Édition du 17 décembre 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Poinr de mire du 5 juin 2018

Sommet du G7 : une politique de répression et d'intimidation pour défendre l'indéfendable

Dans ces points de mire, Presse-toi à gauche présente synthétiquement des éléments d’analyses d’articles publiés dans l’édition de la semaine et explicite ses partis-pris sur les points d’actualité et les débats en cours. Points de mire, pour bien marquer où nous voulons en venir !

Mobilisation contre le G7
 
Le G7 sera parmi nous en fin de semaine prochaine et les mobilisations populaires risquent de subir les foudres des forces de l’ordre sous prétexte de la présence de casseurs. Pierre Mouterde et Marcos Ancelovici discutent des façons d’aborder les manifestations sans se laisser démonter par les campagnes de peur des médias de masse à la Québecor. Pour l’un, l’approche dite de la « diversité des tactiques » permet des gestes qui exproprient de facto par des formes de violence totalement improductives des milliers de personnes des mobilisations et tend à légitimer le discours de la loi et de l’ordre. Il faut donc repenser les mobilisations « de façon à renforcer et stimuler la mobilisation commune et non à tendre à la discréditer et à l’affaiblir ». Pour l’autre, la contestation anti-G7 s’est déplacée d’une perspective mondiale vers une approche à l’intérieur du cadre national. Les préoccupations passent d’une perspectives de lutte à l’échelle internationale (contre l’évasion fiscale, les délocalisations, etc.) à des revendications s’adressant directement à l’Etat national (contre l’austérité, hausse du salaire minimum, contre la violence faîte aux femmes, blocage de projet des énergies fossiles, etc.). Claude Vaillancourt, président d’Attac-Québec souligne quece groupe des Etats les plus riches de la planète ne s’entend pas sur les étapes à franchir pour sortir du bourbier dans lequel ils nous ont placé (crise écologique, bulles financières sur le point d’exploser et économique spéculative, chasse aux migrants et montée de l’extrême-droite, etc.). La belle harmonie de surface s’est ternie, affirme l’auteur avec raison. Le problème est d’éviter que ces crapules ne nous entrainent vers le fonds dans leur chute.
 
Élections en Ontario
 
Gerry Casplan commente la rapide progression du vote NPD dans le cadre de l’élection ontarienne qui se tient jeudi le 7 juin. Les sondages indiquent que le NPD pourrait remporter le vote populaire mais que les conservateurs de Ford obtiendraient la majorité des sièges, une situation qui rappelle celle des États-Unis alors que Trump fut élu malgré avoir obtenu plus de 2 millions de votes de moins que Clinton. Le blogueur de Rabble rappelle comment le patronat a réagi à l’élection de Rob Rae : sabotage, menace de grève de l’investissement, campagne mensongère, rien ne fut épargné pour mettre à bas la crédibilité de la social-démocratie ontarienne. Celles et ceux qui croient que le patronat va laisser faire en cas de victoire électorale de la gauche et jouer franc jeu devraient prendre des notes.
 
Kinder Morgan
 
Justin Trudeau verse 4,5 milliards$ d’argent public dans ce que plusieurs voient comme un marché de dupe, le promoteur privé constatant que la rentabilité ne sera probablement pas au rendez-vous. De plus, il semble que la valeur des installations concernées ait été surévaluée. Tout cela provoque une levée de boucliers à laquelle participe activement des dizaines de groupes écologistes, de femmeset des nations autochtones. Tout cela alors que les gouvernements se montrent de plus en plus répressifs face à la contestation. Il faudra une mobilisation aux dimensions sans précédent pour vaincre la bête extractiviste puisque le Canada fonde son avenir économique sur cette filière et les élites comptent bien ne pas se laisser démonter.
 
Crise au Bloc

32% des membres du Bloc québécois ont voté pour accorder leur confiance à Martine Ouellet comme chef de ce parti. Cette défaite cuisante devait conduire à sa démission. L’article cherche à examiner les tenants et aboutissants de cette crise au-delà d’une question de personnalité à laquelle on a voulu la réduire. Seule une telle analyse nous permettra d’apprécier la nature de la scission que vient de connaître le Bloc québécois.
 
Transition énergétique
 
Roger Rashi revient sur le Sommet pour une transition énergétique juste qui s’est tenu à Montréal la semaine dernière (23-24 mai). Comme il expliquait lors de notre édition précédente, le concept de transition énergétique juste met la table à un débat de société avec comme horizon le dépassement du capitalisme, système dont la nature même, la poursuite continuelle du profit maximum et de la consommation de masse, nous mène dans le mur des dérèglements climatiques. Il y voit le germe d’un programme écosocialiste dans le mouvement syndical québécois, d’une transition qui ne se fera pas sur le dos des classes populaires mais à son avantage. Cette semaine,il met en garde face à une offensive patronale consistant à « verdir » le capitalisme tout en appuyant des projets comme l’oléoduc Trans Mountain. À ce titre, le dialogue social entre les mouvements sociaux (syndicats, groupes écologistes, etc.) et les organisations patronales conduit à une impasse et ne fait que cautionner les politiques des classes dominantes.
 
Le Front commun pour la transition énergétique définit les critères d’une transition énergétique qui est traversé par les soucis de justice sociale et de bien commun. Voulant éviter une transition « marchandisée » par des critères de rentabilité pour quelques-uns, le FCTÉ souligne que la crise écologique s’entremêle avec d’autres crises majeures (économique, sociale, etc.) et met de l’avant 10 critères qui doivent guider les politiques de transition énergétique sinon se seront les classes populaires qui en feront les frais.
 
