Ce dernier se mettra en branle le 17 juin, 3 jours avant celui des chefs d’états, pour se terminer le 23 juin, un jour plus tard. En d’autres termes, le Sommet des peuples veut pouvoir exiger certaines choses du sommet des chefs d’états et évaluer, le 23 juin, ce que ces derniers auraient (ou non) adoptés.
En outre, des préparatifs sont deja lancés pour tenir un défilé populaire à l’ouverture du sommet des peuples le 17 juin ainsi qu’une Journée mondiale d’action le 20 juin, de façon a accentué la pression sur les chefs d’états.(2) Cette stratégie qui priorise la mobilisation contre les puissants de ce monde plutôt que la négociation avec eux reflète le très large discrédit des négociations internationales chapeautées par l’ONU. En effet, non seulement les 3 dernières conférences internationales sur le climat ont piteusement échouées (Copenhague, Cancun et Durban) mais de plus, l’appel au développement durable lancé par l’ONU à Rio en 1992 est devenu une chimère alors que les pires pollueurs s’en réclament et la planète est au bord de la catastrophe.
Pleinement conscient des ces échecs, le sommet des peuples se définit comme un espace “libéré de l’entreprise privée” et dédié au “ renforcement des actions de resístance et à la construction d’alternatives”. Un espace où l’on pourra “dénoncer le nouvel habit vert du capitalisme”.
En d’autres termes, le Sommet veut agir come la caisse de résonnance des luttes populaires pour la sauvegarde de l’environnement et surtout encourager les résistances citoyennes partout dans le monde. C’est bien la raison qui a motivé les mouvements de justice climatique à ajouter les mots “au delà” dans leur déclaration initiale. Le sommet de Rio ne se veut pas une autre conférence internationale sans lendemain mais bien l’amorce d’une contre-offensive des peuples.
Par Roger Rashi, Coordonnateur des campagnes, Alternatives
Montréal le 16 février 2012
Notes
1. « Mobilisons ensemble pour Rio et au-delà », publié à Durban le 3 décembre 2011, Via Campesina et al
2. « Preparation for the Peoples´ Summit at the Rio + 20 », circulaire du 10 février 2012, Jubileu Sul Brasil