Crise à l’Office international de la francophonie
 
Michaëlle Jean fait l’objet de multiples critiques quant à son train de vie au sommet de l’Office international de la francophonie. Or, selon Alexandra Cyr, les causes réelles de cette offensive contre le renouvellement de son mandat à la tête de l’organisme sont ailleurs. La France, principal bailleur de fonds de l’OIF y voit une occasion de placer sa candidate, la Rwandaise Louise Mushikiwabo dans un effort de rapprochement entre les deux pays alors qu’Emanuel Macron craint la perte d’influence dans la région des Grands lacs africains.

Sur la scène internationale

Israël

La situation internationale est encore dominée par la situation au Moyen-Orient. Comment la Bande de Gaza devient champ d’expérimentation. Contrôle et répression à distance : Israël teste ses armes les plus récentes sur la Grande Marche du Retour « Israël est l’un des principaux développeurs d’armes et de munitions de haute technologie dans le monde, et la Grande Marche du Retour lui a fourni une occasion idéale pour expérimenter ses produits les plus récents » Voilà l’horreur dans toute son ampleur. L’auteure Rebecca Stead, dans ce court article, ne décrit pas la vie des Palestiniens et des Palestiniennes, ni les exploits guerriers des soldats israéliens. Non, elle parle des trois sortes de drones utilisés dans la Bande de Gaza et des nouvelles balles à bullets comme munitions des armes des soldats. Elle montre les effets de ces armes de haute technologie. Et c’est là que réside l’horreur : voir l’expertise militaire et technologique d’Israël contre les lanceurs de pierre, contre les manifestants et les manifestantes de la Grande Marche du Retour.

Et les médias

Est-ce des dérapages, des excès d’enthousiasme, des débordement ? Souvent la vision médiatique insiste sur les frasques des politiciens et politiciennes : des déclarations chocs ou des vidéos provocateurs. Cela fait vendre du journal et passe bien sur les ondes. Mais derrière ce show, ce sont les positions de droite ou de gauche qui devraient être davantage analysées.Voici deux exemples de politiciens et politiciennes qui expriment leurs idées. Le premier exemple se passe en Allemange.. Dans le texte intitulé, "Le nazisme – une chiure d’oiseau", Alexander Gauland n’en est pas à ses premières fresques mais réussit toujours à éviter des peines de justice malgré les poursuites. Ce politicien de droite de 77 ans aime parler aux jeunes de droite. Dernièrement, il a fait mention que dans les 1000 ans de l’histoire allemande, le nazisme est une chiure de mouche. Selon l’auteur de l’article, c’est vraiment minimiser le rôle du nazisme dans l’historie du XX siècle.  « Là, Alexander Gauland dépasse les limites de la libre expression d’une opinion. L’apologie du nazisme n’est pas une opinion, mais constitue un délit. »

Dans le deuxième exemple, c’est tout le contexte des prochaines élections américaines qui se trouvent en cause. Voici une candidate qui s’oppose résolument aux lois appelées « droit au travail » Depuis l’élection des Républicains, l’offensive antisyndicale a connu des victoires. La vapeur sera-t-elle renversée avec l’arrivée de nouvelles candidatures démocrates plus offensives et plus syndicalistes ? L’auteur donne l’exemple de Emily Sirota, une femme qui se présente et qui a fait une vidéo choc déchiquetant devant la caméra un sondage Right to Work tout en affirmant ses convictions progressistes. « La guerre a été déclarée aux travailleuses et aux travailleurs et à leur droit de se syndiquer. Dans cette élection, nous ne pouvons accepter de vagues promesses. Nous devons élire des législateurs qui supporteront activement leurs droits et qui défendront celles et ceux qui veulent se syndiquer. » explique Sirota. « Je suis exactement ce genre de candidate... »

Racisme et esclavage

Voici deux articles qui parle de racisme et d’esclavage. Dans le premier, Abolition(s) de l’esclavage et mythologie républicaine un rapide recul dans l’histoire montre que la France n’a pas un passé reluisant concernant l’abolition de l’esclavage. Elle a plutôt été à la traîne en l’abolissant en 1848 alors que d’autres pays l’avaient fait dès 1838. De plus « Quant aux indemnités, dont il fut vivement question en 1848, à qui sont-elles dues ? Aux anciens esclaves afin de réparer, autant que faire se peut, le crime contre l’humanité dont ils ont été si longtemps victimes ? Nullement. Ce sont les « colons » qui doivent en bénéficier puisqu’ils viennent de perdre « leurs nègres ». Le second article est plus une réflexion sur le racisme et ses conséquences : Les « racismes intercommunautaires ». Origines, instrumentalisations et repères pour les combattre L’auteur parle de relation de domination mais préfère l’image de la pyramide au lieu de l’opposition binaire. Il n’y a pas que des blancs et des noirs mais des mulâtres, des métis etc...Il y a hiérarchisation des dominations et des préjugés. De cette hiérarchisation, les sociétés dominatrices introduisent la division entre nations et font jouer les Maghébins contre les Asiatiques etc...L’auteur analyse ensuite l’instrumentalisation qui en découle.

Enfin l’auteur arrive à cette conclusion : « La difficulté est que le même terme de racisme désigne trois niveaux de réalité. Le premier est celui d’une idéologie de hiérarchisation de l’humanité pour justifier un traitement inégal. Le second est celui des préjugés infériorisant ou chosifiant l’autre sur tel ou tel aspect, dans tel ou tel domaine. Le troisième est celui des faits c’est-à-dire des passages à l’acte c’est- à-dire les discriminations. » et à travers cet énoncé, il pose la nécessité de la lutte contre le racisme.

Bonne lecture

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